Le recours à la métaphylaxie se justifie lors de bronchopneumonie infectieuse enzootique

La mise en place de mesures de métaphylaxie en élevage suscite encore de nombreuses interrogations. Notre confrère Pascal Fanuel, vétérinaire conseil de Ter'Elevage, groupement d'éleveurs bovins de la coopérative Terrena (Loire-Atlantique), les a évoquées lors des journées de la Société française de buiatrie, organisées les 22 et 23 novembre derniers à Paris.

Les pertes engendrées par les BPIE peuvent atteindre 30 % du revenu final

La métaphylaxie correspond « au traitement d'un groupe d'animaux dans lequel une maladie collective s'est développée ». Les bronchopneumonies infectieuses enzootiques (BPIE) sont la principale cause de sa mise en place en élevage bovin.

Mais la réalisation d'une métaphylaxie doit répondre à des impératifs d'unité : mêmes lieu (bovins détenus dans le même bâtiment), risques (stress, allotement, transport), alimentation et âge.

En outre, les capacités respiratoires limitées des bovins, le portage sain de bactéries potentiellement pathogènes et la difficulté de détection précoce des animaux malades justifient le recours aux antibiotiques dans le cadre de métaphylaxie lors de BPIE.

Dans un lot d'animaux atteints, trois groupes peuvent généralement être distingués :

- celui des animaux déjà malades : groupe phase I ;

- celui des animaux contaminés, mais pas encore malades : groupe phase II ;

- celui des animaux en contact, mais non encore contaminés : groupe phase III.

La métaphylaxie doit permettre aux animaux du groupe II de ne pas passer dans le I, et à ceux du groupe III de ne pas passer dans le II, puis le I. Toutefois, « le grand risque de la métaphylaxie reste sa mise en place au mauvais moment », précise Pascal Fanuel.

Certains paramètres peuvent accélérer la mise en place d'une métaphylaxie

Plusieurs paramètres sont donc à prendre en considération. Les premiers sont le nombre d'animaux malades et celui des nouveaux cas par jour. Les seuils respectifs de 10 et 5 % font généralement présager la réalisation d'une métaphylaxie. Mais ces paramètres sont à moduler selon l'évolution de l'affection et les conditions zootechniques rencontrées.

Pour leur part, la densité et la mauvaise ambiance dans les bâtiments sont des facteurs aggravants qui justifient le recours à la métaphylaxie, « même si les taux précédents ne sont pas atteints ». Certains sujets sont connus pour être plus fragiles. Il convient donc de les surveiller étroitement lors d'allotement et de mettre en place la métaphylaxie dès l'apparition des premiers signes cliniques.

L'alimentation, surtout en période d'adaptation, rend également les animaux plus sensibles. Tout excès d'énergie, un manque de fibres ou l'absence de transition d'un aliment à l'autre influent sur l'état général des jeunes bovins allotés. Une hygrométrie élevée, des amplitudes thermiques importantes, des vents froids ou des températures particulièrement basses accélèrent aussi la prise de décision d'une métaphylaxie. La prophylaxie vaccinale instaurée a également une importance sur la survenue et la gravité des bronchopneumonies infectieuses enzootiques. Par ailleurs, l'éleveur a lui aussi un rôle important dans la prise de décision. La mort d'animaux, l'anxiété, la surcharge de travail ou le manque de compétences peuvent conduire à la mise en place plus précoce de la métaphylaxie.

Malgré tous ces arguments, de nombreuses données font encore défaut. Pascal Fanuel insiste sur l'importance d'une détection précoce des animaux atteints par la prise de température. Il conclut en rappelant que cette pratique est tout le contraire d'une utilisation non raisonnée des antibiotiques.