La qualité immune du colostrum chez les truies présente une grande variabilité individuelle - La Semaine Vétérinaire n° 1211 du 28/01/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1211 du 28/01/2006

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Auteur(s) : Nathalie Devos

Réfractomètre et pèse-colostrum ne sont pas des outils fiables pour l’estimer en élevage porcin.

A la naissance, l’acquisition d’une protection immunitaire insuffisante via le colostrum peut affecter la santé des porcelets en allaitement, voire au sevrage. La mesure de sa qualité immune chez les truies peut donc constituer un élément intéressant de diagnostic pour le praticien.

La qualité immune du colostrum est habituellement estimée par des méthodes de laboratoire : immunodiffusion radiale, Elisa ou immunoélectrophorèse. Si elles sont précises, ces techniques sont toutefois longues à mettre en œuvre et coûteuses. Une étude a donc été menée pour évaluer l’intérêt de deux outils, le réfractomètre et le pèse-colostrum, pour évaluer rapidement la qualité du colostrum des truies en élevage. Le pèse-colostrum, largement utilisé en filières bovine et équine, est une tige plombée dont la hauteur de la ligne de flottaison est liée à la concentration en immunoglobulines G (IgG) du colostrum. Quant au réfractomètre, il fournit un indice de réfraction corrélé à la concentration en IgG du colostrum.

Ces travaux avaient aussi pour but d’étudier quelques paramètres de variation de la qualité immune du colostrum.

Les résultats montrent que ni le pèse-colostrum ni le réfractomètre ne permettent une bonne estimation. Par ailleurs, ils confirment une forte variabilité individuelle dans la richesse en IgG du colostrum des truies, et des différences significatives entre les lignées. Ils mettent aussi en évidence l’absence d’effet du rang et de la taille de la portée et de la durée de la gestation.

Mauvaise corrélation avec le dosage des IgG colostraux par l’Elisa

Les essais sont réalisés chez 84 femelles d’un élevage naisseur de 2 500 truies du Sud-Ouest. Une prise de sang est réalisée quatre semaines avant la mise bas pour évaluer les concentrations sériques en IgG. Le jour de la mise bas, dans les vingt-cinq minutes qui suivent la naissance du premier porcelet, 30 à 50 ml de colostrum sont prélevés, sans utilisation d’ocytocine, au niveau des deux premières paires de mamelles thoraciques. Avec une moyenne de 9,7 g/l (écart type de 1,3), les concentrations sériques avant la mise bas sont homogènes (coefficient de variation de 13 %). En revanche, la concentration du colostrum en IgG est de 78,4 g/l (écart type de 24,4), avec un cœfficient de variation de 31 %, ce qui confirme sa forte variabilité entre les truies. Cela suggère que le transfert des IgG du sérum vers la mamelle change selon les femelles. Ces données sont obtenues avec la technique Elisa.

Concernant la comparaison des méthodes d’estimation de la qualité immune du colostrum, les résultats montrent qu’il n’y a aucune corrélation significative (taux de 18 %) entre les concentrations en IgG colostrales dosées par l’Elisa et les mesures réalisées avec le pèse-colostrum ou le réfractomètre. L’un et l’autre ne permettent pas non plus une bonne estimation de la teneur sèche du colostrum (respectivement 51 et 58 % de corrélation avec un rapport de variation de 26 et 33 %).

La qualité immune du colostrum dépend des lignées et du génotype

Les auteurs montrent par ailleurs que les truies qui appartiennent à une lignée femelle ont un colostrum plus riche en IgG que celles des lignées mâles : 87 g/l (+/- 23 ; mesures réalisées chez 40 truies) au lieu de 68 g/l (+/- 22 ; mesures réalisées chez 33 truies). En outre, le colostrum des truies large white est plus riche en IgG que celui des truies de race piétrain (89 g/l, +/- 24, contre 58 g/l, +/- 17). Les scientifiques soulignent toutefois que cette différence est à interpréter avec précaution en raison du faible effectif des femelles de race piétrain ayant fait l’objet de prélèvements (7 seulement au lieu de 29 large white).

Si les résultats montrent que le colostrum des primipares est moins riche en IgG que celui des multipares (de 16 % en moyenne), l’étude ne révèle pas de différence significative (21 primipares contre 52 multipares, dont 40 de rangs 2 et 3), contrairement à d’autres travaux (Klobosa et coll., 1987). L’effectif des porcelets totaux nés vivants, la durée de la gestation, la bande et l’induction de la mise bas sont d’autres facteurs de variation, qui n’apparaissent pas non plus significatifs.

Malgré l’intérêt des résultats apportés, les limites de cette étude résident dans la réalisation d’une prise unique de colostrum chez chaque truie et du dosage des seules IgG. En effet, avec un échantillon par truie, ces travaux ne prennent pas en compte la différence d’évolution de la composition du colostrum entre chaque truie. Chez certaines, il est riche en immunoglobulines initialement, puis la teneur chute en quelques heures. Chez d’autres, il est moins riche au départ, mais le taux d’immunoglobulines évolue moins vite dans le temps. Entre les deux situations, tous les cas de figure semblent possibles. Un seul prélèvement par truie n’est pas forcément représentatif de la qualité immune du colostrum total. Toutefois, les auteurs précisent que le choix d’un seul échantillon par femelle a permis de suivre un plus grand nombre d’animaux.

Par ailleurs, une autre limite de l’étude est le non-étalonnement du réfractomètre pour des colostrums porcins.

Ces travaux, centrés sur l’immunité, ne doivent pas faire oublier le rôle primordial de l’apport d’énergie au porcelet, qui naît avec extrêmement peu de réserves. Exprimées par kilo de poids corporel, elles sont environ dix fois plus faibles que celles de l’enfant (Mellor et Cockburn, 1986) et ne lui procurent qu’une durée de survie théorique d’onze à quinze heures en conditions habituelles d’élevage, mettant ainsi l’accent sur l’importance d’une ingestion rapide et abondante de colostrum, son action immunitaire intervenant seulement ensuite.

  • Source : Florian Voisin, Elisabeth Sallé, Guy-Pierre Martineau : « Estimation de la qualité immune du colostrum de truie en élevage », journées de l’Association française de médecine vétérinaire porcine, organisées à Maisons-Alfort du 30/11 au 2/12/2005.

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