« La cotisation d’un contrat d’assurance chien-chat est complexe à calculer » - La Semaine Vétérinaire n° 1211 du 28/01/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1211 du 28/01/2006

Boris Jean, consultant en assurances animalières et praticien à Paris

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Auteur(s) : Alexandra Beck

Les paramètres de rentabilité des contrats d’assurance canine commencent à être maîtrisés.

La Semaine Vétérinaire : Comment sont établis les tarifs d’un contrat d’assurance pour animaux ?

Boris Jean : Le principe de l’assurance consiste à promettre à l’assuré une indemnité en cas de réalisation d’un aléa (risque), moyennant le paiement d’une prime. Cette cotisation est calculée sur la base de données statistiques, grossièrement selon la formule : prime = fréquence du risque x coût moyen du risque.

Par exemple, pour un chien de deux ans qui va environ une fois et demie par an chez son vétérinaire pour une dépense moyenne annuelle de 50 €, la prime calculée par l’assureur pour le risque “maladie d’un chien de deux ans” sera de 1,5 x 50 = 75 € (si le contrat rembourse à 100 % et sans franchise).

L’assureur peut aussi introduire des coefficients selon des facteurs discriminants. Par exemple, s’il sait que statistiquement un chiot de six mois tombe deux fois plus souvent malade qu’un chien de deux ans, la prime du risque “maladie” dans ce cas sera de 1,5 x 2 x 50 = 150 €. D’autres facteurs tels que la race ou l’âge de l’animal, la zone d’habitation et même l’âge du propriétaire sont réputés influencer le risque. En réalité, la tarification est complexe, car les statistiques publiques pertinentes sur le coût et la fréquence des risques accident/maladie des chiens et des chats sont rares ou obsolètes. Ce n’est pas comme pour l’assurance automobile où les risques sont bien connus et les statistiques par marque, par couleur de véhicule, etc., sont documentées.

Face à un risque méconnu, l’assureur de chiens et de chats doit le plus souvent établir lui-même ses tarifs, initialement à partir d’études de marché (tarifs vétérinaires, montant des primes des concurrents, etc.), puis à partir des statistiques établies sur la base de ses propres sinistres sur plusieurs années. Les paramètres de calcul des primes – et donc de rentabilité – des risques accident/maladie commencent seulement à être maîtrisés par les compagnies qui ont un recul suffisant et des outils de gestion adaptés. En outre, l’assureur peut décider, pour des raison d’attractivité commerciale de couvrir des “risques” qui ne sont pas du domaine du hasard (frais préventifs comme la vaccination ou la stérilisation). La prime est alors majorée d’une partie de ces coûts, car ils sont quasi certains. De plus, il peut faire varier les garanties (ajouter le risque “accident”, relever le plafond annuel, diminuer le délai de carence, etc.), tous ces paramètres contribuant à augmenter la cotisation. Plus un contrat prend en charge de frais vétérinaires, plus la prime est élevée, il n’y a pas de miracle.

Au final, l’assureur obtient donc sa “prime pure”, c’est-à-dire le montant à collecter pour garantir le remboursement, sous réserve d’un certain nombre de cotisants. A cela, il faut ajouter les frais de fonctionnement (gestion et commercialisation), les taxes obligatoires appliquées aux contrats d’assurances par l’Etat et, bien entendu, la marge dont souhaite bénéficier l’assureur.

S. V. : Pourquoi certains contrats ne remboursent pas les stérilisations préventives ?

B. J. : Du côté rentabilité de l’assureur, l’idéal serait d’assurer uniquement des chiennes stérilisées, correctement vaccinées, vermifugées et traitées contre les parasites, etc. Comme les vétérinaires, les assureurs savent que la stérilisation élimine les risques de tumeurs mammaires, de pyomètre, etc. D’ailleurs, les pseudogestations comptent parmi les sinistres les plus fréquents chez la chienne.

Deux options existent face à ce constat :

- soit les frais de stérilisation restent à la charge du propriétaire, mais il n’est pas certain alors que l’intervention sera réalisée ;

- soit l’assureur prend en charge tout ou partie de ces frais pour encourager cet acte préventif. Dans ce dernier cas, il a encore le choix entre deux options. Il peut décider de ne pas intégrer cet acte dans le calcul de la cotisation, pour maintenir la prime à un niveau acceptable, en considérant que c’est un investissement pour le futur puisqu’il diminue certains risques lourds ou fréquents. Il prend alors le risque que certains propriétaires souscrivent le contrat pendant un an uniquement, en vue de la prise en charge de la stérilisation, puis le résilient. Sur un an, inutile de dire que le contrat sera totalement déficitaire pour l’assureur ! Or il n’est pas possible d’obliger un client à souscrire ce type de contrat pour une durée supérieure. L’autre option vise à se préserver des opportunistes en intégrant le coût moyen de cet acte à la prime de départ. Le surcoût peut alors rendre le produit moins intéressant aux yeux des propriétaires qui ne lisent pas toutes les garanties ou qui ne souhaitent pas cette intervention. En outre, le coût moyen d’une stérilisation est difficile à fixer, la tarification des vétérinaires étant libre et donc fortement variable.

S. V. : Que penser des listes d’exclusions à rallonge ?

B. J. : Elles ne sont pas forcément un mauvais signe. En assurance, les exclusions doivent être formelles (écrites) et limitées (pour ne pas vider le contrat de son contenu).

Pour l’assuré, mieux vaut une liste détaillée d’exclusions plutôt que des phrases courtes et ambiguës qui peuvent prêter à discussion. Par exemple, les termes “maladies héréditaires” ou “congénitales” sont à proscrire des exclusions, car trop imprécis. De plus, le client ne connaît pas la nature de ces maladies.

Globalement, il faut retenir les principales exclusions suivantes :

- la “parapharmacie” (grossièrement tous les produits hors AMM) ;

- les frais de prévention (sauf certains contrats qui ont choisi de les intégrer) comme les vaccinations, les bilans de santé, l’ovariectomie, etc. ;

- les actes de convenance ;

- les affections survenues avant la souscription et leurs conséquences.

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