Une équipe sud-coréenne berne la communauté scientifique avec de faux résultats - La Semaine Vétérinaire n° 1210 du 21/01/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1210 du 21/01/2006

Clonage humain. Scandale autour d’une supercherie

Actualité

Auteur(s) : Alain Zecchini

Deux ans ont été nécessaires pour mettre en lumière cette fraude.

Le Monde révèle une vaste supercherie, dans son édition du 12 janvier dernier, concernant le clonage d’embryons humains et la production de cellules souches par une équipe sud-coréenne. Des résultats (publiés en février 2004 et mai 2005(1)) ont été fabriqués et la fraude est confirmée. Le scientifique responsable, le professeur Hwang Woo-suk, pionnier du clonage thérapeutique, a démissionné de l’université de Séoul et son laboratoire est fermé.

La commission d’enquête nommée par l’Université nationale de Corée du Sud a rendu des verdicts sans appel. Concernant les travaux de mai 2005, elle a établi que les photos tendant à prouver l’existence de onze lignées de cellules souches embryonnaires ont été manipulées, qu’il ne s’agissait en réalité que de deux lignées et que celles-ci ne provenaient pas d’embryons clonés, mais d’ovules fécondés in vitro (certains provenant des collaboratrices du Pr Hwang, payées à cet effet). Concernant les travaux de février 2004, l’enquête conclut également qu’aucune lignée de cellules souches n’a été produite à partir d’embryons clonés. Le scandale est énorme en Corée du Sud. Il rejaillit aussi sur la communauté scientifique internationale.

Une mésaventure qui met à mal la crédibilité des revues scientifiques

La revue Science, qui avait accepté les deux études, a décidé de les retirer. La confiance dans les publications scientifiques est ébranlée et met en lumière la marge d’incertitude qui réside dans le processus de relecture des manuscrits soumis aux revues. Cette affaire n’est malgré tout pas la première, s’agissant de clonage. En 1981 notamment, un biologiste suisse, Karl Ilmensee, avait prétendu avoir réalisé le clonage de trois souris avec une technique jusque-là limitée aux grenouilles. Il avait fallu deux ans, et une intense polémique, pour que la fraude soit découverte. Mais le clonage humain représente des enjeux autrement plus importants. A la fois pour des questions d’éthique (le débat est souvent violent entre partisans et adversaires des manipulations génétiques de l’espèce humaine) et pour des questions économiques (les débouchés potentiels du clonage thérapeutique pour la médecine sont immenses). Les réglementations internationales, à cet égard, sont disparates. Certes, le clonage reproductif est rejeté par l’ensemble des pays, mais il n’existe pas d’interdiction générale. Sur les cellules souches, aucun accord n’a pu être trouvé au niveau européen. Concernant le clonage thérapeutique, qui était visé par les travaux coréens, des Etats comme la Grande-Bretagne et surtout l’Inde, la Corée du Sud, le Japon et la Chine (sans doute la plus libérale au monde en ce domaine) ont une législation permissive. En France, au Canada et au Brésil, elle est hésitante. Dans la plupart des autres pays (dont les Etats-Unis), elle est restrictive, voire inexistante.

Malgré la pression de la concurrence, la majorité des travaux publiés sont fiables

Dans ce contexte global, plusieurs laboratoires se livrent à une course aux résultats effrénée, et l’équipe sud-coréenne a été tentée de franchir les limites.

Cela n’a pas été le cas d’une autre équipe, en Grande-Bretagne. En juin 2005, elle a annoncé aussi le succès d’un clonage humain, bien qu’elle n’ait pu obtenir des cellules souches (le clone est mort en cinq jours)(2). Ses travaux ne sont pas discutés jusqu’à présent. Il n’en demeure pas moins que le Pr Hwang, selon la commission d’enquête, est bien le premier à avoir cloné un chien (un lévrier afghan), en août dernier.

Chaque année, dans le monde, environ un million et demi d’articles paraissent dans vingt mille revues scientifiques et, selon les estimations, les faux ne représenteraient que 1 % d’entre eux. Un faible taux, mais qui prend tout son relief avec l’affaire coréenne. Elle ne pourra qu’obliger ces revues, et les scientifiques en premier lieu, à renforcer les critères garantissant la fiabilité des travaux à publier.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1129 du 21/2/2004 et n° 1187 du 18/6/2005.

  • (2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1187 du 18/6/2005.

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