La présence du vétérinaire auprès de l’animal hospitalisé est-elle requise ?

Elle est contraignante, mais totalement justifiée

La présence du vétérinaire se justifie totalement, parce que l’état de l’animal le nécessite. S’il est hospitalisé, cela signifie qu’il a besoin de soins. C’est aussi un contrat tacite avec le client. Les propriétaires n’accepteraient pas de laisser leur chien ou leur chat sans que quelqu’un veille sur lui. Procéder à une surveillance effective de l’animal hospitalisé fait partie de la relation de confiance.

Cette présence est contraignante, surtout pour la vie personnelle. Ainsi, il m’est souvent arrivé d’annuler une soirée ou un week-end. Mais cette situation est moins difficile pour moi que pour d’autres, car j’habite sur place. Il me paraît inenvisageable de laisser sans surveillance un animal accidenté en état de choc. Si le praticien ne souhaite pas l’assurer, il faut qu’il fasse appel à quelqu’un d’autre. Lorsque mes remplaçants travaillent, ils réfèrent les cas qui nécessitent une hospitalisation, car ils ne peuvent assurer une surveillance la nuit.

Le fait d’être sur place ou d’avoir un service d’urgence n’est pas une condition suffisante pour assurer le bon suivi d’un animal hospitalisé. Par exemple, un praticien accaparé par une intervention chirurgicale ne peut, a priori, pas faire autre chose. Il risque de ne pas pouvoir respecter la fameuse obligation de moyens. Pour ma part, j’ai rarement rencontré ce genre de situation.

La présence comprend la surveillance et l’intervention quand elle est nécessaire. Certains confrères utilisent des webcams pour surveiller les animaux hospitalisés. Elles ne remplacent en aucun cas une présence humaine sur place, indispensable lorsqu’il faut intervenir. De la même façon, un perfuseur automatique n’est pas une solution parfaite. Cela dit, nous ne sommes pas obligés de mettre un lit de camp dans la salle d’hospitalisation !

Des contraintes difficilement compatibles

La présence du vétérinaire quand l’animal est hospitalisé est une question qui est de plus en plus souvent posée par les clients. Elle est bénéfique, mais pas effective dans notre clinique. Le service de garde de nuit peut permettre une surveillance ponctuelle. Mais les contraintes matérielles, notamment les visites à l’extérieur, sont difficilement compatibles avec la présence permanente du praticien.

Cependant, il faut le dire explicitement au client et lui indiquer la manière dont nous allons procéder avec son animal. Quand nous nous engageons à passer à la clinique pour le surveiller, il faut le faire. C’est une question d’honnêteté. Le consentement éclairé est une affaire du quotidien.

Toujours évaluer le degré de la surveillance

Je ne comprends même pas que cette question puisse être posée. Toutes proportions gardées, qu’attendons-nous des médecins en cas d’hospitalisation ? La réponse a été donnée il y a déjà longtemps. La présence du vétérinaire se justifie doublement. D’un point de vue réglementaire et déontologique, nous avons l’obligation d’assurer une continuité de soins. Si l’animal est hospitalisé, nous en avons la garde juridique. Nous nous devons de réaliser une surveillance adaptée à son état clinique. D’un point de vue éthique et relationnel avec le client, que la structure s’appelle clinique ou centre hospitalier, le propriétaire peut légitimement s’attendre à ce que son animal hospitalisé soit suivi. Ne pas le faire serait malhonnête et contraire à une situation de consentement éclairé.

Je me vois mal mettre un animal dans une cage et demander au chat du dessus de le surveiller. Cela me paraît d’autant plus dangereux au regard du contexte actuel où les exigences des clients sont de plus en plus importantes : ils attendent la présence d’un confrère.

Comme en médecine humaine, la réponse est à nuancer. En effet, tout hospitalisé n’a pas besoin d’un service de réanimation et, dans un certain nombre de cas, une simple surveillance suffit. Toutefois, comme les animaux ne peuvent pas appeler l’infirmière contrairement aux hommes, le suivi doit être plus régulier. Il convient donc d’évaluer à la fois les besoins médicaux de l’animal, notamment le niveau d’exigence de la surveillance à mettre en œuvre, et les attentes du propriétaire. Dans notre centre hospitalier, un certain nombre d’animaux nécessitent une surveillance permanente. Un vétérinaire et une auxiliaire spécialisée de niveau 4 sont présents vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Cette condition fait partie du cahier des charges des centres hospitaliers vétérinaires. En deuxième et troisième lignes, deux confrères sont mobilisables en cas de besoin. Nous essayons de nous rapprocher d’une situation idéale, mais il n’est pas humainement et économiquement envisageable de maintenir en permanence un plateau technique maximal qui peut assurer, par exemple, trois massages cardiaques simultanément. C’est pareil partout, y compris au Samu.

La problématique est certainement différente en milieu rural. En milieu urbain, les solutions existent depuis longtemps et pourraient être encore plus performantes, notamment en développant les collaborations intraprofessionnelles. Le vétérinaire a aussi droit à son bien-être.