L’Etat a-t-il encore besoin des vétérinaires ? - La Semaine Vétérinaire n° 1210 du 21/01/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1210 du 21/01/2006

Santé animale. L’enjeu de l’année 2006

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux

En période de vœux et d’actualité liée à la réforme de la PAC et à la grippe aviaire, la profession vétérinaire semble avoir des difficultés à faire reconnaître sa légitimité.

Le ministre de l’Agriculture, Dominique Bussereau, est resté “pudique” sur la profession vétérinaire, dont le nom n’a même pas été évoqué à l’occasion de ses vœux présentés à la presse, le 16 janvier dernier. Elle pourrait donc légitimement s’interroger sur la volonté politique de son ministère de tutelle à son égard. Ce même ministère ne lui avait-il pourtant pas promis une place de choix lors de la sortie de la crise du mandat sanitaire il y a trois ans ? Mais il faut reconnaître que Dominique Bussereau n’a pas fait marche arrière quant à ses propos tenus voici quatre mois à l’occasion des Rencontres nationales vétérinaires organisées à Versailles. Le ton était alors celui de l’écoute (attentive ?), mais non des engagements. Les promesses n’ont donc pas été démenties… puisqu’elles n’avaient pas été formulées. La ligne ministérielle resterait-elle celle d’une non-réponse ?

Alors que le gouvernement reconnaissait la périlleuse désertification du milieu rural par les vétérinaires il y a deux ans et que le modèle sanitaire français était souvent pris comme exemple hors de nos frontières, il est regrettable que le gouvernement ne gère aujourd’hui que l’urgence, dont la gestion coûte plus chère que la prévention, comme l’a déjà montré l’exemple de la dernière crise sanitaire due à la fièvre aphteuse.

Enjeux de la PAC, des négociations à l’OMC et de la loi d’orientation agricole

Cette année, les enjeux du ministre de l’Agriculture sont l’application de la réforme de la politique agricole commune (PAC), des négociations à l’Organisation mondiale du commerce – qui se poursuivent –, de la loi d’orientation agricole, et la gestion de crises sectorielles.

Concernant la loi d’orientation agricole, publiée le 5 janvier dernier, Dominique Bussereau a remarqué avoir « trouvé des articles de la loi [datant] de Jean Glavany qui n’ont pas encore fait l’objet de textes d’application. Cela montre à quel point la machine administrative peut être lourde. Je souhaite donc que tous les textes d’application soient achevés le plus rapidement possible ». Dans le cadre de la mise en œuvre du “paquet hygiène” cette année, le ministre s’est engagé à réaliser des réunions locales conduites en partenariat avec les Chambres d’agriculture. Mais les praticiens seront-il bien impliqués, comme l’avait promis son prédécesseur ?

« Au niveau communautaire, 2006 sera l’année du réexamen de la politique de lutte et de surveillance de l’Union européenne contre les encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST) », a poursuivi Dominique Bussereau. Le dépistage des EST chez les ovins existe déjà sur le territoire depuis novembre dernier.

Néanmoins, il ne faut pas oublier que les réformes entamées dans le cadre de la PAC et de l’OMC constituent aussi des enjeux pour les vétérinaires. Les agriculteurs français réussiront-ils à surmonter l’arrêt progressif des subventions européennes à l’exportation ? S’ils n’y parviennent pas, l’avenir de l’agriculture française s’assombrit. Les vétérinaires ruraux seront-ils l’écho de ce délitement territorial ? Car sans agriculture, les animaux à soigner disparaissent. Tous les dossiers en cours au niveau de ces deux instances intéressent donc légitimement la profession vétérinaire.

Les crises sanitaires animales sous la surveillance du ministère de la Santé ?

Sur fond de crise sanitaire et de grippe aviaire, le ministre de la Santé s’est montré plus loquace. Xavier Bertrand, qui s’est aussi livré à la traditionnelle “cérémonie des vœux”, le 13 janvier dernier, est revenu sur les enjeux sanitaires et l’évolution des mesures de précaution prises lors de sa récente entrevue avec le Premier ministre, Dominique de Villepin (voir article en page 14 de ce numéro).

La gestion de la grippe aviaire, outre l’aspect sanitaire, fait aussi intervenir le ministre du Budget et celui délégué à l’Emploi, notre confrère Gérard Larcher. Ce dernier doit en effet étudier des mesures de chômage partiel pour la filière avicole.

L’alimentation est aujourd’hui au cœur des préoccupations du ministère de la Santé qui s’approprie une part de légitimité dans ce domaine en raison de ses répercussions en matière de santé publique. Peut-être le mandat sanitaire, dédié aux vétérinaires, serait-il alors mieux valorisé s’il était placé sous sa tutelle. Certes, les praticiens jouent un rôle central en termes de soins et de bien-être des animaux, mais n’est-il pas également de bon ton de prôner une légitimité en tant que garants de la santé humaine via celle de l’animal ? Pour cela, encore faut-il que le ministre de la Santé reconnaisse l’importance de la gestion des risques sanitaires liés à l’animal, confiée aux vétérinaires, pour maintenir le maillage nécessaire à la prévention de dangers pour l’homme.

Gestion du risque sanitaire

Xavier Bertrand a soulevé la question des crises sanitaires et de leur anticipation lors de la présentation de ses vœux à la presse. Le ministre de la Santé a affirmé sa volonté de « travailler sans cesse à l’amélioration du plan gouvernemental de lutte contre la grippe aviaire, au-delà même des recommandations de l’OMS, en associant tous les acteurs économiques, sociaux, et administratifs, tous les acteurs du monde des solidarités et de la santé, qu’ils soient libéraux ou hospitaliers, médicaux ou paramédicaux ». L’application sur le terrain du plan gouvernemental a aussi été mise en avant dans son discours, de même que la transparence des informations.

« Au-delà du sujet d’actualité qu’est la grippe aviaire, nous souhaitons renforcer considérablement nos dispositifs de sécurité sanitaire cette année, car notre pays doit acquérir la culture de la gestion du risque sanitaire, en appliquant le principe de précaution, en suivant le principe d’anticipation. »

M. N.
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