70 % des cas de rage concernent des animaux sauvages

Au cours des dix dernières années, le nombre de cas de rage chez les animaux a sensiblement diminué, notamment en Europe occidentale. Toutefois, des changements majeurs sont observés dans leur distribution. Le recul généralisé de l’incidence de cette affection a été permis par la vaccination orale des renards. En effet, 70 % des cas de rage identifiés l’ont été chez des animaux sauvages, en particulier le renard roux (Vulpes vulpes). L’augmentation du nombre de cas chez les autres espèces sauvages constitue un élément nouveau. Le typage moléculaire et le décompte des cas montrent que le chien viverrin (Nyctereutes procyonoides) est devenu un réservoir indépendant en Russie, Biélorussie, Pologne, Estonie, Lettonie et Lituanie, mais aussi en Allemagne. Cette découverte nécessite des recherches ultérieures. En Europe, la rage est également présente en Ukraine et dans le sud-est du territoire. En Turquie, la rage urbaine, qui a pour réservoir le chien, reste le principal problème.

Dans les Etats où l’incidence est élevée, il est nécessaire de définir des stratégies appropriées. A contrario, dans les zones indemnes, l’objectif est de parvenir à protéger ce statut par tous les moyens. Depuis 1979, treize cas de rage ont été diagnostiqués chez des chiens importés. Le dernier a été identifié en France, en août 2004. Il s’agissait d’un chien en provenance du Maroc. Les informations données aux voyageurs sur les risques d’importer un animal au statut vaccinal inconnu doivent être améliorées et mieux diffusées. En outre, il convient de coordonner et de renforcer aux frontières les mesures prises par les autorités de l’Union compétentes en matière de santé publique. La Turquie et le Maroc représentent pour les Européens des destinations touristiques majeures.

Le franchissement de la barrière d’espèce par les lyssavirus est rarement observé

La rage des chiroptères a été diagnostiquée dans de nombreux Etats européens, en particulier les Pays-Bas, le Danemark, l’Allemagne, mais aussi la Pologne, la France, l’Espagne, le Royaume-Uni, la Suisse, l’Ukraine et la Russie. Les études moléculaires montrent une différenciation génétique entre les lyssavirus responsables de la rage chez les chauve-souris insectivores européennes. Ils sont classés en deux génotypes, EBLV (European Bat Lyssavirus) 1 et 2.

Malgré les études conduites, leur prévalence est mal connue. Parmi les trente-trois espèces de chauve-souris insectivores présentes en Europe, 95 % des cas ont été mis en évidence chez Eptesicus serotinus. L’infection de chauve-souris par des lyssavirus a fait apparaître de nombreux problèmes de santé publique, comme la persistance du virus chez des chauve-souris cliniquement saines, l’excrétion du virus dans la salive pendant une longue durée, la gestion des personnes mordues et l’efficacité des vaccins, dont la protection croisée contre tous les types de lyssavirus mérite d’être vérifiée.

La barrière d’espèce est rarement franchie. Ainsi, des EBLV1 ont été mis en évidence chez quatre moutons au Danemark et une fouine en Italie. Par ailleurs, quatre cas humains ont été signalés en Europe, liés à une exposition due aux chauve-souris. La gestion des colonies infectées fait encore l’objet de recherches, mais leur destruction totale n’est pas préconisée. Des contrôles passifs (récupération des individus malades ou morts) et actifs (prélèvement de sérum pour rechercher les anticorps et de salive pour rechercher le virus, marquage des sujets) sont effectués. Chez l’homme, 278 cas de rage ont été diagnostiqués entre 1977 et 2005, dont 35 importés dans les Etats indemnes.

• Source : « Aggiornamento sulla situazione della rabbia in Europa », Il Progresso Veterinario, novembre 2005, pp. 515-520.