Une transmission de S. aureus de l’homme au cheval, et inversement, est envisagée - La Semaine Vétérinaire n° 1209 du 14/01/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1209 du 14/01/2006

Staphylocoque doré résistant à la méthicilline

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Marine Neveux

Une étude canadienne évalue l’intérêt des méthodes de contrôle de cette infection au sein de deux écuries.

La résistance à la méthicilline du staphylocoque doré a fait l’objet de plusieurs articles en fin d’année dernière (voir bibliographie). Dans l’Equine Veterinary Journal, le professeur Slater, du département de sciences cliniques vétérinaires du Royal Veterinary College de Hertfordshire (Royaume-Uni), pose la question de savoir s’il s’agit ou non d’un problème émergent en médecine équine. Une étude de l’université de Guelph (Ontario, Canada), publiée dans le même numéro, s’attache à évaluer les mesures à prendre pour éradiquer ces éventuelles résistances au niveau des écuries, au sein de deux établissements.

Les maladies provoquées par ces résistances sont encore rares aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, mais de nombreuses incertitudes méritent une réflexion, notamment en termes de santé publique. Les interrogations concernent en effet la gestion d’éventuelles zoonoses, la durée du portage et donc la notion de réservoir éventuel que peuvent constituer les chevaux, etc. Une surveillance accrue et des programmes d’éradication sont-ils légitimes et nécessaires ? Le risque n’est-il pas qu’anecdotique ? Tous ces bénéfices ou risques restent à évaluer avec prudence.

Une éventuelle transmission de l’homme au cheval est évoquée, et inversement

Les Staphylococcus aureus résistants à la méthicilline (MRSA) sont des agents responsables d’affections nosocomiales, bien connus dans le milieu hospitalier humain.

Les auteurs de l’étude ont en outre déjà observé de telles résistances et infections chez des chevaux sans contact direct avec des cliniques vétérinaires. Une étude récente montre une colonisation de MRSA par un passage nasal, une autre révèle une colonisation au moment de l’admission dans un hôpital d’enseignement vétérinaire chez 2,7 % des chevaux. Des isolats ont aussi été recueillis sur le personnel en contact avec ces animaux ; les hommes pourraient ainsi jouer un rôle dans la transmission de MRSA aux chevaux.

Cette problématique est donc importante en termes de morbidité, de gestion et de prévention. Les auteurs estiment en outre qu’il peut y avoir une transmission du cheval à l’homme, ce qui induit un éventuel risque de zoonose.

Une diminution progressive due à la mise en place des mesures de contrôle

L’étude présente donc un programme d’éradication réalisé au sein de deux établissements (Ontario et Etat de New York) où une colonisation endémique de MRSA existe parmi les chevaux. Le protocole consiste, dans un premier temps, à prélever des sécrétions nasales chez tous les chevaux. Ces prélèvements sont répétés jusqu’à l’obtention de deux échantillons négatifs consécutifs. Tout contact ultérieur avec des congénères contaminés est évité. L’intervalle entre deux prélèvements est déterminé par le personnel de l’établissement (la recommandation est de deux par semaine). Chez l’homme, les prélèvements sont aussi réalisés au niveau des narines et ensuite mis en culture.

Après le screening initial, les chevaux colonisés sont placés dans des aires séparées. Tous les éléments en contact avec eux (seaux, harnachements, etc.) ne sont plus utilisés pour les animaux indemnes. De même, les aires de pâture sont distinguées. Le personnel qui s’occupe des chevaux colonisés évite, dans la mesure du possible, les contacts avec les autres chevaux. Le port de gants est en outre requis.

Une thérapie d’éradication à l’aide d’antibiotiques n’a pas été choisie initialement, en raison d’observations préalables des auteurs qui montrent que la colonisation MRSA chez les chevaux est généralement transitoire lorsque des mesures de contrôle de l’infection sont adoptées.

Les antibiotiques sont utilisés tardivement ou pour des cas ponctuels

Dans le premier établissement, les MRSA sont isolés de la région nasale chez 17 % des chevaux et 10 % du personnel. L’incidence de la colonisation diminue à la suite de la mise en place des protocoles de contrôle. Après cent jours, un traitement est instauré. Dans le deuxième établissement, les MRSA sont isolés chez 43 % des chevaux et 17 % des hommes. Ensuite, la même diminution est observée.

Le premier établissement est resté indemne de MSRA au cours des treize mois qui ont suivi. Ces résultats montrent que des mesures de contrôle de base (incluant quarantaine, barrières de précaution et surveillance active), mais appliquées avec pugnacité, peuvent résoudre le problème. Toutefois, les protocoles de cette étude sont empiriques et ces travaux méritent d’être poursuivis pour identifier les mesures optimales.

L’intérêt de cette étude réside dans l’utilisation limitée d’antibiotiques pour diminuer l’incidence de la colonisation des MSRA, puisque les auteurs n’y ont eu recours que tardivement et pour des cas ponctuels. Ils conseillent donc de ne les employer qu’en dernier recours, dans le cadre d’une colonisation à long terme, d’un contact inévitable avec des personnes à risque élevé (immunodéprimées, par exemple), etc.

En outre, les auteurs ouvrent la voie à des études ultérieures sur des points tels que la sensibilité de l’échantillon nasal pour la détection de MRSA, etc.

Dans les deux établissements, au moins une personne a été colonisée par un sous-type non distinguable de ceux isolés chez le cheval, ce qui montre aussi que le personnel peut constituer une source de contamination pour les chevaux avec lesquels les contacts sont souvent étroits. C’est particulièrement vrai dans les établissements d’élevage, notamment lors de la manipulation de poulains, naïfs d’un point de vue immunologique à la naissance.

Enfin, le rapport coût/bénéfice de ces mesures n’a pas été calculé dans cette étude, mais mériterait des travaux ultérieurs.

  • « Tackling MRSA in animals and humans », The Veterinary Record, 26/11/2005, pp. 671-672.
  • J.D. Slater : « MRSA : an emerging equine problem ? », Equine Veterinary Journal, 2005, vol. 37, n° 6, pp. 490-492.
  • J.S. Weese, J. Rousseau : « Attempted eradication of methicillin-resistant Staphylococcus aureus colonisation in horses on two farms », Equine Veterinary Journal, 2005, vol. 37, n° 6, pp. 510-514.
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