Le loup échappe de peu à la perte de son statut d’espèce strictement protégée - La Semaine Vétérinaire n° 1206 du 17/12/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1206 du 17/12/2005

Conservation d’un grand prédateur

Formation continue

FAUNE SAUVAGE

Auteur(s) : Alain Zecchini

Ses effectifs se maintiennent, mais il reste menacé partout en Europe et son habitat se dégrade.

Le loup l’a échappé belle. La Convention de Berne, qui réglemente la vie sauvage et le milieu naturel de l’Europe, a rejeté, le 28 novembre dernier, une proposition suisse qui vise à transférer ce grand carnivore de l’annexe II (espèces strictement protégées) à l’annexe III (espèces protégées, mais qui peuvent faire l’objet d’une exploitation). Cette proposition avait déjà été émise et refusée en 2004. Selon la Suisse, « les populations de loups en Europe se sont rétablies et colonisent de nouvelles régions et de nouveaux pays ». Elle estime que l’espèce n’est plus menacée et que son statut est à modifier. Il est exact que le loup continue sa progression, mais celle-ci n’est en aucun cas une garantie de conservation de l’espèce. Le loup apparaît en Suisse en 1994. Depuis cette date, quatorze animaux ont franchi la frontière italienne, mais presque tous ont été abattus, légalement ou non. Actuellement, la population de loups n’y excède pas trois ou quatre individus. Le niveau de prédation sur le bétail est faible et la proposition de déclassement n’a donc pas été jugée acceptable pour la Suisse. Elle ne l’est pas non plus pour les autres pays.

A l’est de l’Europe, la chasse au loup est une pratique courante

Le statut de protection du loup présente des disparités en Europe. Certains membres ont émis une « réserve » lors de l’inclusion de l’espèce en annexe II de la Convention de Berne, en 1979, et ne sont pas tenus de la protéger de manière stricte. Plusieurs d’entre eux sont signataires de la directive Habitats, qui accorde une certaine souplesse. Ce texte autorise en effet des dérogations telles que les prélèvements dans la nature (essentiellement la chasse) ainsi que les abattages lors de dégâts causés aux cultures et aux élevages (la Convention de Berne les permet également). En pratique, la Convention de Berne est plus protectionniste que la directive Habitats, puisqu’elle ne prévoit pas les prélèvements dans son annexe II. Des pays non-membres de l’Union européenne peuvent aussi être signataires de l’un ou l’autre de ces accords.

L’état de conservation du loup est donc bien assuré, au moins officiellement, en Albanie, en Allemagne, en Italie, en France, en République tchèque et en Slovénie notamment. Il est plus faible en Pologne, en Slovaquie, en Lituanie, en Finlande et parfois problématique dans les pays où la chasse est une pratique courante, comme en Bulgarie, en Ukraine, en Turquie, en Macédoine, dans une partie de la Grèce et en Estonie.

La directive Habitats et la Convention de Berne assurent un degré de protection qui a fait ses preuves. Déclasser le loup en annexe III réduirait cette protection en la nivelant par le bas. En effet, les menaces qui pèsent sur le loup sont permanentes. Il est toujours mal accepté, voire rejeté par certains groupes socioprofessionnels. Il est chassé de manière illégale et cette pratique est tolérée, voire encouragée dans certains pays. Quant à son habitat, il se dégrade et se réduit partout.

Trois loups abattus en France dans le cadre de protocoles de tir

En France, la situation est paradoxale. Le loup continue sa progression et dans le même temps sa présence est loin d’être admise. Les comptages de l’hiver 2004-2005 ont dénombré entre trente-neuf et quarante-huit individus. Les extrapolations, fondées sur les analyses génétiques, évaluent la population à soixante-dix ou quatre-vingts loups. L’augmentation accuserait un léger palier par rapport aux années précédentes.

Pour répondre aux pressions des éleveurs, le gouvernement a autorisé quatre procédures de tir en 2004, et six en 2005. Deux animaux ont été abattus l’an dernier, un cette année auquel s’ajoutent deux loups tués illégalement, en mars et juillet. Le protocole 2005 permet aussi des tirs d’effarouchement, ainsi que des délégations de tir à des éleveurs ou à des chasseurs, et non plus seulement aux agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).

L’an passé, le contexte a été marqué à la fois par des progrès dans l’acceptation du loup par l’ensemble de la population française, mais aussi par un regain de tension locale, dans les “zones à loups”. Ainsi, en juin dernier, des brebis ont été découvertes avec à leur cou des capsules de cyanure camouflées par de la terre… Elles étaient vraisemblablement utilisées comme pièges à loups. Par ailleurs, plusieurs représentants associatifs ont subi des menaces directes en raison de leurs positions favorables au loup. Quant aux pouvoirs publics français, ils continuent à louvoyer entre leurs positions sur le plan national et leurs obligations européennes, mais sans pouvoir éviter les rappels à l’ordre. Les autorisations de tir ont ainsi provoqué, en août dernier, l’ouverture d’une procédure d’infraction contre la France de la part de la Commission européenne, car elles ne correspondent pas aux cas prévus par la directive Habitats.

D’autres pays sont montrés du doigt par la Commission. En septembre, elle a engagé une action légale devant la Cour de justice européenne contre l’Etat finlandais qui autorise systématiquement la chasse au loup, sans tenir compte de ses exigences de conservation. La Finlande doit prendre la présidence de l’Union européenne, en juillet prochain. Une condamnation par la Cour de justice ferait certainement mauvais effet…

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr