La césarienne chez une “brebis debout” comporte les mêmes étapes que la césarienne de vache - La Semaine Vétérinaire n° 1204 du 03/12/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1204 du 03/12/2005

Reproduction des petits ruminants

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Emmanuel Legrand

La technique sur animal debout, avec une laparotomie dans le creux du flanc, offre un gain de temps et améliore le confort du vétérinaire et de la brebis. Le lieu opératoire évite également l’éventration dans les mois qui suivent.

La technique de la césarienne de vache peut être adaptée à la brebis. Frédéric Decante, praticien à Banassac (Lozère), a proposé une étude de ce geste lors des journées nationales des Groupements techniques vétérinaires (GTV), organisées à Nantes du 25 au 27 mai dernier.

1 L’INDICATION PRINCIPALE EST LA TORSION UTÉRINE

La torsion utérine est objectivée par une fouille transvaginale qui se révèle cependant difficile à réaliser chez l’agnelle, à cause des faibles dimensions de son vagin. Cette torsion, qui peut être ante-cervicale ou post-cervicale, est à l’origine d’un œdème extrêmement important et étendu (parfois jusqu’aux cornes utérines). La torsion utérine ante-cervicale est synonyme de césarienne dans tous les cas. Souvent, la post-cervicale entraîne également sa mise en œuvre, contrairement à la situation chez les bovins, pour lesquels un vêlage classique peut être envisagé. En effet, l’œdème fragilise la paroi et peut conduire le praticien à opter pour la césarienne, afin de limiter les forces de pression qui s’exercent sur ce tissu fragilisé.

« Lorsque les brebis qui présentent un agnelage difficile sont transportées à la clinique, leur chargement dans le véhicule et les mouvements de ce dernier peuvent être à l’origine d’une réduction naturelle de la torsion. Il est impératif de recueillir les commémoratifs, car la réalisation d’une extraction classique pourrait alors entraîner des déchirures sur le col ou le vagin fragilisé par la torsion antérieure », témoigne Frédéric Decante. « Il est nécessaire que l’éleveur soit avisé des risques de l’extraction forcée dans ce cas », précise-t-il. Mis au courant, il peut ainsi prendre la décision qui lui semble la plus juste.

Les autres indications de césarienne chez les brebis concernent notamment les animaux primipares. En effet, les agnelles présentent fréquemment des sténoses du col. Des dystocies justifient également la réalisation de ce geste, par exemple les dystocies avec emphysèmes, beaucoup plus fréquentes que celles par malformation ou excès de taille de la tête des agneaux (surtout en race charollaise).

2 ANESTHÉSIE LOCALE DE TYPE TRAÇANTE EN FORME DE L'INVERSÉ.

L’animal est maintenu entre les jambes de l’éleveur, assis sur une chaise. La voie d’abord se fait dans le creux du flanc, à gauche. Selon Frédéric Decante, l’expérience montre que les laparotomies auparavant largement pratiquées en zone paramédiane chez les brebis couchées, présentent des risques importants d’éventration. Ils sont nettement moins importants lors de laparotomie dans le creux du flanc. Cette technique permet de surcroît un retour rapide en production, sans réforme systématique.

Aucune prémédication n’est utilisée, puisque la contention est réalisée par l’éleveur. L’anesthésie locale est effectuée à l’aide de lidocaïne. Elle est de type traçante, en forme de L inversé le long des apophyses transverses et du cercle de l’hypochondre. Il faut veiller à ne pas atteindre les plans sous-musculaires (péritoine ou rumen). L’asepsie du site est d’abord effectuée par un lavage/rinçage avec un savon iodé, répété trois fois, puis par une désinfection avec une solution iodée.

3 INCISIONS DU FLANC ET DE L’UTÉRUS

La longueur de l’incision dépend de la technicité du chirurgien. Les incisions musculaires se font dans le sens des fibres musculaires, de façon à limiter les saignements du tissu. Une fois l’incision cutanée réalisée et la dissection des muscles effectuée dans le sens des fibres, le péritoine est ponctionné avant d’être incisé aux ciseaux. Une exploration manuelle de la cavité abdominale a alors lieu. Cela permet de rechercher la présence ou non de torsion utérine et donc d’objectiver l’état de la paroi utérine. L’opérateur peut alors choisir le meilleur site pour l’incision de l’utérus et l’extérioriser jusqu’aux bords de la plaie chirurgicale.

L’incision est habituellement effectuée sur la grande courbure qui représente la zone la moins vascularisée de l’organe. L’utérus est incisé au moyen de ciseaux ou d’un ouvre-lettres dans la zone médiane entre deux membres palpés par taxis.

4 VÉRIFIER LA RESPIRATION RéGULIÈRE DE L’AGNEAU

Le positionnement de l’agneau dicte ensuite la conduite à adopter. S’il est en position postérieure, la tête doit être sortie avant les antérieurs, puis l’agneau est positionné correctement dans la plaie opératoire. S’il est en position antérieure, il est sorti par les jarrets puis attrapé en région lombaire. Dans les deux cas, il est nécessaire d’attendre que sa respiration soit régulière avant de procéder à la rupture du cordon ombilical. Il est ensuite important de vérifier que l’utérus ne contient plus d’autres agneaux. Pour cela, il convient de procéder à une fouille minutieuse de la cavité utérine.

5 SUTURER L’UTÉRUS ET LES PLANS MUSCULAIRES

Pour la réalisation des sutures, l’utérus est maintenu par l’éleveur au moyen d’une pince en cœur. Un fil synthétique monobrin résorbable monté sur une aiguille ronde est utilisé. Un premier surjet simple est effectué. Il est suivi par un surjet enfouissant, non perforant, de type Cushing, qui inclut les couches séreuse et musculeuse. L’utérus est replacé dans la cavité abdominale et un examen manuel permet de vérifier l’étanchéité des sutures. Selon Frédéric. Decante, « la brebis supporte mieux que la vache le non-respect de l’intégrité utérine ». Les plans musculaires sont ensuite suturés après une vidange du jus qui s’est éventuellement accumulé dans la cavité abdominale, souvent responsable de la formation de coagulât. Une première suture concerne le péritoine, le muscle transverse et le muscle oblique interne. La deuxième est effectuée au niveau du muscle oblique externe. Elles sont réalisées au fil tressé résorbable de décimale 5. Après le séchage des sutures, la plaie opératoire est refermée par un surjet cutané avec un fil tressé résorbable. L’animal est ensuite placé sous couverture antibiotique de type pénicilline/streptomycine pendant cinq jours.

Les complications postopératoires sont la péritonite, qui apparaît souvent lors d’intervention sur un utérus contaminé, et des abcès de paroi, bénins mais mal acceptés par l’éleveur.

CONFÉRENCIER

Frédéric Decante, praticien à Banassac (Lozère).

Article réalisé d’après la conférence « la césarienne de brebis : ce qui est bon pour la vache est meilleur encore pour la brebis », présentée lors des journées nationales des GTV organisées du 25 au 27 mai 2005.

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