Une trentaine de chiens sont victimes de la maladie de Carré - La Semaine Vétérinaire n° 1203 du 26/11/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1203 du 26/11/2005

Epizootie. Un paramyxovirus s’attaque à la gent canine du Morbihan

Actualité

Auteur(s) : Valérie Zanini

Les animaux appartiennent à des particuliers, des sans domicile fixe ou sont hébergés par la Société protectrice des animaux (SPA). Aucun d’entre eux n’est vacciné.

Vannes (Morbihan) livre actuellement « une bataille contre la maladie de Carré », selon le titre d’un article du Télégramme dans son édition du 11 novembre dernier. « Campagne de vaccination gratuite, protocole sanitaire draconien à la SPA de la ville, précautions à la fourrière municipale, sensibilisation des propriétaires de chiens, euthanasies… », le quotidien dresse une liste de l’ensemble des mesures instaurées dans Vannes et sa région, sur un rayon de 30 km, pour interrompre la circulation du paramyxovirus responsable de l’affection. Car la population canine y est victime d’une épidémie. Au total, près d’une trentaine de chiens ont été infectés : une quinzaine d’entre eux appartiennent à des sans domicile fixe (SDF), cinq environ sont hébergés à la SPA de la ville et une dizaine d’autres vivent chez des particuliers. « La situation a pris alors une tournure qui devenait inquiétante », précise François Levert, praticien à Auray (Morbihan).

« Les premiers cas sont apparus l’hiver dernier, chez quelques animaux entretenus par des SDF », explique notre confrère. Ces chiens n’étaient pas vaccinés. Contrairement à la période d’incubation communément décrite (trois jours à deux semaines), ceux qui ont été infectés sont restés asymptomatiques durant un laps de temps relativement long, de l’ordre de cinq à six semaines. « Cela n’a pas facilité la gestion de l’épidémie », indique-t-il.

Suite au décès des premiers animaux malades, présentés tardivement à la consultation, d’autres cas sont apparus, notamment au refuge de la SPA de Vannes dont notre confrère assure le suivi sanitaire. Puis l’affection s’est étendue au sein de la clientèle où il exerce. « Il n’y avait plus de doute, le virus circulait dans la région, prenant pour cible les chiens non vaccinés. »

Les animaux malades ont présenté un tableau clinique relativement classique : abattement, anorexie, diarrhée, écoulement oculaire, symptômes nerveux. « La présence du virus de la maladie de Carré a été confirmée par PCR à partir d’un prélèvement sanguin. Cette technique est fondée sur l’amplification de l’ARN viral. Elle permet d’obtenir un résultat quantitatif, c’est-à-dire de déterminer la charge virale présente chez le chien. Les animaux ont répondu de manière variable à un traitement notamment à base d’interféron oméga (Virbagen®). Les moins sensibles ont été les jeunes et les chiens âgés. Mais nous avons pu sauver une dizaine de cas », précise François Levert.

Une prophylaxie sanitaire est instaurée à la SPA de Vannes

En collectivité, la priorité est d’interrompre la circulation du virus au sein de l’effectif canin. « Nous avons d’abord fermé l’établissement, refusant l’admission comme l’adoption des animaux. Pendant une semaine, les chiens présents ont été placés en observation. Chaque jour, un “tour de ronde” a permis de déceler les animaux suspects, présentant des signes évocateurs de la maladie. Ils ont été isolés dans un box individuel régulièrement désinfecté à l’eau de Javel (réputée efficace contre le paramyxovirus de la maladie de Carré). Un prélèvement sanguin et une PCR ont permis de confirmer l’infection. Lors d’un résultat positif, l’animal a été euthanasié. Les animaux négatifs ont rejoint le reste de l’effectif. Les chiens hébergés en compagnie de l’animal confirmé infecté ont été isolés à leur tour et surveillés durant cinq à six semaines, pour vérifier l’absence de signes cliniques. En présence de symptômes, une PCR a été réalisée et les chiens positifs ont dû être euthanasiés. »

D’autres mesures ont complété ce protocole. Ainsi, à la réouverture des portes de la SPA, les chiens non vaccinés depuis les quatre derniers mois ont reçu une nouvelle injection de vaccin contre la maladie de Carré. Un pédiluve contenant de l’eau de Javel a été installé à l’entrée de chaque box d’isolement. Après y avoir trempé leurs bottes, les soigneurs se déchaussaient à l’intérieur pour enfiler une autre paire, des gants et revêtir une blouse. Le matériel dédié aux chiens suspects a été réservé à leur seul usage. « Cela fait une semaine et demie que ces mesures sont appliquées. Nous allons les maintenir encore un mois, afin de détecter tout animal en incubation », indique François Levert.

Au niveau de la fourrière, aucun chien n’a été accepté sans être au préalable vacciné contre la maladie de Carré, la dernière injection remontant à quinze jours. Au niveau de la clientèle de notre confrère, les propriétaires de chiens ont été sensibilisés à l’importance de vacciner leurs animaux et de veiller à l’entretien de cette protection vaccinale.

La préfecture a relayé l’information auprès du grand public

Dans un communiqué diffusé le 9 novembre dernier, la préfecture du Morbihan, alertée par les praticiens et les services vétérinaires, a diffusé un communiqué qui liste les principaux signes évocateurs de la maladie (voir encadré) et précise que, si cette affection « peut entraîner la mort de l’animal, elle n’est pas transmissible à l’homme ». L’objectif est d’éviter toute psychose comparable à celle générée par les médias avec la grippe aviaire. « Il est vivement conseillé aux propriétaires de chiens de prendre contact avec leur vétérinaire traitant pour vérifier la validité de la vaccination de leur animal », est-il mentionné dans le texte.

« Cette maladie n’a jamais été éradiquée, explique notre confrère. Le nombre de cas a baissé avec la vaccination mais, dès que la vigilance des propriétaires diminue, une recrudescence est observée. Un épisode comme celui-ci a déjà eu lieu, au niveau national, en 1980. Mais le phénomène que nous connaissons actuellement semble limité à la région de Vannes. »

François Levert a également pris contact avec le Samu social pour informer les personnes sans abri sur les conséquences de cette maladie et les inciter à vérifier que la vaccination de leur chien est effective. « C’est d’ailleurs généralement le cas, précise-t-il, car ces personnes se préoccupent de la santé de leur compagnon. »

Dans le cas présent, l’épizootie semble jugulée. Une prophylaxie vaccinale associé à une prophylaxie sanitaire ont permis d’interrompre la propagation du virus. Le calme devrait revenir prochainement. Mais en l’absence d’éradication, une flambée infectieuse reste possible sur l’ensemble du territoire.

La maladie de Carré

• Agent infectieux : paramyxovirus (virus à ARN).

• Résistance dans le milieu extérieur : faible, le virus survit environ 20 minutes dans un exsudat nasal, il est sensible aux désinfectants usuels comme l’eau de Javel.

• Contamination par contact direct : nez à nez.

• Incubation : variable, mais généralement de trois à dix-huit jours.

• Diagnostic clinique : évoqué quand quatre des six critères suivants sont présents : hyperthermie persistante ; catarrhe oculo-nasal ; symptômes digestifs, respiratoires, nerveux ou cutanés.

• Examens complémentaires :

- mise en évidence des corps de Lentz (inclusions intracytoplasmiques) à partir d’écouvillonnages (nasopharyngiens, conjonctivaux, vaginaux, etc.), qui peuvent être observés dès le 4e jour de l’infection ;

– amplification de l’ARN viral par polymerase chain reaction à partir d’un prélèvement sanguin : cet examen est à réserver aux animaux présentant des signes cliniques.

• Traitement : symptomatique, pouvant être complété par l’administration d’interféron oméga. Les résultats sont aléatoires et décevants chez les jeunes et les chiens âgés.

• Prévention : par la vaccination.

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