Avez-vous été suffisamment formé à la pratique durant vos études ?

Les premières expériences sont essentielles

Je suis sortie de l’école de Toulouse en 2001. Je n’y ai fait qu’une castration de chat, une ovariectomie de chatte et n’ai opéré qu’une tumeur mammaire. En d’autres termes, je n’y ai pas appris ce que je fais couramment en pratique. C’est le cas notamment pour l’échographie abdominale ou pour l’ovariectomie de la chienne. Pourtant, il ne me semble pas que ces actes sont exceptionnels. En outre, à l’époque, nous n’avions pas de service d’urgence. Je n’ai donc pas eu l’occasion d’apprendre les gestes médicaux qui y sont liés. Je m’en suis notamment rendu compte lorsque j’ai travaillé avec une consœur alforienne dans une structure qui était ouverte 24 heures sur 24.

Malgré tout, lorsque j’ai dû réaliser seule ma première césarienne lors d’une garde, mon premier pyomètre ou ma première ovariectomie de chienne, je n’ai eu aucun souci d’adaptation. J’étais prête, je n’ai pas paniqué. J’ai le sentiment que l’école m’a appris à gérer ces situations, qu’elle m’a préparée à m’adapter à la majorité des cas. Nous avons des bases théoriques et intellectuelles. Nous avons appris à nous en servir. Autrement, il est évident que nous ne saurions rien faire en sortant de l’école !

Les différents emplois que j’ai occupés après 2001 ont contribué à près de 95 % à ma formation pratique. Ces premières expériences sont essentielles pour l’étudiant de base qui n’a pas fait d’internat, comme moi. Par exemple, j’ai abordé l’échographie abdominale dans une clinique vétérinaire, puis j’ai suivi un stage pratique de trois jours, en formation continue. J’aurais évidemment préféré le faire pendant mes années d’études, ne serait-ce que d’un point de vue financier.

Plus l’étudiant est impliqué, plus sa formation est riche

Je pense avoir été bien formée en pratique canine à Alfort. Les étudiants ont à leur disposition de nombreux cas et bénéficient d’un pool conséquent d’enseignants et d’internes. Leur formation dépend des opportunités qui se présentent, mais elle reste interactive : chacun doit s’impliquer activement pour la rendre plus riche.

Pour ma part, l’envie d’aller plus loin m’a conduit à réaliser deux années d’internat et d’assistanat de chirurgie. Elles m’ont permis d’être autonome en chirurgie courante (tissus mous, orthopédie) et en échocardiographie. J’ai ensuite choisi d’approfondir ces bases solides auprès de confrères compétents, avec pour objectif de proposer un service itinérant le meilleur possible.

La meilleure formation ne passe pas par l’école

Je suis sortie de l’école d’Alfort en 1996. J’ai l’impression d’avoir été bien formée en canine. En médecine, être confronté à de nombreux cas réels est un bon apprentissage. En chirurgie, les étudiants effectuent les opérations de base (ovariectomie, castration, etc.), observent les autres interventions et suivent les consultations, la réalisation des examens complémentaires et l’hospitalisation.

Pour ma part, je me destinais à faire de la médecine bovine en sortant de l’école. Dans ce domaine, en milieu de quatrième année, j’avais la sensation de ne rien savoir. Pendant ma formation, je n’avais fait qu’une seule césarienne de vache, avec cinq étudiants, et je n’avais effectué aucune intervention chez des moutons. A l’époque, aucun animal malade n’était hospitalisé. Pendant la semaine passée à la ferme expérimentale de Champignelles (Yonne), nous avons “tourné” une journée avec un praticien rural.

Pour mon groupe, il ne s’est rien passé d’intéressant.

J’ai alors choisi de passer six mois à l’hôpital des grands animaux de la faculté de Saint-Hyacinthe (Québec, Canada). Il recevait près de 750 animaux par an. Cela m’a permis de voir beaucoup de cas pratiques et d’effectuer plusieurs opérations indispensables en pratique quotidienne (caillette, césarienne, etc.). Nous réalisions chez les bovins tous les actes qui le sont chez les chiens à Alfort. C’était particulièrement impressionnant, d’autant que l’organisation, assez extraordinaire, n’a pas d’équivalent dans l’Hexagone.

De retour en France, à l’automne 1996, j’ai débuté la pratique rurale, accompagnée par des confrères. J’ai d’abord fait de la prophylaxie, avant de gérer des cas cliniques. L’été suivant, j’ai assuré des remplacements, seule. Mon séjour québécois m’a permis d’extrapoler les connaissances acquises sur des cas rencontrés en exploitation.

Par rapport à ce que j’ai connu lorsque j’étais étudiante, les actuels T1 pro (cinquième année) réalisent trois mois de stage en hiver, au moment où l’activité bat son plein. J’en accueille depuis deux ans. L’optionnel me semble plus cohérent, car les six mois de la formation sont entièrement consacrés à la médecine rurale. C’est déjà mieux qu’auparavant, mais il ne faut pas que les élèves croient qu’ils ont tout vu.

La meilleure des formations ne passe pas par l’école. C’est en travaillant que les jeunes praticiens apprennent à prendre des responsabilités. Les actes de prophylaxie sont un bon moyen d’appréhender et de développer le contact avec les animaux. Ils permettent aussi d’établir une relation sans stress avec les éleveurs, car il n’y a pas d’enjeu direct de santé animale. C’est un moment formateur vis-à-vis du comportement des bovins.