Les qualités parentales des campagnols des prairies sont une question d’ADN

Certaines variations du comportement social des campagnols des prairies pourraient être associées à des éléments de leur patrimoine génétique, “l’ADN poubelle”. Il s’agit de séquences qui ne codent pas pour des protéines. Confirmant leurs travaux débutés depuis plusieurs années, des chercheurs ont montré que chez ces rongeurs, les mâles dont une région particulière du génome possède de longues séquences d’un microsatellite (court segment d’ADN où se répètent des séquences identiques) s’occupent davantage de leur progéniture que les femelles et les autres mâles⁽¹⁾.

Dans les années 1990, ces différences de comportement ont d’abord été relevées entre les campagnols des prairies et ceux des montagnes. Chez les premiers, les couples sont unis à vie, les deux sexes prennent soin de leurs petits et sont socialement actifs. Chez les seconds, les couples ne sont que provisoires, le mâle ignore les petits et les relations entre congénères sont réduites.

Il avait aussi été suggéré que ces distinctions entre les deux espèces pouvaient s’expliquer par des variations dans l’expression du récepteur de la vasopressine, une hormone impliquée dans les processus d’investigation et de recherche sociales chez plusieurs espèces. Elle est activée au niveau du bulbe olfactif (dans le cerveau), la (re)connaissance entre congénères s’effectuant par l’odorat.

D’autres expériences ont démontré que des lésions du bulbe olfactif inhibent les comportements sociaux observés chez les campagnols des prairies.

La nouvelle étude a bien relié ce récepteur à un microsatellite, celui qui se trouve dans la région régulatrice du gène codant pour le récepteur : de longues séquences du microsatellite favorisent davantage l’expression du gène, donc de la vasopressine, ce qui amplifie les comportements sociaux chez les individus concernés.

• (1) E. Hammock et L. Young : « Microsatellite instability generates diversity in brain and sociobehavioral traits », Science, 10/6/2005.