Comment préservez-vous du temps pour votre vie privée ?

Je pratique le violon, choix peu contraignant

A mon avis, le problème essentiel dans la gestion de la vie privée repose sur les contraintes horaires. Elles sont difficiles à respecter en clientèle. En effet, la vie de famille ou les activités pratiquées en groupe requièrent d’être disponible à des heures précises. Pour l’instant, ma vie privée n’est pas organisée selon de telles obligations. Je n’ai pas besoin de beaucoup de temps libre. Je demeure loin de ma famille et je n’ai pas eu l’occasion de faire beaucoup de connaissances près de mon travail. Sans enfants et n’habitant pas encore avec ma compagne, quitter la clinique tard ne me dérange pas trop. Tant mieux, car il est difficile de terminer à l’heure en rurale.

Ma principale activité de loisir est le violon. La pratique quotidienne d’un instrument peut paraître contraignante au premier abord. Mais elle a l’avantage de pouvoir se faire en solo, n’importe où et n’importe quand. J’ai simplement une répétition le lundi soir dans un orchestre symphonique à Nantes et une dizaine de dates de concerts dans l’année. Mon emploi du temps est réglé de façon à pouvoir y participer systématiquement. Il s’agissait d’ailleurs de la condition préalable à mon embauche en tant que salarié.

Par ailleurs, je bénéficie d’une journée de repos le mardi, que je consacre en général aux sorties et aux courses. Pour le moment, je la préfère aux soirées libres.

J’aimerais bien faire du sport en équipe ou des arts martiaux, pouvoir sortir un peu. Le problème reste de trouver un autre créneau horaire pour envisager ce type d’activités.

J’ai remplacé une activité par une autre

Ma pratique du golf a évolué peu à peu vers une activité professionnelle. Je suis devenu plus performant, avec davantage de résultats et des entraînements plus fréquents. J’ai décidé de travailler à mi-temps, puis un jour par semaine. Aujourd’hui, je n’exerce plus comme praticien. Ce choix m’est permis grâce à ma femme, vétérinaire. Du coup, je remplis le rôle de père au foyer et je m’occupe de nos quatre enfants.

J’ai remplacé une activité par une autre. Je travaille toujours avec passion et plaisir, mais sans le stress du métier de praticien. Je me sens mieux avec les autres. Mes projets sportifs et professionnels sont tous dirigés vers mes objectifs familiaux, qui sont mon socle et ma priorité.

Savoir dire « stop » relève de l’acte volontaire

Ma première réaction est de constater que je ne privilégie pas assez ma vie privée. Passer beaucoup (trop ?) de temps au travail est facile. Quand j’étais en début d’activité, j’avais le sentiment (justifié ou non) qu’il fallait offrir une large disponibilité aux clients pour les fidéliser. Actuellement, j’éprouve un sentiment de devoir vis-à-vis d’eux, pour garder leur confiance. En outre, je travaille avec un associé et une équipe que je ne saurais abandonner face à une salle d’attente trop remplie ! En résumé, je “déborde” facilement.

Savoir dire « stop » et préserver son temps relève d’un acte volontaire, mais aussi d’une bonne organisation, tant pour la viabilité de la clinique et la constance du service offert que pour la tranquillité d’esprit de celui qui est absent.

Pour ma part, l’exercice à deux rend l’organisation facile et fiable. Et il est possible d’éduquer sa clientèle (ce que je conseillerais d’ailleurs aux jeunes qui s’installent !).

Nous avons tous un besoin réel de vie privée, fondement de l’équilibre affectif. Mais cette nécessité a aussi une valeur relative, parce qu’elle est dans l’air du temps. Grâce au passage aux 35 heures, la plupart des salariés profitent de plus de temps libre. Les professionnels indépendants que nous sommes se demandent alors : « Pourquoi pas nous ? »

Pour ma part, j’ai mis du temps à en prendre suffisamment. Je suis mère de trois enfants, âgés de douze, sept et un an. Le soir, la dernière consultation a lieu à 20 h 30. La première chose que j’ai faite est d’habiter près de ma clinique pour optimiser mon organisation. J’ai privilégié la proximité et non le cadre de vie, en élisant domicile en plein centre de Paris. Ensuite, j’ai choisi d’utiliser le plus souvent le vélo pour transformer en plaisir la contrainte du transport. Depuis que mon deuxième enfant est scolarisé, je prends mes mercredis pour passer du temps avec eux et compenser les horaires tardifs. Avec deux baby-sitters formidables, la gestion familiale tient la route. J’ai même trouvé un petit créneau horaire pour moi, le dimanche matin tôt. Je vais à la piscine, ce qui me permet de décompresser totalement. C’est du temps que je ne vole à personne (tous font la grasse matinée). L’essentiel de ma vie privée se résume à ma vie familiale. Ne pas réaliser de projets personnels est parfois un peu frustrant, mais je culpabilise si je m’occupe uniquement de moi. J’ai eu la volonté de dégager du temps pour ma famille. Il me reste à le faire pour moi. J’adore la photographie et la peinture. Mon chevalet est à la cave. Je ne désespère pas de l’en remonter.