Affûter le matériel et son propre regard permet d’optimiser le parage - La Semaine Vétérinaire n° 1200 du 29/10/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1200 du 29/10/2005

Pieds des bovins

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : François Galy

Dans les Pyrénées-Atlantiques, des praticiens ont confronté leurs gestes à ceux de Marc Delacroix et sont revenus sur l’importance d’un matériel adapté pour le parage des pieds des bovins.

Entre eux, ils s’appellent les “redoublants”. “Eux”, ce sont des praticiens des Pyrénées-Atlantiques qui, après avoir suivi la première session de formation au parage du pied des bovins en 2004(1), ont insisté pour qu’une session de rappel ait lieu cette année. Ils étaient donc cinq “redoublants”, le 20 juin dernier, réunis par Pfizer autour de notre confrère Marc Delacroix. L’objectif était de « corriger les mauvais mouvements que nous faisons encore en parant et aller un peu plus loin dans l’abord du parage curatif », explique Joël Rousset, praticien à Salies-de-Béarn. « J’ai beaucoup appris au cours de la première session, par exemple à ne pas me précipiter sur la lésion du pied, mais à commencer par le parage fonctionnel. Et aussi à systématiquement soulever l’autre pied, après avoir paré celui où la lésion était la plus évidente », se souvient Jacques Carsuzaa, praticien à Saint-Palais, qui avait choisi un élevage de sa clientèle pour cette journée de formation.

Pour autant, chacun a estimé nécessaire « de répéter les gestes devenus habituels, sous l’œil critique de Marc Delacroix ». Le premier bilan est positif : « Un an plus tard, ils ont encore tous leurs doigts », constate ce dernier, sous forme de boutade.

Une rénette bien aiguisée permet de réaliser le parage sans trop d’effort

Cette session “de rappel”, comme la précédente, avait lieu en exploitation laitière. « Mais avant de se jeter sur les pieds de vaches, c’était aussi pour moi un moyen d’évaluer si le message consacré à l’affûtage – et au matériel nécessaire – était bien passé, précise Marc Delacroix. J’ai pu constater que la majorité des praticiens sont restés relativement réfractaires à l’achat d’un touret, par exemple. Or une rénette aiguisée permet de travailler sans effort. » « Nous l’avons tous admis, mais je fais encore souvent avec les moyens du bord, avoue un praticien. J’affûte ma rénette avec une pierre à aiguiser. » Pour un autre, qui disposait déjà d’un touret au sein de son cabinet, la session de 2004 l’a convaincu de changer de meule pour un disque caoutchouc. « Du coup, c’est devenu plus facile et nous affûtons les rénettes deux fois par semaine. » Et Jérôme Lafon, praticien à Oloron Sainte-Marie de renchérir : « C’est devenu impératif : à présent, je pare de trois à quatre pieds par semaine dans ma clientèle. Mais il reste un écueil : l’intervention sur les animaux peu manipulés et à la corne très dure. »

« Notre structure s’équipera prochainement d’une cage de contention »

« Dans notre région, les blondes d’Aquitaine restent assez longtemps au pré et les systèmes de contention demeurent insuffisants : nos interventions peuvent devenir “folkloriques”, voire dangereuses », constate Jérôme Lafon. En élevage laitier, l’éleveur possède souvent une cage de contention, « pas forcément idéale, mais correcte. En revanche, en élevage allaitant je travaille sur les pieds après avoir administré un sédatif, voire sous anesthésie pour les cas les plus “sauvages” ».

La motivation des éleveurs est décisive vis-à-vis de cet équipement. Ainsi, Joël Rousset a réalisé une intervention sur un taureau de race blonde d’Aquitaine aux pieds en mauvais état. « J’ai pu restaurer le plan de pose et réduire la douleur. Du coup, l’animal, malgré un pronostic réservé au départ, a pu guérir progressivement. L’éleveur est depuis nettement plus attentif aux pieds de ses animaux et s’est procuré une vieille cage de contention. Il n’hésite plus à m’appeler pour ce motif. Mais il est vrai que, dans notre région, la contention des vaches allaitantes peut devenir délicate. »

« J’ai moins de déconvenues avec la contention, les deux sessions sur le parage m’ont vraiment enthousiasmé et j’ai bien développé ces actes. Au point que notre structure envisage de s’équiper prochainement d’une cage… », reconnaît de son côté Jacques Carsuzaa.

Les doigts ne doivent pas se trouver en butée du mouvement de la rénette

Une fois lancés “sur les bêtes”, deux cages de contention et le pareur professionnel qui participe systématiquement à ces sessions ont permis à chaque praticien de parer quatre à cinq pieds dans la journée et d’être immédiatement corrigé à chaque geste “déplacé”. « Il s’agit surtout de rappeler la méthodologie du parage, d’abord fonctionnel et ensuite curatif », souligne Marc Delacroix. « Cette session remet bien la chronologie des gestes dans la tête. Disposer ainsi d’une approche rationnelle rend mon intervention plus efficace et plus sûre. Avant, je parais déjà trois à cinq pieds par semaine à l’ébarbeuse électrique, mais je le faisais “à vue de nez”. A présent, j’utilise plus souvent la rénette, plus légère et conforme à cette approche respectueuse de l’anatomie et de la fonction du pied de la vache », analyse Alain Dufour, praticien à Lembeye. « Cette session a aussi permis de corriger “en direct” la position des doigts de la main qui maintient le pied : ils ne doivent jamais se trouver en butée du mouvement de la rénette », ajoute Marc Delacroix. Alain Dufour apprécie aussi de s’appuyer « sur les deux jambes, en s’adossant aux parois de la cage. C’est une position agréable, pour un travail qui, autrement, serait pénible ».

Une erreur fréquemment constatée par Marc Delacroix est de « commencer le parage fonctionnel trop loin sur le talon. C’est risqué, car le pied paré n’amortit plus les chocs et l’erreur est difficile à rattraper. Il faut impérativement se référer à la courbure interne de l’onglon externe ».

Prendre du recul vis-à-vis du pied et de l’exploitation est nécessaire

Marc Delacroix impose aussi à chacun « de prendre régulièrement du recul vis-à-vis du pied à parer. La sole de chaque onglon doit se trouver dans un même plan, mais ce n’est pas possible de l’évaluer dans la position de parage. Il faut se reculer et viser l’axe du pied. Pris dans le feu de l’action, la plupart des praticiens oublient de vérifier cet objectif ».

« Il est vrai que c’est une question de regard, alors qu’au départ, nous avons surtout envie de faire “voler” la corne », reconnaît Joël Rousset. « La solution est de se dire que le mouvement de recul pour juger de l’état du pied en cours de parage fait partie de la méthode de travail », poursuit-il.

Toutefois, « le regard concerne aussi bien le pied à parer que l’ensemble de l’exploitation où s’effectue l’intervention, reprend Marc Delacroix. Il est utile de faire un tour dans la stabulation pour jeter un œil à l’alimentation, aux bâtiments (état du béton, circulation des animaux, taille des logettes) et à la conduite d’élevage en général. C’est l’occasion d’interpeller l’éleveur, en attirant son attention sur les problèmes de pieds des animaux et en insistant sur l’origine multifactorielle de ces troubles. Il est alors plus réceptif pour prendre rendez-vous afin de réaliser une analyse fouillée des facteurs de risque dans son élevage. »

A l’avenir, « il y aurait aussi matière à revenir de plus près sur la théorie, pour nous présenter l’ensemble des informations que nous sommes susceptibles de retirer lors de l’observation de la qualité de la corne pendant le parage. En particulier sur la nutrition, mais aussi plus largement sur les maladies métaboliques », espère Joël Rousset.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1143 du 5/6/2004 en page 32 et n° 1150 du 11/9/2004 en page 52.

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