De nouvelles pistes thérapeutiques sont explorées pour vaincre l'uvéite chronique - La Semaine Vétérinaire n° 1197 du 08/10/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1197 du 08/10/2005

Traitement de l'uvéite récurrente chez le cheval

Formation continue

Équidé

En ophtalmologie équine, la prévention de la récurrence de l'uvéite reste un défi majeur pour le praticien La mise en place d'implants de cyclosporine A est une solution envisagée par des chercheurs . américains*..

C omme chez la plupart des animaux, l'œil du cheval atteint d'uvéite est rouge, pré­sente un myosis, un hypopion et une hyper­hémie des vaisseaux sanguins de la sclère et de l'épisclère.

La douleur, lorsqu'elle existe, entraîne un blépharospasme, des clignements, une photophobie et des frottements de l'œil avec épiphora. Un œdème peut également affecter la cornée.

L'uvéite équine a trois origines principales : oculaire, systémique et à médiation immunitaire (uvéite récurrente ou chronique). Cette dernière est l'une des principales causes de cécité chez le chevaL. Elle devient récurrente à partir du moment où un épisode d'inflammation intra­oculaire apparaît, quelques semaines à plusieurs mois après un épisode initial d'uvéite. Le diagnostic définitif nécessite donc l'obtention d'un historique précis. Une uvéite isolée ne peut être qualifiée d'emblée de récurrente.

L'uvéite se décline en différentes formes : classique, insidieuse ou postérieure

La forme classique, la plus fréquente, se caractérise par des épisodes d'inflammation active entrecoupés de phases de faible inflammation oculaire. Lors de la phase active, de nombreuses structures oculaires sont touchées : la cornée, la chambre antérieure, l'iris, les corps ciliaires, la choroïde, le cristallin, le vitré et la rétine. Plus les crises d'uvéite sont fréquentes, plus elles sont sévères. La succession des phases inflammatoires peut finalement aboutir à l'apparition de cataracte et d'adhésions intraoculaires, puis à la cécité.

Quand, après un épisode aigu, l'inflammation persiste à un faible degré, il s'agit de la forme insidieuse. Cette légère inflammation ne gène pas particulièrement le cheval et, souvent, son propriétaire ne remarque le problème que lorsque la cataracte apparaît ou que la perte de vision est évidente. Ce type d'uvéite serait plus fréquent chez l'appaloosa et les chevaux de trait.

L'uvéite postérieure touche quant à elle essentiellement le vitré, la choroïde et la rétine. L'uvéite antérieure est absente ou légère. Avec le temps, une cataracte apparaît, la rétine se décolle et le vitré dégénère. Cette forme serait plus fréquente chez le pur-sang et les chevaux européens.

Une bonne gestion de l'environnement diminue le nombre de crises

Un changement des conditions de vie, du type de litière, des temps d'exposition au soleil peut aider à réduire la fréquence des crises. L'utilisation d'insecticides, le port d'un dispositif anti-insectes autour des yeux (type Flymask®), la diminution de la fréquence des compétitions et des transports semblent également avoir des effets bénéfiques.

Chez certains chevaux, l'uvéite peut survenir à la suite d'une vaccination ou d'une vermifugation. La flunixine-méglumine, administrée vingt-quatre heures avant chaque intervention, puis pendant trois à cinq jours, prévient alors l'apparition de l'inflammation oculaire.

Les traitements médicaux visent à réduire douleur et inflammation

Pour préserver la vision, l'objectif est de réduire l'inflammation oculaire afin de limiter au maximum les atteintes irréversibles et de contrôler la douleur. Le diagnostic étiologique est souvent difficile et les traitements sont donc le plus souvent symptomatiques.

L'atropine à 1  % est instillée dans l'œil jusqu'à ce que la pupille se dilate, puis une instillation par jour suffit en général au maintien de la dilatation. Pour diminuer l'inflammation, les corticoïdes en collyre sont les plus efficaces. L'acétate de prednisolone à 1  % possède la meilleure pénétration oculaire. Sa fréquence d'administration (de toutes les heures à une fois par jour) dépend de la sévérité de l'inflammation et de la réponse thérapeutique. L'utilisation des corticoïdes peut favoriser l'apparition d'infections et potentialiser les effets des collagénases. En outre, ils retardent l'épithélialisation lors d'ulcère cornéen. L'emploi des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) en collyre comporte moins de risques, mais ils retardent également la cicatrisation des ulcères cornéens. La mise en place d'un cathéter sous-palpébral facilite grandement l'administration des traitements.

La thérapie anti-inflammatoire la plus appropriée reste les AINS par voie générale, avec une plus grande efficacité pour la funixine-méglumine par rapport à la phénylbutazone ou à l'aspirine. L'utilisation des corticoïdes par la même voie est réservée aux cas sévères et réfractaires aux autres formes de traitement. Le traitement dure deux semaines au minimum et se prolonge jusqu'à deux semaines après la disparition des signes cliniques (avec une diminution progressive des doses). Certains cas sévères requièrent une injection sous-conjonc­tivale de corticoïdes.

Des pistes thérapeutiques préventives font appel à la chirurgie

Certains traitements chirurgicaux semblent pouvoir offrir de nouvelles perspectives en matière de prévention de l'apparition de nouvelles crises.

La vitrectomie a d'abord été expérimentée, mais s'est soldée par un taux élevé de complications (cataracte ou perte de vision), même si la fréquence des crises semblait diminuer. Puis la mise en place d'un implant à libération continue de cyclosporine A dans le vitré a été tentée par une équipe de chercheurs américains, qui a ensuite testé une nouvelle prothèse en forme de disque, placée dans l'espace supra-choroïdien.

Seuls les chevaux dont l'examen ophtalmique révèle peu ou pas d'inflammation active sont opérés sous anesthésie générale. Le cheval reçoit de la flunixine-méglumine en phase postopératoire par voie orale pendant cinq jours (ou plus pour 25  % des chevaux). Localement, une pommade ophtalmique contenant trois antibiotiques différents (toutes les douze heures pendant dix jours) et de l'atropine à 1  % (une fois par jour pendant une semaine) sont prescrits.

Les résultats préliminaires de cette étude montrent qu'il faut trente à quarante-cinq jours pour que l'implant libère une quantité suffisante de cyclosporine A. Si, entre-temps, un nouvel épisode d'uvéite survient, un traitement classique est utilisé. De façon subjective, les auteurs ont remarqué que les traitements pour contrôler l'inflammation sont alors moins lourds et plus courts.

Ce type d'implant ne semble pas engendrer de risque de complications sévères, comme un décollement de rétine.

Même si ces pistes sont intéressantes, ces traitements chirurgicaux semblent ne pas concerner les chevaux dont l'œil répond mal aux traitements médicaux classiques. D'autres études sont en cours pour améliorer les connaissances en matière d'uvéite (pathogénie, rôle des leptospires). Les pistes génétiques sont explorées afin de pouvoir retirer de la reproduction des animaux éventuellement porteurs d'un gène responsable. L'avenir réside peut-être dans les nouvelles thérapeutiques immunosuppressives (tacro­limus).

  • * B.C. Gilger, T.M. Michau : «  Equine recurrent uveitis : new methods of management », Vet. Clin. North Am. Equine Pract., 2004, voL. 20, pp. 417-427.

Traiter les leptospires

En cas de suspicion d'infection à leptospires, différents traitements ont été testés :

-  la tétracycline ou la doxycycline (4 mg/kg deux fois par jour par voie orale pendant quatre semaines) ;

-  l'injection de 4mg de gentamicine dans le vitré.

Ce type de traitements n'a cependant fait l'objet d'aucune étude approfondie pour le moment.

I. L.-K.

Voir aussi

• P.-F. Isard : «  L'uvéite récidivante équine se traite chirurgicalement. Les sites immunocompétents peuvent être éliminés ou inactivés », La Semaine Vétérinaire, 2003, n°  1080, p. 14.

• P.-F. Isard : «  La vitrectomie postérieure dans la prévention et le traitement des uvéites chez les équidés », Pratique Vétérinaire Equine, 2000, voL. 32, n°  125, pp. 35-39.

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