Alfort attribue ses premiers crédits d'heures de formation

Décidément, le système des points ou des crédits d'heures de formation se généralise. Ainsi, depuis la rentrée, les écoles vétérinaires s'y mettent également avec, en tête, l'ENV d'Alfort. Le 20 septembre dernier, les confrères qui ont suivi dans cet établissement un enseignement postuniversitaire en chirurgie ont ainsi pu prendre connaissance d'une lettre d'information signée du directeur, Jean-Pierre Cotard. Elle leur précise ces nouvelles dispositions : «  Désormais, tout praticien ayant suivi un enseignement organisé par l'ENVA se verra attribuer un crédit d'heures de formation. » Celui-ci équivaut à huit heures pour une journée et à quatre heures pour une demi-journée, mais il faut les mériter. «  Nous vous demandons de bien vouloir remplir le questionnaire de satisfaction qui vous est distribué au début de chaque journée. Les crédits d'heures ne seront attribués qu'au retour de celui-ci (à l'issue ou après la formation) », est-il précisé.

La vérification de la feuille de présence est également un préalable à l'obtention du crédit. En effet, tous les confrères qui suivent une formation apposent leur signature sur ce document lors de chaque séance de formation (le matin et l'après-midi).

Ce système s'inscrit dans une démarche qualité nationale et européenne

«  En tant qu'organisme formateur, chaque école doit adopter une démarche qualité », indique le communiqué diffusé par Alfort. Celle-ci concerne l'organisation et le contenu des formations. «  L'objectif est que les écoles soient prêtes, au même titre que certaines associations professionnelles (Avef, Afvac, SNGTV), si la formation continue devient une obligation », ce qui n'est pas le cas pour le moment.

En matière de formation, la seule nécessité est de nature déontologique, le Code imposant aux vétérinaires d'actualiser leurs connaissances et leurs expertises. Mais il en va tout autrement en Europe et, dans certains pays (Irlande, par exemple), le renouvellement périodique de l'autorisation d'exercer (tous les cinq ans) repose en partie sur l'attestation de suivi de formations continues. Par diverses initiatives (points, crédits d'heures), la France teste donc en grandeur nature un système dont elle mesure au passage les avantages et les inconvénients. «  Il est préférable que la profession se prenne en charge et s'organise avant que les autorités de tutelle n'imposent, avec une vue administrative, des contraintes auxquelles les confrères ne seront pas préparés », estime Didier-Noël Carlotti, président de l'Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac).

Au niveau des écoles vétérinaires, la démarche qualité impose une vérification de la présence effective du stagiaire et le respect de certaines exigences pour les enseignements dispensés. A cet effet, «  un projet de charte pédagogique sera rédigé et proposé pour validation aux responsables pédagogiques des formations. Il permettra de clarifier les règles de fonctionnement », précise l'ENVA. La création d'un comité pilotant cette charte est également au pro­gramme. Il est prévu qu'il réunisse les responsables pédagogiques et logistiques des formations. Leur mission sera d'assurer le suivi du contenu des enseignements, ainsi que le respect et l'adaptation de la charte.

La satisfaction des participants est à prendre en compte

En pratique, chaque participant à une formation organisée par l'ENVA reçoit, le jour même, un questionnaire d'évaluation. Il doit être rendu dûment complété à l'issue de celle-ci au bureau de la formation continue^*. Le retour de ce document conditionne l'attribution du crédit d'heures et sa prise en compte par le bureau.

Cette procédure est efficace. Elle a fait ses preuves quand l'Association vétérinaire équine française (Avef) l'a appliquée lors de ses dernières journées annuelles, organisées à Pau en octobre 2004. «  L'objectif était d'avoir un taux de retour de 100  % », explique notre confrère Jean-Marc Betsch, coordinateur du conseil sur la formation continue au sein de l'Avef.

Dans les ENV, les questionnaires seront analysés par le bureau de la formation continue et transmis aux responsables pédagogiques. «  Il sera recommandé de tenir compte des résultats pour la session suivante », indique l'ENVA.

Selon Didier-Noël Carlotti, s'il est possible de jauger l'information délivrée lors de ces sessions, «  nous ne sommes pas là pour mesurer le message reçu. (…) Envisager d'évaluer la compétence acquise par les participants serait illusoire », estime- t-iL. Ni les associations professionnelles, ni les écoles ne le proposent d'ailleurs, partant du principe qu'il convient de faire confiance aux confrères. D'autant que ces derniers n'ont pas attendu que l'obligation de se former leur soit imposée par voie réglementaire pour actualiser leurs acquis. «  Nous devons valoriser le travail de formation qui est déjà réalisé par nos confrères, car il est conséquent », indique Christophe Brard, pré­sident de la Société nationale des groupements techniques vété­rinaires (SNGTV). L'attribution de points ou de crédit d'heures y contribue.

• * Responsable du bureau de la formation continue de l'ENVA : Virginie Piquerel, e-mail : vpiquerel@vet-alfort.fr, tél. : 01 43 96 70 38, fax : 01 43 96 70 54.