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Entre nous
QU’EN PENSEZ-VOUS
Auteur(s) : Nathalie Devos
Plus de 80 % des confrères et consœurs interrogés via un sondage mis en ligne sur Planete-vet estiment que la grippe aviaire peut devenir un problème de santé publique en France à l’avenir. Parmi eux, une majorité (65 %) pense qu’il surgira à moyen terme, alors que cela surviendra dans un proche avenir pour 15 % des vétérinaires. A l’inverse, 20 % croient que le problème se posera à long terme.
Seulement 20 % des votants sont optimistes et ne pensent pas que la grippe aviaire peut devenir un problème de santé publique dans l’Hexagone. L’affection sévit actuellement de façon enzootique chez les volailles en Asie du Sud-Est et a déjà entraîné la mort d’une soixantaine de personnes dans cette région du monde.
A l’heure actuelle, si le risque théorique d’apparition d’une pandémie de grippe d’origine aviaire chez l’homme est réel, aucun scientifique ne peut affirmer quand elle surviendra et quels pays seront touchés en premier(1).
Chacun a pu se faire une idée sur le risque d’apparition d’une pandémie humaine. Sa dangerosité a été mise en exergue par les journalistes et les hommes politiques ont décidé d’appliquer le principe de précaution. Ils ont annoncé l’augmentation des réserves d’antiviraux et de masques de protection. La formation des vétérinaires les sensibilise peut-être davantage aux risques que représentent les virus animaux potentiellement dangereux pour l’homme.
Mais la sensibilisation et l’inquiétude qui s’exprime aujourd’hui sont aussi des caractéristiques des modes de vie actuels. La protection de la vie individuelle est plus que jamais au cœur de nos sociétés, explique le professeur Patrice Bourdelaix, de l’Ecole des hautes études en sciences sociales. L’entretien des corps par le sport, la diététique, les préoccupations esthétiques et l’ampleur de la demande de soins médicaux en sont des indices. « La manifestation de phénomènes épidémiques est perçue comme une incongruité au cœur de nos sociétés riches, comme une sorte de menace de régression et de déclassement sur l’échelle internationale, dont la cause ne peut se situer dans quelques dysfonctionnements de notre société », poursuit-il. Certains se demandent déjà si les réserves de masques et d’antiviraux seront suffisantes et efficaces en cas de pandémie touchant la France…
Le mutant n’est pas prêt de surgir
Certains virologues prédisent de longue date un phénomène comparable à la grippe espagnole de 1919, mais rien de tel ne s’est produit. Pour l’instant, le virus H5N1 asiatique ne s'est adapté ni à l'homme ni au porc. Il faut pour cela qu’il mute, événement possible à l’échelle géologique, mais pas plus probable aujourd’hui qu’il y a cinq ans ou dans dix ans. En revanche, il peut sans aucun doute affamer une partie de l’Asie et entraîner une vraie catastrophe économique pour l’élevage avicole européen.
Jean-Marie LorantN’oublions pas le sida
En présentant la grippe aviaire comme une menace potentielle pour l’homme, les médias grand public font de l’événementiel. Je suis agacé par tout le pataquès qu’ils génèrent, alors que le risque pour les populations, bien que potentiel, n’est toujours pas avéré. D’autant qu’ils occultent d’autres phénomènes bien réels et meurtriers comme le sida ou l’amiante. Le risque est aussi d’entretenir une psychose comparable à celle de la viande de bœuf mais dirigée contre la viande de volaille.
Nicolas SaliouCe problème est préoccupant
Pour l’instant, la grippe aviaire n’est pas un problème pour l’homme. Mais elle peut le devenir. Car le virus va continuer à se déplacer à la faveur des mouvements d’oiseaux migrateurs. Or, plus cet agent infectieux circule dans la nature, plus le risque qu’il s’adapte à l’homme est élevé. Si cette affection atteint notre territoire, une explosion de la maladie dans nos élevages n’est pas à exclure. Il est crucial que les hommes politiques en soient conscients et s’en préoccupent.
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