Les désordres digestifs peuvent avoir une origine comportementale - La Semaine Vétérinaire n° 1195 du 24/09/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1195 du 24/09/2005

Troubles émotionnels et gastro-entérologie

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Vincent Coupry

Fonctions : comportementaliste diplômé des écoles vétérinaires françaises, praticien à Longjumeau (Essonne).
Article réalisé d’après la conférence de Patrick Lecoindre, « Quand suspecte-t-on un trouble du comportement en gastro-entérologie », et celle de Patrick Pageat et Colette Arpaillange, « Troubles émotionnels et affections digestives », présentées à VétoAlp, du 20 au 23 mars 2002 (Chamonix, Haute-Savoie).

Les syndromes anxieux font partie du diagnostic différentiel.

La comorbidité entre trouble du comportement et atteinte gastro-intestinale est reconnue tant en médecine humaine qu’en médecine vétérinaire. Il convient cependant de distinguer les cas où cette comorbidité est pathogénique (les troubles gastriques ou intestinaux sont une expression directe du trouble comportemental) de ceux où elle est diagnostique (les deux coexistent fréquemment, sans relation directe pour autant).

Les dyspepsies fonctionnelles anxieuses évoluent en crises provoquées par des épisodes de stress, parfois de façon chronique : hypersalivation (surtout chez les molossoïdes), régurgitations, vomissements, bâillements. Elles témoignent d’une mobilisation du système dopaminergique. Mieux vaut alors privilégier la prescription de psychotropes à visée dopaminergique, en particulier la sélégiline.

La diarrhée est une manifestation d’anxiété aiguë ou chronique

Dans le cas des diarrhées d’origine anxieuse, les diarrhées émotionnelles sont à distinguer du syndrome du côlon irritable (SCI). Sources de malpropreté, certaines diarrhées sont des manifestations neurovégétatives d’un état anxieux. Lors de crises d’anxiété paroxystique (crise phobique) ou d’anxiété intermittente (lors de l’isolement d’un animal souffrant d’anxiété de séparation ou d’hyperattachement secondaire), l’animal défèque en marchant, formant de petites taches de selles molles à liquides dispersées un peu partout. Là encore, le système dopaminergique est principalement mis en jeu.

Des colites fonctionnelles, probablement liées à un état anxieux, mais évoluant de façon chronique sans être une source de malpropreté, donnent des selles glaireuses et des flatulences. L’origine comportementale de ces troubles est beaucoup plus délicate à mettre en évidence, car ils sont plus ou moins constants et non associés directement à des crises anxieuses.

Le “syndrome de l‘intestin irritable” est provoqué ou aggravé par l’anxiété

Un syndrome, proche du SCI décrit en médecine humaine, peut être associé à l’anxiété. Dans le cas du chien, il convient plutôt de parler du syndrome de l’intestin irritable (SII), car l’ensemble du tube digestif semble impliqué dans le processus.

Chez l’homme, la physiopathogénie du SCI impliquerait une dysmotricité digestive et une hypersensibilité viscérale, avec une diminution du seuil de perception de la douleur. Deux principales hypothèses l’expliquent : d’une part une origine sensitive avec un trouble de la perception de la douleur, d’autre part une piste immunitaire. En effet, des mastocytes sont retrouvés en quantité augmentée au niveau de la muqueuse intestinale lors de SCI et des dégranulations importantes entraînent une hypersensibilité et une augmentation des contractions abdominales (à mettre peut-être en relation avec une hypothèse d’allergie alimentaire). La douleur et le mal-être engendrent un stress qui maintient, voire aggrave le processus.

La pathogénie chez le chien est proche de celle observée chez l’homme. La présence de lésions inflammatoires non spécifiques à la biopsie ne doit pas faire exclure une origine comportementale comme facteur aggravant, mais aussi comme cause primaire. En effet, une diarrhée chronique ancienne finit par provoquer secondairement des lésions des muqueuses.

La symptomatologie du SII canin est dominée par une évolution chronique, avec des crises : douleur abdominale importante, distension et palpation douloureuse, diarrhée mucoïde en alternance avec de la constipation, du ténesme, des borborygmes. Des dyspepsies associées sont parfois notées.

De nouveaux traitements de l’hypersensibilité viscérale sont prometteurs

Le traitement classique fait appel à une alimentation hypoallergénique, des spasmogènes (lopéramide) ou des antispasmodiques anticholinergiques (prifinium) ou musculotropes (phloroglucinol). De nouveaux traitements de l’hypersensibilité viscérale sont prometteurs, comme les antagonistes de la sérotonine (alosétron, ondansétron) ou les agonistes des récepteurs kappa aux opiacés (fédotozine).

L’utilisation d’immunomodulateurs à faible dose, comme la prednisolone (0,1 mg/kg/j), permettrait de diminuer la dégranulation des mastocytes tout en limitant les effets secondaires. Une thérapie de rééducation sphinctérienne, selon le même principe que l’apprentissage de la propreté chez le chiot, améliore aussi bien souvent le vécu quotidien des propriétaires. D’autres causes de malpropreté fécale liées au comportement peuvent être mentionnées. Même s’il ne s’agit pas à proprement parler de troubles digestifs, les propriétaires les vivent comme tels :

- l’incapacité du chien phobique (ou syndrome de privation sensorielle) à faire ses besoins dehors en raison d’une peur trop marquée. L’animal les fait à la maison, une fois au calme ;

- l’incapacité du chien hyperactif à faire ses besoins dehors, car il s’intéresse trop à l’environnement et à ses multiples stimuli. Une nouvelle fois, le chien fait ses besoins à la maison, lorsqu’il n’est plus stimulé ;

- la malpropreté de marquage du chien qui présente un trouble de la hiérarchie.

Même s’ils n’en sont pas la cause principale, les troubles du comportement doivent entrer dans le diagnostic différentiel des troubles digestifs chroniques et ne plus être une hypothèse par défaut.

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