La reconnaissance d’un spécialiste passe-t-elle nécessairement par un diplôme ? - La Semaine Vétérinaire n° 1195 du 24/09/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1195 du 24/09/2005

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En France, on achète son diplôme 1 500 € !

Marc-Albert Blaiset chirurgien itinérant en région normande.

La France a, gratuitement, la possibilité de faire reconnaître ses spécialistes par les Collèges européens. Ils sont constitués de gens qui ont fait leurs preuves et proposent depuis des années un système correct d’évaluation des candidats, en évacuant souvent les querelles de clocher et le copinage par la diversité et l’internationalité des jurys.

Nous n’en voulons bien entendu pas, ce qui est déjà impensable, et nos dirigeants pondent un système de titre à la française émis par les écoles vétérinaires, sans mettre à leur disposition les moyens suffisants pour le faire.

Sauf erreur de ma part, nous sommes les seuls en Europe à tenir ce discours, alors qu’ailleurs, des solutions valables existent.

Puisque le système ne fonctionne manifestement pas, notre pays crée maintenant une “spécialisation de fait”. Elle vise à avaliser des spécialistes qui, comme ceux de notre équipe, ont la confiance de centaines de référents depuis des années et trouveraient courtois la reconnaissance de leurs compétences par un titre. Ce qui corroborerait ainsi la réussite de leur activité et le jugement des confrères généralistes, les principaux intéressés. Las ! Pour entraver cette concurrence (surtout celle des itinérants), la barre financière est placée à 1 500 € pour une première analyse de dossier, sous le prétexte ridicule que c’est le prix de base d’une formation diplômante.

Donc ceux qui ont déjà payé pour se former doivent maintenant acheter leur diplôme au lieu de l’obtenir au mérite !

Là encore, c’est une première française. Et je ne parle pas du probable copinage, qui déterminera l’obtention de ce pseudo-diplôme ou le rejet de la candidature.

Le généraliste n’a rien à gagner avec ce système :

comment ce confrère polyspécialiste, attaqué pour le décès d’un animal opéré d’un pyomètre, se défendra-t-il devant le juge, alors qu’il ne figure pas lui-même sur la liste des vétérinaires “qualifiés” et n’a pas référé le cas ?

Ce système, mal ficelé depuis vingt ans qu’il se met en place, n’est réclamé par personne, sauf par quelques confrères attirés par le prestige d’un titre ronflant. Le plus fort est que l’Ordre des vétérinaires (dont j’ai l’honneur d’être un vice-président régional) botte en touche au lieu d’intervenir auprès des ministères concernés pour faire cesser ce scandale.

Alors vers qui faut-il se tourner maintenant avant que ces magouilles ne continuent ad vitam ? Nicolas Sarkozy, dieu ou le diable ?

Arrêtons de refaire moins bien ce qui existe déjà

Juliette Besso, consultante en échographie/imagerie, diplômée de l’ECVDI.

Oui, cette reconnaissance passe par un diplôme et surtout par une formation de qualité. Je suis diplômée du Collège européen et admissible à l’examen américain (board) d’imagerie, ce qui indique que j’ai suivi une formation conforme à leurs deux standards respectifs. Les Collèges européens et américains sont bien organisés, avec des responsables de l’accréditation des formations (trois ans minimum) et de l’examen qui élaborent programme, banque de questions et méthode de notation. Cela a nécessité beaucoup d’énergie et de travail. Ce qui est fait ne devrait plus être à faire.

A l’heure de l’Europe, le concept de diplôme franco-français est nombriliste, chauvin et peu performant. Le jury de cet examen sur dossier n’est curieusement pas un spécialiste reconnu et diplômé des Collèges... mais un non-spécialiste et un administratif non-vétérinaire. De plus, il faut payer 1 500 € pour éventuellement avoir le droit de se proclamer “spécialiste” dans le bottin. Sans compter que la mise en place de cet examen utilise les deniers nationaux, les nôtres ! Quelle mascarade et quel gâchis ! Il est grand temps de suivre les Anglo-Saxons, qui tirent le concept vers le haut, et d’arrêter de refaire moins bien ce qui existe déjà. Je ne perdrai ni mon temps, ni mon argent pour ce “diplôme”-là. La reconnaissance des confrères qui apprécient la valeur de ma formation me suffit bien.

Je préfère l’expérience à un CV avec diplôme

Marc Ribeaucourt, praticien canin à Antony (Hauts-de-Seine).

A la clinique, nous faisons régulièrement appel à des itinérants dans des domaines variés. Plusieurs critères conduisent nos choix parmi ces “spécialistes” : la disponibilité, le relationnel, mais avant tout les compétences. A ma connaissance, ceux qui travaillent avec nous n’ont aucun diplôme de “spécialiste”reconnu pour l’heure en France. Néanmoins, tous ont acquis des connaissances certaines par des parcours différents : des diplômes étrangers (américains ou européens) ou français non reconnus, mais surtout une expérience indéniable. De fait, leurs qualités humaines et professionnelles font que je me moque bien qu’ils puissent me présenter un CV arborant un DESV.

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