L’étude du comportement du cheval doit d’abord différencier le normal du pathologique

La peur chez le cheval de sport » était le thème du premier congrès international d’éthologie équine, organisé par l’Association vétérinaire équine française (Avef), avec le soutien de l’école vétérinaire de Nantes. Un sujet fédérateur, comme en ont témoigné l’écoute attentive et les nombreux débats qui ont enrichi les interventions. La rencontre a affiché son ambition internationale avec des conférenciers venus d’Australie, d’Espagne, des Etats-Unis, de France ou encore du Royaume-Uni. Cette diversité a permis la confrontation d’approches différentes.

Le cheval a une tendance naturelle au comportement d’évitement

« Le cheval est une proie. En conséquence, il est doté d’un équipement sensoriel développé et d’une tendance naturelle aux comportements d’évitement », a insisté en préambule Vincent Boureau, responsable de l’organisation du congrès. Mais l’anxiété ne doit pas être perçue uniquement comme pathologique. Un point important est la réversibilité et la possibilité de changer d’état réactionnel.

L’abord de l’éthologie équine peut être délicat, car les signes d’appel sont parfois essentiellement physiques et non comportementaux. En outre, il est difficile de disposer de paramètres biologiques directement corrélés à un état d’anxiété précis, bien que des études apportent désormais un éclairage. La prolactine est considérée comme un témoin intéressant, comme l’a développé Brigitte Siliart, professeur à l’école de Nantes. Elle est toutefois restée prudente sur les corrélations réductrices qui pourraient être effectuées. Dans la gestion des troubles comportementaux, il convient aussi d’identifier les causes organiques et les éléments d’aggravation (erreurs dues au propriétaire, etc.), d’observer l’environnement. Ensuite, le « traitement doit être simple, organisé et acceptable », a souligné Patrick Pageat.

La prise en charge thérapeutique se heurte à certains écueils

Une table ronde a réuni des intervenants de profils différents (des enseignants, des chercheurs, des praticiens, une cavalière et un juge international), illustrant l’ampleur que prend le comportement en médecine équine. Une importance encore accentuée par le fait que l’étude des troubles comportementaux présente aussi un intérêt en termes de performances sportives. En outre, certains désordres sont parfois à l’origine d’euthanasie. L’importance de leur prévention ou de leur gestion prend donc tout son poids.

Les possibilités thérapeutiques face aux affections comportementales se heurtent souvent à plusieurs écueils : leur coût particulièrement élevé, l’absence d’autorisation de mise sur le marché (AMM) validée dans l’espèce équine, mais aussi les conséquences en termes de dopage. A l’heure actuelle, aucun essai clinique concernant l’utilisation des psychotropes chez les chevaux n’a été mis en œuvre. Les études réalisées sont essentiellement d’ordre testimonial.