La valeur de la sélection réside dans la capacité à produire des sujets conformes au type racial - La Semaine Vétérinaire n° 1193 du 10/09/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1193 du 10/09/2005

Elevage canin

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Raphaèle Dupré

La sélection est synonyme d'amélioration. Toutefois, l'excès de consanguinité pratiqué sur une population aux effectifs réduits est une source de risques et d'apparition de handicaps importants.

Le principe de sélection réside dans le choix et l'utilisation de reproducteurs « en vue de la conservation et de l'amélioration d'une population donnée », selon les termes de Bernard Denis, président de la Société d'ethnozootechnie. Dans les faits, sélection est devenue synonyme d'amélioration, c'est-à-dire l'obtention d'une « population nouvelle issue de la précédente pour tout ou partie et mieux adaptée qu'elle aux objectifs visés », d'après Jean-Charles Sournia, professeur de médecine, membre de l'Académie de médecine.

Le sujet sélectionné doit posséder une valeur additive en qualité de production, qui est exploitée par l'utilisation préférentielle de cet animal (valeur additive qualifiée de phénotypique) ou par l'intermédiaire d'individus apparentés, qu'ils soient ascendants, collatéraux ou descendants (la valeur est alors qualifiée de génotypique).

En cynotechnie, la valeur additive se manifeste en général par des caractères quantitatifs (morphologiques surtout), qui dépendent de plusieurs gènes, plus ou moins héritables selon la race et les conditions de milieu. Plus rarement, notamment pour des caractères pathologiques, l'hérédité est monogénique.

En élevage canin, il est possible d'utiliser deux méthodes de sélection

L'exogamie consiste à choisir comme reproducteurs des chiens qui n'ont aucun ancêtre commun sur cinq générations, ce qui est rarement le cas en élevage. Des chiens considérés comme “des améliorateurs” sont accouplés au hasard, les meilleurs entre eux ou les meilleurs avec les moins bons dans l'espoir d'obtenir une population homogène. Les effets sont longs à apparaître et cette technique, inadaptée à la production de champions, n'est presque pas employée.

La méthode la plus couramment mise en œuvre est l'endogamie. Elle consiste à accoupler des chiens descendants les uns des autres ou issus de parents communs, afin d'exploiter des géniteurs qui ont entre eux des degrés de parenté plus ou moins étroits. Pour fixer un caractère dans une race, la consanguinité doit d'abord être étroite pour s'élargir ensuite, car elle augmente l'homozygotie et diminue la variabilité génétique au sein du groupe qui subit la pression sélective. Pour cette raison, confondre les intérêts d'un élevage (effectif restreint) et ceux de la race à laquelle il appartient (effectif beaucoup plus large) est une source de dérive génétique.

La consanguinité dans un effectif réduit peut entraîner des risques

Une race constituée ou reconstituée à partir de quelques individus, ou qui accorde à des sujets fortement apparentés un avantage sélectif substantiel, a davantage valeur de souche, voire de lignée que de race. Elle subit de ce fait une pression génétique forte, entraînant, par dérive génétique, l'émergence de caractères liés à des gènes récessifs, en particulier délétères, donc d'affections héréditaires. Acceptable au niveau d'un élevage, la consanguinité se révèle dangereuse à l'échelle de la race. Pour cette dernière, il est souhaitable de conserver une variabilité génétique compatible avec la pression de sélection exercée dans les élevages.

La sélection sur le choix de géniteurs indemnes d'endocardiose mitrale chez le cavalier king Charles spaniel, chez des sujets apparentés pour nombre d'entre eux, s'est traduite par l'émergence de la syringomyélie dans la race en quelques années. Par ailleurs, le recours préférentiel à deux étalons prestigieux (l'un est Européen, l'autre Nord-Américain) atteints d'une rétinopathie spécifique à la race du lévrier barzoï a entraîné de nombreux cas de cette affection il y a une vingtaine d'années, au sein d'une population consanguine de petit effectif, presque uniquement chez des mâles.

La recherche d'hypertypes conduit à l'apparition de chiens “handicapés”

Les relations entre les standards de races, la recherche, les récompenses de champions hypertypés et la santé du chien devraient maintenant inciter les producteurs à la prudence et à la mesure. Le volume du crâne responsable de dystocies chez les brachycéphales, celui des yeux associé au peu de profondeur orbitaire et à la conformation des paupières chez ces mêmes chiens, les postérieurs droits assortis d'une démarche “en échasses” chez le chow chow et les affections pluri-articulaires qui en découlent, la course au gigantisme et au nanisme avec son cortège de maladies associées (ostéo-articulaires, cardio-vasculaires, nerveuses, etc.) ou encore les atteintes cutanées qui résultent des excès de peau sont autant d'exemples qui doivent faire prendre conscience que l'hypertype est l'ennemi du type.

Autant la saine émulation entre cynophiles qui s'exprime dans la recherche accomplie de “types” est estimable, autant les dérives engendrées par la course à l'hypertype sont condamnables. Seule la folie des hommes peut expliquer la production de sujets incapables de se mouvoir, de respirer, de voir, et la distinction étonnante de certains de ces chiens au rang de champions internationaux de beauté. Fort opportunément, la prise de conscience du monde de l'élevage et la législation européenne, qui assimile justement certaines de ces pratiques à de mauvais traitements infligés aux animaux, devraient contribuer à infléchir ce type de comportement.

CONFÉRENCIER

Gilles Chaudieu, praticien à la clinique vétérinaire Beaulieu (Chamalières, Puy-de-Dôme).

D'après une conférence présentée lors du congrès de l'Afvac, organisé à Paris-La Défense du 10 au 12 décembre 2004.

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