La métrite puerpérale aiguë touche 10 % des vaches dans les deux semaines post-partum - La Semaine Vétérinaire n° 1193 du 10/09/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1193 du 10/09/2005

Affection de l'appareil génital bovin

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Catherine Bertin-Cavarait

Une hyperthermie transitoire et des écoulements vaginaux mucopurulents constituent des symptômes de cette affection qui se traite préférentiellement par voie systémique.

La métrite puerpérale aiguë a des incidences économiques qui sont loin d'être négligeables. Elles s'élèvent en moyenne à 6 € par vache présente et par an. Cette affection a de nombreuses conséquences sur la reproduction. Les vaches atteintes ont plus fréquemment des kystes ovariens, des chaleurs silencieuses, des phases lutéales prolongées. Chez la moitié des animaux affectés, la métrite devient chronique. Cette affection des bovins est largement sous-diagnostiquée. Son incidence serait plus proche de 10 % que du taux déclaré de 2 %.

Lors des journées nationales des Groupements techniques vétérinaires (GTV), organisées du 25 au 27 mai dernier, notre consœur Sylvie Chastant-Maillard a rappelé l'ensemble des critères qui définissent une métrite puerpérale aiguë. Elle a souligné à plusieurs reprises que la maladie ne se limite pas aux formes graves, toxiques, septicémiques ou gangréneuses qui surviennent généralement dans les trois jours qui suivent le vêlage. Elle se produit pendant les quatorze jours post-partum. Au-delà, il s'agit d'une autre entité pathologique, la métrite chronique post-partum.

La métrite puerpérale aiguë se manifeste par une hyperthermie transitoire (39,5 °C), de l'abattement, de l'anorexie, des écoulements vaginaux mucopurulents nauséabonds et sanieux, ainsi qu'une vulve gonflée. A la palpation transrectale, l'utérus est flasque, non contractile, parfois cartonné. Les mortalités sont rares, sauf pour les formes particulièrement graves.

Trois raisons peuvent expliquer le déficit de diagnostic de cette affection : 30 % des vaches atteintes guérissent spontanément ; l'éleveur pratique l'automédication lorsque la maladie est diagnostiquée ; le caractère anormal d'un écoulement vaginal et les critères de différenciation ne sont pas définis.

L'amélioration du dépistage d'une métrite puerpérale aiguë passe par la mise en évidence de l'hyperthermie transitoire, puis par l'examen systématique de l'appareil génital à partir d'une température de 39,5 °C, ainsi que par une surveillance accrue des animaux à risque. Les facteurs de risque d'apparition de la maladie sont essentiellement obstétricaux : un avortement, une gestation gémellaire ou longue, un veau mort-né, l'induction de la parturition, une dystocie, des lésions inflammatoires de l'appareil génital, une rétention placentaire et un prolapsus utérin.

Une association bactérienne pernicieuse, non spécifique

Pendant les six semaines post-partum, la contamination bactérienne de l'utérus est physiologique et normalement jugulée par les défenses immunitaires intra-utérines (voir figure page 48). La métrite puerpérale aiguë est provoquée à la suite du dépassement de ces défenses par la prolifération bactérienne.

Escherichia coli est l'initiateur de la prolifération bactérienne excessive (voir figure 2). La bactérie facilite l'installation et le développement d'Arcanobacterium (pyogenes). Le pouvoir pathogène de ce dernier est favorisé par l'installation de Bacteroides spp et Fusobacterium necrophorum. F. necrophorum et B. melaninogenicus inhibent la phagocytose d'A. pyogenes et inversement. A. pyogenes synthétise un facteur favorable au développement de F. necrophorum. « Il existe une bonne relation entre l'hyperthermie et la contamination microbienne », précise Sylvie Chastant-Maillard.

L'installation de cette combinaison bactérienne non spécifique serait favorisée par une défense immunitaire utérine altérée. En effet, les capacités phagocytaires de l'utérus des animaux atteints de métrite puerpérale aiguë sont diminuées avant le part.

Les dystocies abaissent la blastogenèse des lymphocytes périphériques, tout comme la délivrance manuelle. « Lors de rétention placentaire, il faut absolument abandonner la délivrance manuelle », insiste notre consœur.

Le choix du traitement repose sur la recherche de trois objectifs

La démarche du praticien consiste à rechercher l'amélioration de l'état général de l'animal, l'élimination du contenu utérin contaminé et à mettre en place une antibiothérapie efficace.

L'état de l'animal atteint de métrite puerpérale aiguë est nettement amélioré par l'administration de l'anti-inflammatoire flunixine-méglumine qui possède une activité antitoxines et semble accélérer l'involution utérine.

La vidange “médicale” de la lumière utérine est limitée. L'utérus est sensible à l'ocytocine trois jours avant et trois jours après le part. En dehors de cette période, l'administration d'ocytocine n'induit pas d'activité myocontracturante. Elle est donc sans intérêt. Dans les cas graves, constatés à une date proche de la mise bas, l'administration de 20 UI d'ocytocine par voie intramusculaire, trois à quatre fois par jour pendant deux à trois jours, peut être envisagée. Concernant l'intérêt d'une injection précoce lors de facteurs de risque constatés, « les résultats sont controversés », précise Sylvie Chastant-Maillard.

Les dérivés de l'ergot de seigle ne présentent pas d'intérêt dans le traitement de la métrite puerpérale aiguë.

Les prostaglandines PgF2a ne seraient pas aussi myocontracturantes qu'il y paraît et n'auraient pas d'utilité avant quinze à vingt jours post-partum. Néanmoins, leur administration précoce (J8), en plus d'un traitement au ceftiofur, améliorerait la fertilité des primipares.

L'élimination du contenu utérin par lavage, suivi d'un siphonnage, n'a pas d'intérêt (il est même risqué), sauf pour les formes graves qui surviennent immédiatement après le part.

Le traitement antibiotique doit répondre à quatre exigences :

– atteindre, dans l'utérus, des doses supérieures aux concentrations minimales inhibitrices (CMI) des germes en cause : E. coli, A. pyogenes, les germes Gram négatif ;

– être efficace en milieu anaérobie ;

– rester efficace en présence de débris organiques.

Les résidus dans le lait et les tissus doivent être les plus limités possibles.

Ces contraintes éliminent les sulfamides, qui sont inhibés par les débris organiques. Il en est de même pour les aminosides qui nécessitent en outre de l'oxygène.

Mieux vaux privilégier la voie systémique par rapport à la voie intra-utérine

Classiquement utilisé lors du traitement des métrites en général, le recours à la voie intra-utérine est controversé. Il présente plusieurs inconvénients dans le traitement de la métrite puerpérale aiguë. En effet, les concentrations thérapeutiques ne sont pas atteintes dans tous les secteurs de l'appareil génital, en particulier les oviductes, les ovaires et la paroi utérine. La pénétration dans les couches profondes de l'utérus et la diffusion vers la circulation générale est diminuée en période puerpérale pour de nombreux antibiotiques (sulfaméthazine, oxytétracycline, pénicilline G et dihydrostreptomycine).

L'administration locale d'antibiotiques abaisserait l'activité phagocytaire intra-utérine. En outre, le renouvellement des administrations intra-utérines est une source de contamination du milieu utérin.

Un traitement antibiotique systémique répond mieux aux exigences de traitement de la septicémie et de concentrations thérapeutiques au niveau de l'ensemble de l'appareil génital. Tétracyclines et céphalosporines sont actives (voir figure 3). Les essais comparatifs entre ces deux familles n'ont pas montré de différence d'efficacité pour la guérison clinique. Dans tous les cas, le taux de guérison clinique à J15 est de l'ordre de 70 à 80 %. Néanmoins, des résistances des bactéries intra-utérines à l'oxytétracycline sont signalées et la température chute plus rapidement lors de traitement au ceftiofur. L'intérêt économique (reprise de la production laitière, fertilité ultérieure, incidence des infections associées) des deux traitements reste à évaluer.

Faut-il envisager un traitement systématique des animaux à risque, par exemple, lors de rétention placentaire, d'extraction forcée, de déchirures vaginales ? Les résultats sont séduisants. Néanmoins, la systématisation d'un traitement antibiotique pose le problème de l'utilisation raisonnée des antibiotiques en élevage.

CONFÉRENCIÈRE

Sylvie Chastant-Maillard, maître de conférences à l'école vétérinaire d'alfort.

D'après la conférence « Métrite puerpérale aiguë chez la vache : traitement et prévention », présentée lors des journées nationales des groupements techniques vétérinaires, du 25 au 27 mai 2005.

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