Vaccins et vaccination du chat - Ma revue n° 1618 du 01/02/2015 - Le Point Vétérinaire.fr
Ma revue n° 1618 du 01/02/2015

Formation

MÉDECINE CANINE

Auteur(s) : Élodie Goffart

Fonctions : docteur vétérinairedocteur vétérinaire

CONTEXTE

– Comme pour le chien1, la protection vaccinale du chat est possible contre un éventail d’affections plus ou moins graves et fréquentes.

Tour d’horizon des principales maladies infectieuses contre lesquelles il existe des vaccins.

La vaccination vise à protéger le chat contre les maladies infectieuses auxquelles il peut être exposé en France. Ainsi, il serait opportun de vacciner tous les chats, y compris ceux qui vivent à l’intérieur, contre le coryza et la panleucopénie infectieuse féline. Pour les animaux ayant accès à l’extérieur, la vaccination contre la leucose féline est recommandée. Pour ceux qui se trouvent en collectivité, il convient de discuter de l’intérêt de la vaccination contre la chlamydiose. Enfin, comme chez le chien, la vaccination contre la rage reste obligatoire dans certains cas.

LE CORYZA CONTAGIEUX FÉLIN

Le coryza contagieux félin correspond à un syndrome infectieux des voies respiratoires supérieures. Très contagieux, il affecte surtout les jeunes, les chats non vaccinés ou vivant en collectivité.

La maladie

Le coryza est dû à une association de malfaiteurs. Plusieurs agents pathogènes sont impliqués : deux virus (l’herpès­virus félin de type 1 et le calicivirus félin) et des bactéries (Chlamydophila felis et, éventuellement, Pasteurella sp. et Bordetella bronchiseptica).

Le chat s’infecte de manière directe en côtoyant un congénère malade, via ses sécrétions, ou indirecte par contact avec du matériel contaminé (écuelles, litière, personnes). Le plus résistant dans le milieu extérieur est le calicivirus félin. Au contraire, l’herpèsvirus et les Chlamydophila sont moins stables dans l’environnement.

Le problème du coryza réside dans l’existence d’un réservoir de l’infection constitué par des animaux ayant été précédemment malades et qui, une fois guéris, restent porteurs sains excréteurs pendant des mois, voire des années. Ainsi, l’herpèsvirus s’installe dans les ganglions prémandibulaires du chat pour toute sa vie. Lors d’un stress physique de l’organisme (parasitose importante, gestation, autre maladie) ou psychique (adoption, changement de propriétaire, déménagement, changement de la structure familiale), le virus se réactive pendant 2 semaines environ. Ce phénomène s’accompagne, le plus souvent, de signes cliniques modérés et l’animal est contagieux pour ses congénères.

Les principaux symptômes du coryza sont une anorexie, un abattement, de la fièvre, des éternuements et, parfois, une déshydratation. Les signes sont souvent plus sévères chez les chatons et les animaux non vaccinés. Ils diffèrent selon l’agent principal impliqué.

Les vaccins

Actuellement, en France, les vaccins disponibles contre le coryza contiennent des souches de virus vivants atténués ou inactivés. Ils permettent de limiter la gravité des signes cliniques, mais n’empêchent ni l’infection ni le portage chronique. De plus, la grande variabilité antigénique du calicivirus rend difficile la fabrication de vaccins couvrant la totalité des virus rencontrés dans la nature. Il est donc compréhensible, et parfois difficile à expliquer aux propriétaires, que des animaux vaccinés soient tout de même atteints d’un coryza.

Le protocole de vaccination recommandé prévoit deux injections à 1 mois d’intervalle la première année, à partir de l’âge de 9 semaines, puis des rappels annuels.

La vaccination contre la chlamydiose (vaccins vivants atténués ou inactivés) s’effectue en plus de celle contre le coryza classique. Elle est recommandée dans les collectivités (chatteries, élevages), mais ne doit pas être réalisée systématiquement en raison des effets secondaires qu’elle occasionne, surtout chez les animaux jeunes ou âgés.

LA PANLEUCOPÉNIE INFECTIEUSE FÉLINE

Également appelée typhus, cette maladie infectieuse est due au parvovirus félin.

La maladie

Le parvovirus provoque une gastro-entérite sévère accompagnée d’anorexie, de dépression, de vomissements et de déshydratation. Parfois asymptomatique chez l’adulte, la maladie entraîne quasiment systématiquement la mort chez le chaton.

La panleucopénie infectieuse féline constitue un vice rédhibitoire lors de la vente d’un chat. Il importe donc pour le vétérinaire et son équipe de reconnaître cette infection si elle se déclare dans les 5 jours après l’achat afin que l’acquéreur effectue les démarches nécessaires auprès du vendeur.

La transmission s’effectue de manière directe et indirecte. Le virus est excrété dans toutes les sécrétions de l’organisme (les fèces, en particulier) pendant plusieurs semaines. À l’instar du parvovirus canin, il est extrêmement résistant dans le milieu extérieur.

Les vaccins

Les vaccins actuellement disponibles en France contre le typhus sont, pour la plupart, préparés avec du parvovirus félin vivant atténué. La vaccination est donc contre-indiquée chez les femelles gravides.

Le protocole de vaccination comprend deux injections de primovaccination à partir de l’âge de 8 à 9 semaines, à 3 ou 4 semaines d’intervalle. Les rappels suivants sont espacés de 1, 2 ou 3 ans selon le fabricant.

LA LEUCOSE FÉLINE

La maladie

La leucose féline est due à un rétrovirus, c’est-à-dire un virus qui s’insère dans l’ADN des cellules infectées. La transmission s’effectue par voie sexuelle, salivaire (léchage mutuel, morsure) et également de la mère au chaton pendant la gestation ou la lactation.

Après la contamination initiale, trois situations sont possibles :

→ 30 % des chats guérissent spontanément et éliminent totalement et définitivement le virus ;

→ 40 % des animaux sont infectés de manière transitoire, deviennent excréteurs occasionnels, mais ne restent pas malades;

→ les 30 % restants sont infectés de façon persistante et deviennent excréteurs permanents du virus. L’issue de l’infection est alors fatale à plus ou moins long terme (seuls 37 % des chats sont toujours vivants au bout de 2 ans).

À la suite de la primo-infection, les animaux présentent les symptômes suivants : fièvre, ganglions hypertrophiés, troubles hématologiques variés. Ces signes persistent quelques semaines puis disparaissent. Ils passent parfois inaperçus. Ensuite, l’animal redevient asymptomatique. Au bout de quelques mois ou années, la maladie se déclare vraiment, provoquant des troubles hématologiques, des affections néoplasiques ainsi que des infections opportunistes (péritonite infectieuse, coryza, toxoplasmose, hémobartonellose, cryptococcose, surinfections bactériennes).

Les vaccins

Les vaccins actuellement disponibles en France pour la prévention de la leucose féline sont de différente nature. Certains sont produits à partir du virus entier, inactivé et adjuvé. D’autres ne contiennent que des fragments viraux (protéine P45, antigène GP70), également adjuvés. Il existe également un vaccin à agent vivant vectorisé non adjuvé.

Le protocole de primovaccination comprend deux injections à partir de l’âge de 8 à 9 semaines et espacées de 2 à 4 semaines environ. Les rappels sont ensuite effectués de manière annuelle.

LE FIV OU SIDA DU CHAT

Le FIV est le virus de l’immunodéficience féline, d’où son appellation de “Sida du chat” en référence à celui d’immunodéficience humaine (HIV).

Comme le virus de la leucose féline, le FIV est un rétrovirus qui s’installe dans les cellules de son hôte et qui, après une période de primo-infection parfois asymptomatique, persiste à l’état latent dans l’organisme pendant des mois ou des années. Lorsque la phase symptomatique se déclenche, l’évolution est alors rapide. Aucun traitement n’est disponible.

Un vaccin est commercialisé aux États-Unis, mais pas en Europe. Son intérêt est controversé car il interfère avec les tests de dépistage de la maladie et n’offre pas de protection complète.

LA RAGE

La rage est une zoonose mortelle due à un rhabdovirus excrété dans la salive des animaux infectés.

La maladie

La contamination s’effectue par morsure, griffure ou léchage. Le virus gagne alors les tissus nerveux périphériques et se propage jusqu’au cerveau. La maladie se présente sous deux formes chez le chat : “furieuse” ou “paralytique”. Dans la première, les symptômes sont une hyperesthésie, des hallucinations, des problèmes de déglution (aquaphobie), une agressivité avec des tentatives de morsures, puis une paralysie progressive allant jusqu’aux muscles respiratoires et entraînant la mort. Dans la seconde, l’infection génère une paralysie progressive des différents muscles, mais sans agressivité.

Les vaccins

Tous les vaccins disponibles en France sont fabriqués à partir du virus rabique inactivé adjuvé. Une seule injection est nécessaire à partir de l’âge de 3 mois, puis le rappel est annuel.

La France est actuellement considérée comme indemne de rage. La vaccination antirabique chez le chat n’est obligatoire que pour les animaux qui voyagent hors du territoire métropolitain et pour ceux qui appartiennent à des assistantes maternelles agréées.

La vignette du vaccin est à apposer dans le passeport, et le chat doit obligatoirement être identifié.

LA VACCINATION EN PRATIQUE

Lorsqu’un client appelle pour prendre rendez-vous pour la vaccination de son chaton, il importe de demander la date de naissance de l’animal. En effet, il est conseillé d’attendre l’âge de 2 mois pour réaliser la première injection vaccinale. Avant 8 semaines, les anticorps de la mère vaccinée interfèrent avec le vaccin et ne permettent pas une bonne réponse immunitaire de l’organisme du chaton. Le rappel de primovaccination est effectué 1 mois plus tard, puis le rappel est annuel.

Le propriétaire repart de la visite vaccinale avec un carnet de vaccination dûment rempli. Les dates des injections sont renseignées, les valences effectuées précisées et les vignettes collées.

Si le chat doit être vacciné contre la rage en raison d’une obligation légale, la délivrance d’un passeport et l’identification de l’animal sont obligatoires pour attester la validité de la vaccination. Attention, le format des passeports a changé depuis janvier 2015. Il n’est plus possible de délivrer les anciennes versions.

Une étiquette mentionnant la date du prochain vaccin est collée si possible sur la pochette en plastique du carnet à destination du propriétaire. Une carte est également adressée au propriétaire l’année suivante afin de lui signaler que la vaccination nécessite des rappels pour rester efficace.

Au moment de la vaccination de l’animal, le vétérinaire ou son auxiliaire prépare le vaccin. Il est recommandé de sortir les flacons 15 minutes avant la visite afin que le liquide soit à température ambiante au moment de la préparation du vaccin. Le mélange des flacons s’effectue à l’aide d’une seringue et d’une aiguille. Il est ensuite préférable de changer d’aiguille pour l’injection proprement dite, afin que l’acte soit le plus atraumatique possible. Cette précaution est essentielle en raison des risques de réaction locale au point d’injection chez le chat, susceptible d’évoluer en fibrosarcome (voir encadré ci-contre). Les effets secondaires généraux (hyperthermie, par exemple) sont rares chez le chat.

La vaccination est toujours précédée d’un examen clinique minutieux afin de vérifier que l’animal est en bonne santé et apte à subir cet acte.

  • 1 Voir supplément ASV n° 85 de janvier 2015 en pages 16 à 18.

LA VISITE VACCINALE

Lors de la visite vaccinale, le vétérinaire réalise un examen clinique complet et minutieux. Il s’intéresse particulièrement à l’état des dents, car les gingivites virales sont fréquentes et douloureuses chez le chat, même si les propriétaires ne s’en rendent pas toujours compte. Le seul signe d’appel est parfois une perte de poids. Chez les femelles, même si la fréquence des tumeurs mammaires est beaucoup moins élevée que chez la chienne, le praticien vérifie l’état des mamelles. La détection d’une tumeur mammaire est généralement de mauvais pronostic chez la chatte, car 95 % d’entre elles sont des adénocarcinomes métastatiques d’évolution rapide. Le comportement du félin et ses habitudes (saut sur les meubles ou les rebords de fenêtres, positions pour dormir), ainsi que l’état de la peau et du pelage (présence de nœuds dans les poils, absence de comportement de toilettage) sont de bons indicateurs d’éventuels problèmes d’arthrose dont les symptômes sont plus frustres chez le chat que chez le chien.

Le suivi antiparasitaire externe et interne de l’animal, selon son âge et son mode de vie (accès à l’extérieur ou non, prédation de petites proies), est également revu.

À l’arrivée dans l’âge senior, il importe de reparler d’alimentation, en conseillant une nourriture spécifique au taux de protéines adapté, et de proposer un bilan sanguin rénal. En effet, un dépistage précoce d’un déclin de la fonction rénale permet d’instaurer rapidement des mesures hygiéniques, diététiques, voire médicamenteuses, adaptées. Ces dernières permettent de prolonger la vie de l’animal, autant quantitativement (plusieurs années) que qualitativement. Il est recommandé de proposer ce dépistage dès l’âge de 10 ans.

Un compte rendu de cette visite est remis au propriétaire. Ce dernier retrouvera ainsi facilement les informations importantes délivrées par le vétérinaire, le poids actuel de son chat, les recommandations nutritionnelles ou médicales et les éléments à surveiller d’ici à la prochaine visite.

LE FIBROSARCOME AU SITE D’INJECTION

Chez le chat, plus encore plus que chez le chien, la réaction locale inflammatoire au site d’injection est à surveiller attentivement. En effet, dans un certain nombre de cas, elle évolue en une tumeur mésenchymateuse de type fibrosarcome. Cette tumeur, localement très agressive, métastase heureusement assez peu. Les dernières recommandations chirurgicales préconisent une exérèse extrêmement large de la tumeur, ce qui évite la récidive dans la majorité des cas.

Les résultats des différentes études menées en Europe et aux États-Unis depuis des dizaines d’années sur le lien entre la vaccination et le fibrosarcome ne permettent pas de dégager un consensus clair. Il semblerait que les valences de la leucose et de la rage soient plus souvent impliquées, et que l’administration de vaccins adjuvés soit un facteur de risque supplémentaire.

Une prédisposition génétique de certains chats à développer une réaction locale importante est soupçonnée. Un déficit en certains médiateurs de l’inflammation serait impliqué. La commercialisation, dans quelques années, d’un test de dépistage génétique de ce type de déficit est à espérer. Celui-ci permettrait d’établir un rapport bénéfice/risque individuel pour chaque chat quant à l’intérêt de sa vaccination.

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