L’élevage félin en France - Ma revue n° 1586 du 01/05/2014 - Le Point Vétérinaire.fr
Ma revue n° 1586 du 01/05/2014

Dossier

Auteur(s) : Valérie Delteil-Prévotat

Fonctions : docteur vétérinaire.

Dès qu’une chatte a plus d’une portée par an, son propriétaire est considéré comme un éleveur professionnel et doit se plier à de nombreuses obligations légales. Au quotidien, la reproduction, la gestation puis le suivi des chatons lors des premières semaines de vie nécessitent quelques connaissances spécifiques.

En 2013, 30 269 demandes de pedigrees ont été enregistrées pour des chatons nés en France, soit deux fois plus qu’en 2003 ! Pour près de 90 % des éleveurs félins, l’élevage n’est pas l’activité principale. Pourtant, la plupart d’entre eux sont considérés comme des professionnels à part entière. En effet, la loi du 6 janvier 1999 qualifie d’éleveur professionnel toute personne qui fait naître et vend plus d’une portée par an, qu’elle exerce ou non une autre activité. Seuls 29 % d’éleveurs se situent en-dessous de ce seuil et sont classés dans la catégorie amateurs.

LA RÉGLEMENTATION

Avant de commencer son activité, un éleveur professionnel doit :

→ Obtenir un certificat de capacité par la validation d’une expérience en élevage de trois ans au minimum, par une équivalence de diplôme (les vétérinaires l’ont d’office, mais pas les auxiliaires) ou par la validation officielle d’un contrôle de connaissances et l’envoi d’un dossier sur le futur élevage à la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP, qui a repris les missions des ex-services vétérinaires).

→ Se déclarer au centre de formalités des entreprises de la chambre d’agriculture, généralement en entreprise individuelle pour les petits élevages ou en société pour les plus grands.

→ S’inscrire à la Mutualité sociale agricole (MSA) si le temps de travail consacré à l’élevage dépasse 1 200 heures par an (une cotisation de solidarité est due à partir de 150 heures annuelles).

→ Mettre aux normes ses locaux et faire valider le dossier par la DDCSPP. Attention, un arrêté en date du 3 avril 2014 et publié au Journal officiel le 17 avril dernier (n° 0091) remplace celui du 30 juin 1992.

→ Demander son affixe. Également appelé “nom de chatterie”, il désigne le “nom de famille” des chats qui naissent chez un même éleveur. Strictement personnel et unique, il doit être réclamé auprès du Livre officiel des origines félines (Loof), avant la première portée de préférence.

→ Faire venir un vétérinaire pour effectuer une visite sanitaire d’élevage. Celui-ci vérifiera alors les locaux, l’état des animaux, le fonctionnement de l’élevage et la bonne tenue des différents registres obligatoires. Le décret du 28 août 2008 fixe deux visites par an.

LE CHOIX DE LA RACE ET DES REPRODUCTEURS

Plus de 70 % des éleveurs félins n’élèvent qu’une seule race. Il s’agit généralement de celle qu’ils aiment le plus. Rares sont ceux qui la choisissent selon des critères objectifs (nombre de demandes, prix de vente, etc.).

L’éleveur doit posséder une femelle reproductrice au minimum. Le plus souvent, il en détient deux ou trois. La plupart des éleveurs ont aussi un ou plusieurs mâles. Cependant, certains font simplement saillir leurs chattes chez d’autres éleveurs. Ils évitent ainsi d’avoir à écarter les mâles lorsque ce n’est pas le moment d’avoir des chatons ou pour éviter les nombreux marquages des mâles entiers.

L’éleveur choisit ses reproducteurs selon différents critères :

→ Des caractères morphologiques : le reproducteur est le plus proche possible des critères de beauté de sa race pour les transmettre au mieux à ses chatons.

→ Des caractères génétiques : l’éleveur cherche à obtenir un taux de consanguinité entre ses mâles et ses femelles le plus bas possible, à éviter les tares, telles que la polykystose rénale, la cardiomyopathie hypertrophique, etc., et, parfois, à introduire dans son élevage de nouvelles couleurs ou dilution.

→ Des critères sanitaires : tests négatifs pour les rétroviroses (FIV, FeLV) et le coronavirus et vaccinations à jour.

→ De bons résultats en exposition.

→ Un bon caractère pour que le reproducteur soit sociable et manipulable, et pour que ses chatons héritent de ces caractéristiques.

LA REPRODUCTION

Selon les races, les chattes sont pubères entre 4 et 12 mois. Toutefois, il est préférable d’attendre un an et demi pour la reproduction, afin que les os soient bien consolidés, le bassin assez grand et la femelle suffisamment mature pour élever ses chatons.

Les mâles de races orientales peuvent être prêts dès 5 ou 6 mois. D’autres, tels que les persans, font patienter leurs propriétaires jusqu’à deux, voire trois ans avant d’effectuer une saillie correctement.

Chez la chatte, l’ovulation est provoquée par la saillie et intervient 24 à 36 heures après l’accouplement. L’œstrus dure en moyenne huit à dix jours.

Pour une saillie entre deux félins qui ne vivent pas chez le même éleveur, il est conseillé d’amener la chatte chez le mâle deux jours après le début des manifestations des chaleurs pour que ces dernières soient suffisamment bien installées et ne pas être coupées par le stress causé par le changement. Il convient ensuite de laisser les chats faire connaissance et d’attendre les premiers coïts. Il est possible de les mettre ensemble trois à cinq jours en continu ou, pour ne pas les fatiguer, les séparer régulièrement puis les réunir sur le même laps de temps.

Les coïts, chez les chats, durent quelques secondes. Le mâle monte sur le dos de la femelle, lui mord la nuque, la saillit, puis se retire, ce qui est assez douloureux pour la chatte. Cette dernière miaule alors généralement très fort, puis se roule sur le dos et se lèche la vulve.

Les chaleurs cessent six à sept jours après la première saillie. Il importe donc d’empêcher la chatte de fréquenter d’autres mâles par la suite afin d’éviter qu’elle ait des chatons de deux pères différents.

LA GESTATION ET LA MISE BAS

La gestation chez la chatte dure 60 à 70 jours (65 en moyenne). Dans les derniers jours, la chatte essaye souvent de préparer un nid dans un endroit caché et tranquille. Il est alors temps, si elle n’y est pas déjà, de l’installer dans le local de maternité. Celui-ci doit être tranquille, surtout très propre et chaud, et comporter une caisse de mise bas où la femelle sera à porté de main et dans laquelle les chatons ne seront pas en danger.

Au début de la mise bas, la chatte commence à gratter, puis se couche de tout son long. Des contractions visibles lui compriment l’abdomen. Certaines femelles poussent en parallèle de petits miaulements plaintifs. Un chaton finit par pointer le bout se son museau (ou de sa queue, puisque 50 % sortent normalement en siège chez cette espèce). La chatte perce la poche amniotique, puis lèche le petit, ce qui le sèche et le stimule sur le plan respiratoire. Le placenta sort après quelques nouvelles contractions, et la femelle coupe le cordon avec ses dents. Souvent, elle mange le placenta, ce qui lui donne de l’énergie pour les prochains jours sans avoir besoin de chercher de la nourriture.

L’intervalle entre la naissance de deux chatons est de 3 à 30 minutes. La mise bas globale dure de deux à huit heures s’il n’y a pas de complication ou de superfœtation (fœtus d’âges différents issus de plusieurs saillies).

L’éleveur vérifie ensuite que :

→ Il n’y a pas d’animal malformé, ni de moins de 80 g. Sinon, il seront biberonnés à part, car ils n’auront pas la force de lutter contre les autres chatons.

→ Tous les petits tètent dans les premières heures après la sortie du dernier chaton et, surtout, dans les 48 heures pour la prise du colostrum.

→ La mère les adopte tous bien. Sinon, il faut biberonner et materner ceux qui sont rejetés.

→ Les chatons grossissent régulièrement au quotidien et doublent leur poids en dix jours.

LE DÉVELOPPEMENT DES CHATONS

→ La période néonatale. Jusqu’à l’âge de 10 jours, les chatons sont immatures, aveugles, quasi-sourds et se déplacent uniquement par reptation pour manger. Ils sont incapables de maintenir leur température corporelle, ni d’éliminer de façon autonome. Pendant cette période, la chatte ne quitte quasiment pas ses petits auxquels elle s’est attachée dans les premières heures.

En cas d’abandon de la mère, l’éleveur devra les maintenir au chaud, les biberonner toutes les trois heures et déclencher le réflexe périnéal pour qu’ils éliminent.

→ La phase de transition. Elle se déroule du 10e au 16e jour et commence par l’apparition des réflexes d’orientation visuelle et auditive. Pendant cette période, les chatons apprennent à réguler leur température corporelle, à marcher avec les pattes avant, à explorer leur nid. Ils s’attachent à leur mère, ce qui sera la base de leur future socialisation intraspécifique.

→ La période de socialisation. De 2 semaines à 2 mois, le petit se sociabilise aux autres espèces, découvre son environnement et assimile les autocontrôles (morsure et griffure inhibées). Les chatons apprennent à courir, à sauter, à jouer, à éliminer hors du nid et à se nourrir seuls (chasse ou alimentation industrielle). Le détachement entre la mère et les petits survient généralement autour de 2 mois. Le chaton est alors parfaitement autonome dans les limites de ses capacités physiques.

LA VENTE

Au moment de la vente, l’éleveur fournit de nombreux documents à l’acheteur :

→ la carte d’identification (puce ou tatouage) du chaton sur laquelle la cession au nouveau propriétaire est indiquée ;

→ le carnet de vaccination n’est pas obligatoire, mais il est vivement recommandé pour tout éleveur un minimum sérieux ;

→ un document d’information qui comporte les renseignements nécessaires pour élever correctement le chaton (voir encadré en page 13) ;

→ une attestation de cession ou de vente (voir encadré ci-contre) ;

→ un certificat sanitaire de bonne santé qui date de moins de cinq jours pour les éleveurs non professionnels.

Le pedigree n’est généralement pas encore édité pour les jeunes chatons, mais le numéro d’inscription au Loof doit être inscrit sur l’attestation de vente.

DOCUMENT D’INFORMATION

Le document d’information remis lors de la vente comporte plusieurs mentions obligatoires :

→ les caractéristiques, ainsi que les besoins biologiques et comportementaux de l’animal en tenant compte des spécificités liées à l’espèce, la variété ou à la race ;

→ des conseils liés à l’hébergement, l’entretien, les soins et l’alimentation du chat, ainsi que des conseils pour l’encouragement à la stérilisation ;

→ des renseignements relatifs à l’organisation sociale de l’animal ;

→ la longévité moyenne de l’espèce, la taille et le format à l’âge adulte, en tenant compte des spécificités liées à la variété ou à la race ;

→ une estimation du coût d’entretien moyen annuel de l’animal. Il doit être clairement indiqué que des frais de santé, d’un montant variable, sont à prévoir en plus.

ATTESTATION DE CESSION

L’attestation de cession ou de vente mentionne obligatoirement :

→ L’identité, l’adresse et, le cas échéant, la raison sociale du cédant.

→ L’identité et l’adresse de l’acquéreur.

→ La description de l’animal cédé et son numéro d’identification.

→ Le prix de vente TTC de l’animal lorsqu’il fait l’objet d’une vente. Attention, la TVA sur la vente de chatons est passée de 7 à 10 % au 1er janvier 2014 et atteindra 20 % au 1er juillet.

→ La date de vente ou de cession, ainsi que la date de livraison.

→ Les garanties légales et les voies de recours, ainsi que les garanties complémentaires éventuelles sur lesquelles s’engage le vendeur.

→ La liste des documents remis à l’acquéreur lors de la cession.

→ La précision selon laquelle l’acquéreur s’engage à détenir l’animal dans des conditions compatibles avec ses besoins biologiques et comportementaux et à lui prodiguer des soins attentifs, conformément aux obligations prévues aux articles L. 214-1 à L. 214-3 du Code rural et de la pêche maritime.

→ La mention “de race” (« de race chartreux ») lorsque les chats sont inscrits sur un livre généalogique reconnu par le ministère chargé de l’Agriculture. Dans les autres cas, la mention « n’appartient pas à une race » est à indiquer clairement. Celle “d’apparence” (« d’apparence siamois ») peut toutefois être utilisée lorsque le cédant est en mesure de garantir les caractères morphologiques de cette race à l’âge adulte.

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