Temps de réflexion du futur propriétaire - Ma revue n° 115 du 25/01/2018 - Le Point Vétérinaire.fr
Ma revue n° 115 du 25/01/2018

DOSSIER

Il convient de se poser les bonnes questions avant d’acheter un animal de compagnie. Le mode de vie de l’acquéreur et les besoins spécifiques de l’animal sont à prendre en compte pour que les attentes de l’un comme de l’autre aient le plus de chances d’être satisfaites.

Le vétérinaire et encore plus souvent l’auxiliaire sont régulièrement sollicités par un client (ou un futur client) concernant l’acquisition d’un animal de compagnie, pour lui-même ou pour l’offrir. Or un animal n’est ni un jouet ni un cadeau d’anniversaire ! Il est important de bien réfléchir avant de le choisir, car un chien, un chat, un lapin, un rongeur, un furet, un oiseau ou une tortue ont chacun des besoins spécifiques qu’il faut pouvoir satisfaire. La personne qui adopte un animal, quel qu’il soit, doit être en mesure de répondre à ces cinq questions :

- combien d’années faudra-t-il subvenir à ses besoins ?

- cet animal est-il adapté à mon mode de vie ? Suis-je en mesure de lui offrir des conditions de vie conformes à ses spécificités d’espèce ?

- quel budget annuel prévoir ?

- combien de temps devrai-je lui consacrer chaque jour ?

- quelles solutions pour les vacances ?

Voici donc quelques conseils à donner à un futur propriétaire avant qu’il adopte…

… un chien, qui exige la disponibilité de son maître

Un chien vit entre 8 et 15 ans selon les races, la durée de vie des animaux de grand format étant plus courte. Le chien est un animal sociable, qui aime et qui a besoin de relations sociales, à la fois avec des congénères et des êtres humains. Laisser un chien tout le temps seul dans un jardin, même à l’âge adulte, n’est donc pas approprié. Si le propriétaire est souvent absent, il devra prévoir chaque jour des moments exclusivement consacrés à son animal. Et sera-t-il motivé pour aller le promener ou jouer avec lui après une longue journée de travail, quand il fera froid et déjà nuit ?

Une fois la décision prise d’adopter un chien, il convient de choisir la race. Les critères esthétiques sont importants, mais ils ne sont pas les seuls. Le mode de vie du futur maître doit entrer en ligne de compte. Habite-t-il dans un appartement ou une maison ? Combien de sorties quotidiennes pourra-t-il lui offrir ? A-t-il des enfants ? S’absente-t-il fréquemment ? En fonction des réponses, certaines races conviendront mieux que d’autres. Par exemple, les labradors, les golden retrievers et les boxers ne sont pas adaptés pour des personnes qui s’absentent beaucoup. Les bergers australiens, très beaux et à la mode, ont besoin de courir et de travailler au moins une heure chaque jour… Les cliniques vétérinaires peuvent aider les personnes en recherche de conseils en leur prêtant des livres et en leur proposant des consultations avant l’achat pour trouver la race idéale. Le chien doit rendre son propriétaire heureux, et réciproquement !

Les dépenses à prévoir après l’acquisition d’un chien comprennent la nourriture (1 à 5 € par jour), les accessoires (gamelle, laisse, collier, etc.) et les jouets, les frais vétérinaires (vaccinations, traitements antiparasitaires, etc., pour environ 100 € par an hors accident ou maladie, stérilisation éventuellement), les solutions de garde pour les vacances, le toilettage, l’assurance santé si elle est souscrite (10 à 50 € par mois), entre autres. Un grand chien coûte plus cher à entretenir qu’un petit : il mange davantage (le budget annuel en croquettes premium pour un animal de 60 kg est de 1 000 € par an) et le coût des traitements médicaux est généralement proportionnel au poids. De plus, certaines races sont plus fragiles que d’autres. Ainsi, les bouledogues sont sujets aux troubles digestifs et respiratoires, le cavalier king charles est prédisposé aux malformations cardiaques, le tartre se développe davantage chez les petits chiens et le boxer est souvent victime de cancer.

S’occuper d’un chien prend du temps, et lui consacrer une heure par jour semble un minimum requis. Il ne suffit pas de le nourrir, il faut aussi le sortir, pour qu’il se dépense, jouer avec lui et le laisser jouer avec d’autres chiens, et effectuer quelques soins. Un animal à poils longs réclame un brossage régulier dès son plus jeune âge. Un nettoyage rigoureux des oreilles chaque semaine chez un animal qui les a longues, lourdes et tombantes (tel un cocker), et un toilettage plusieurs fois par an pour certaines races (bichons, caniches) sont nécessaires.

Quant aux vacances, il est plus facile de voyager avec un caniche qu’avec un bouvier bernois de 80 kg ! Il est aussi plus aisé de faire garder un petit chien par sa famille ou ses amis. Certaines locations n’acceptent que les animaux de petit gabarit. Enfin, la pension est une solution pratique mais coûteuse : comptez 20 € par jour au minimum. Attention, toutefois, car certaines structures refusent les chiens de catégories I et II.

… un chat, qui a besoin d’un environnement stable

Le chat est un petit carnivore très sensible et d’une grande longévité : certains individus vivent plus de 20 ans ! Et la plupart atteignent facilement les 15 ans. Il s’agit d’un animal territorial, très attaché à son périmètre de vie et n’aimant pas les changements. Tout élément nouveau est ressenti avant tout comme un intrus, qu’il s’agisse d’un être humain, d’un autre animal ou d’un objet : il va lui falloir l’apprivoiser. Le chat est aussi un solitaire, qui n’apprécie pas de partager son territoire avec des congénères, surtout s’il est restreint (comme un appartement). Pour être heureux, le chat a besoin d’un environnement stable et prévisible. Sinon, gare aux griffades sur le beau canapé de cuir ou au marquage urinaire aux quatre coins de la maison !

Un chat peut être très proche de son propriétaire, reconnaître son nom et venir vers celui qui l’appelle. Mais c’est un animal indépendant et il convient de respecter son caractère. C’est lui qui décide quand il veut être caressé ou jouer, et, pour créer du lien, il faut être disponible à ce moment-là. S’il n’en a pas envie, il est inutile de s’obstiner, au risque de prendre un coup de griffe agacé.

Le choix peut se porter sur un chat européen ou un chat de race. Près de 20 races sont disponibles en France. À chacun de trouver celle dont le caractère, le mode de vie et le gabarit (un maine coon mâle peut peser plus de 10 kg !) lui conviennent.

Comme pour le chien, le budget cumule principalement la nourriture (1 à 5 € par jour), les accessoires (gamelle, litière, arbre à chat, etc.) et les jouets, les frais vétérinaires (vaccinations, traitements antiparasitaires, etc., pour environ 150 € par an hors accident ou maladie, stérilisation), les solutions de garde pour les vacances et l’assurance santé le cas échéant (8 à 40 € par mois). L’alimentation est un facteur de bonne santé particulièrement important. Il est primordial de choisir des aliments de haute qualité adaptés au stade physiologique de l’animal. La stérilisation des femelles comme des mâles est presque indispensable pour cohabiter sereinement avec un chat à la maison. Même s’il s’agit d’un petit animal, il arrive que le budget santé devienne élevé. À la fin de leur vie, les chats sont souvent victimes d’une insuffisance rénale chronique ou d’une hyperthyroïdie, qui nécessitent des traitements au long cours et une alimentation spécifique. Le coût des soins peut atteindre 50 € par mois. Enfin, l’équipe vétérinaire doit déconseiller l’adoption d’un chat à une personne allergique, même si elle a été désensibilisée. Le choix d’un chat dit “hypoallergénique” comme le sibérien n’est pas une garantie de bonne tolérance. De plus, en cas de réaction, se séparer de l’animal est la seule solution envisageable.

S’occuper d’un chat prend également un peu de temps. Il faut le nourrir, répondre à ses sollicitations aussi souvent que possible et nettoyer sa litière chaque jour (une corvée pour beaucoup, coûteuse de surcroît). Les chats à poils longs doivent être brossés régulièrement, ce qui devient une tâche ardue si l’animal n’apprécie pas cette pratique. Il est possible d’associer le geste à un moment de plaisir partagé en lui proposant, par exemple, des friandises pendant le brossage.

Pour les vacances, la solution qui convient le mieux à un chat est de rester sur son territoire, ce qui impose de disposer d’une personne de confiance venant régulièrement lui donner à boire et à manger, nettoyer sa litière et vérifier qu’il va bien.

… un lapin, qui a besoin d’espace et est actif la nuit

Le lapin est un animal vif et attachant, qui vit entre 7 et 10 ans. Social et territorial, il représente un bon compromis entre le chien et le chat ! Cette espèce n’est pas faite pour vivre en cage. Le propriétaire doit prévoir de consacrer à ce compagnon du temps, de l’attention et de l’espace. Point important, il convient que la cage soit suffisamment grande (une fois adulte, le lapin doit pouvoir s’y tenir debout et s’y allonger de tout son long). Elle est placée dans une pièce calme la journée, où l’animal pourra être actif la nuit. Il lui faut également un espace de détente assez vaste (un minimum de 2 m x 2,5 m) et sécurisé (car le lapin grignote !) pour qu’il s’ébatte plusieurs heures par jour. Comme le chat, le lapin n’apprécie pas les changements dans son territoire et le marquage urinaire est l’un des moyens qu’il utilise pour se réapproprier son espace de vie. Il a besoin de contacts sociaux (des caresses, des câlins, des jeux) et d’une alimentation appropriée, avec beaucoup de végétaux frais.

Dans un environnement adapté à ses besoins, le lapin est un compagnon sympathique, y compris pour les enfants.

La nourriture représente un poste de dépenses important, un lapin de 1 kg consommant environ 100 g de végétaux frais chaque jour, auxquels s’ajoutent du foin de bonne qualité, de la litière et un fond de cage. La vaccination est conseillée (environ 60 € par an) et la stérilisation est fortement recommandée avant l’âge de 1 an (100 à 200 €). Enfin, il est utile de sensibiliser le propriétaire à la nécessité de consulter rapidement si l’animal ne semble pas en forme, l’état de santé de celui-ci pouvant se dégrader très vite1.

Il faut du temps pour s’occuper d’un lapin : il a besoin d’être sorti (donc surveillé) chaque jour, sa cage doit être nettoyée toutes les semaines et la litière changée quotidiennement.

Emmener un lapin en vacances est possible, mais la cage est encombrante et il faut disposer d’un espace de détente sécurisé sur place. Sinon, une personne de confiance peut prendre l’animal chez elle ou venir chaque jour lui donner à boire et à manger, nettoyer la litière et lui offrir un moment de détente.

… un rongeur : à chaque espèce ses spécificités

Les rongeurs sont très nombreux en France : ils sont près de 3,5 millions. Ils sont souvent achetés par des parents pour leurs enfants, éventuellement comme une alternative à un chien ou à un chat. Cependant, il importe de bien choisir l’heureux élu. En effet, si certaines espèces comme le cobaye ou le rat se domestiquent sans difficulté et peuvent avoir de vraies interactions avec leurs petits propriétaires, d’autres telles que le hamster ou la souris sont plutôt des animaux à observer, avec lesquels le partage est plus difficile. L’espérance de vie des rongeurs est limitée : 2 à 3 ans pour les souris, 5 à 8 ans pour le cobaye et jusqu’à 10 ans pour les chinchillas et les octodons.

Il est primordial de se renseigner sur les besoins et les particularités de l’espèce avant l’acquisition, ne serait-ce que pour choisir une cage adaptée et l’aménager convenablement (pour héberger un chinchilla, une volière est parfaite, alors qu’une gerbille a besoin de creuser), décider de son emplacement dans la maison (beaucoup de rongeurs sont actifs pendant la nuit) et être sûr que l’animal répondra aux attentes de son futur propriétaire. En effet, les souris et les hamsters sont difficiles à apprivoiser et mordent facilement, et ne conviennent donc pas aux jeunes enfants. Le rat est plus familier et a besoin de compagnie. En revanche, il ne vit pas longtemps. Le régime alimentaire, différent selon l’espèce, est aussi essentiel à connaître, les erreurs pouvant avoir de graves conséquences sur la santé.

La cage et ses accessoires représentent généralement l’investissement le plus important. Viennent ensuite la nourriture (foin, granulés, végétaux frais) et le fond de cage. Il convient également d’anticiper les frais vétérinaires car les rongeurs tombent parfois malades et mieux vaut consulter sans délai, leur état de santé se dégradant souvent rapidement. Une visite chez le vétérinaire dans les jours qui suivent l’adoption d’un rongeur est conseillée. Elle permet de rechercher d’éventuels parasites cutanés, comme la teigne, qui est transmissible à l’homme et surtout aux enfants, et de poser toutes les questions nécessaires.

Le temps à consacrer chaque jour aux rongeurs est très variable : les espèces sociales comme le cobaye ou le rat, une fois apprivoisées, ont besoin d’attention quotidiennement (sorties sous surveillance, jeux, etc.). Pour les espèces solitaires comme le hamster doré, il suffit de vérifier qu’il a à boire et à manger !

Qui dit rongeur dit litière odorante, à changer régulièrement, au moins une ou deux fois par semaine. C’est le grand inconvénient de ces animaux.

Comme pour le lapin, emmener un rongeur en vacances est possible, plus facile si la cage est peu encombrante. Sinon, il faut le confier à une personne de confiance qui le prendra chez elle ou qui viendra chaque jour lui donner à boire et à manger, et nettoyer sa litière.

… un furet, l’explorateur né

Un furet vit de 7 à 10 ans. Ce petit carnivore est un très gros dormeur (18 heures par jour), actif sur quelques périodes assez courtes dans la journée (1 à 3 heures). Quand il est réveillé, c’est un animal intelligent qui s’apprivoise facilement. Il est vif, sociable, propre, très joueur et extrêmement curieux : il a besoin d’explorer chaque recoin de son environnement. Sa curiosité et sa capacité à se faufiler peuvent l’exposer à certains dangers, d’où la nécessité d’aménager les espaces auxquels il a accès librement pour prévenir les accidents (chutes, ingestion de corps étrangers, contact avec des produits dangereux). Son autre caractéristique est son odeur désagréable, bien qu’elle soit relativement discrète quand l’animal est castré et lavé régulièrement.

Sa cage doit être suffisamment spacieuse pour pouvoir y installer plusieurs couchages confortables dont un hamac, une litière et un coin repas. Son alimentation doit être adaptée (croquettes ou aliment humide pour furet, éventuellement proies entières). L’animal doit être identifié à l’aide d’une puce électronique, vacciné (maladie de Carré) et éventuellement traité contre les parasites. La stérilisation, chirurgicale ou par implant, est incontournable pour les femelles et fortement conseillée pour les mâles2.

Il faut du temps pour s’occuper d’un furet, qui a besoin d’être sorti (et donc surveillé) quotidiennement (prévoir au moins deux sorties de deux heures). La cage est nettoyée chaque semaine et la litière renouvelée tous les jours.

Emmener un furet en vacances est possible mais compliqué. Il est souvent préférable de demander à une tierce personne de prendre l’animal chez elle ou de venir chaque jour lui donner à boire et à manger, nettoyer sa litière et lui offrir un moment de détente.

1 Voir aussi le Supplément ASV n° 107 de mars 2017, pages 10 à 12.

2 Voir aussi le Supplément ASV n° 89 de mai 2015, pages 10 à 12.

PROPOSER DES FICHES CONSEILS

Le conseil au futur propriétaire est une activité chronophage et souvent peu habituelle. Pour le faciliter, il est possible de rédiger des fiches conseils, à distribuer à la demande. Cette démarche s’inscrit dans l’investissement des vétérinaires en faveur du bien-être animal et pour limiter le risque d’abandon. L’image de la profession et la confiance que le public lui porte ne peuvent qu’en être améliorées.