La prise en charge du NAC senior - Ma revue n° 104 du 01/12/2016 - Le Point Vétérinaire.fr
Ma revue n° 104 du 01/12/2016

GUIDE PRATIQUE

FORMATION

Diverses maladies liées au vieillissement touchent les NAC qui atteignent leur seuil de sénescence. Outre leur traitement médical, le propriétaire peut aménager les conditions de vie de son animal afin de les adapter à ses moindres capacités d’hygiène ou de déplacement.

Les connaissances des propriétaires et des vétérinaires sur les nouveaux animaux de compagnie (NAC), notamment concernant l’alimentation et le milieu de vie, s’améliorent au fil du temps. En conséquence, l’espérance de vie de ces espèces augmente progressivement et il est important désormais de pouvoir conseiller les propriétaires de ces animaux “vieillissants”. Connaître les maladies liées à l’âge permet une détection précoce des troubles, une prise en charge rapide et une amélioration de la qualité de vie du NAC senior.

À quel âge le NAC devient “vieux”

En fonction de l’espérance de vie habituellement constatée pour chaque espèce est fixé un seuil de sénescence, âge à partir duquel commence la lente dégradation des fonctions de l’organisme liée au vieillissement (tableau page 11 et encadré page 12).

Les signes que les propriétaires attribuent au vieillissement de leur animal et trouvent normaux sont nombreux :

- son appétit diminue, il refuse certains aliments ;

- il perd du poids, ses reliefs osseux deviennent saillants ;

- il dort plus, bouge moins, a des difficultés pour se déplacer ;

- il évite les contacts avec son propriétaire ;

- son pelage est terne, mal entretenu, voire souillé (selles, urines) ;

- ses activités d’exploration et de jeux diminuent ;

- il se cogne quand il se déplace, il ne réagit plus aux bruits ;

- il est malmené par ses congénères.

Or, ces signes sont l’expression de maladies qu’il convient de diagnostiquer et d’apprendre à gérer, à défaut de pouvoir les guérir.

De l’œil au système digestif : principales maladies liées à l’âge

La cataracte. L’apparition d’une cataracte est fréquente chez tous les mammifères âgés (photo 1). Elle peut être la conséquence du vieillissement du cristallin ou de l’évolution d’un diabète chez l’octodon, d’une encéphalitozoonose chez le lapin. La baisse ou la perte de vision sont invalidantes pour les animaux atteints, mais un environnement adapté leur rendra un très bon confort de vie.

Les troubles ostéoarticulaires. Les clichés radiographiques des lapins, cobayes et furets (photo 2) révèlent souvent des lésions d’arthrose et de spondylose vertébrale. Les symptômes sont classiques : réticence à se déplacer, boiterie, arrière-train souillé à cause de la difficulté à se toiletter et à se mettre en position correcte pour uriner. La gestion médicale de la douleur et les aménagements de l’environnement font alors réapparaître les comportements habituels d’exploration et de jeux, un meilleur appétit, etc.

Les maladies cardiovasculaires. Les maladies cardiovasculaires sont de plus en plus diagnostiquées dans toutes les espèces grâce à l’échocardiographie. Il est impératif de les dépister précocement car les symptômes apparaissent seulement en fin d’évolution : diminution de l’activité, intolérance à l’effort, augmentation du rythme respiratoire allant jusqu’à la respiration gueule ouverte qui indique une détresse respiratoire.

La maladie rénale. La maladie rénale chronique est fréquente chez les NAC. Mais comme chez le chat, elle est souvent dépistée à la faveur d’un épisode aigu. Les symptômes sont classiques : amaigrissement, polyuro-polydipsie, baisse d’appétit, pelage en mauvais état. Un bilan biochimique permet de poser le diagnostic. D’autres examens (échographie) servent à en rechercher la cause. En parallèle du traitement médical, il est essentiel de favoriser l’hydratation (en aromatisant l’eau de boisson avec du jus de fruit, en apportant des aliments riches en eau comme le concombre) et de lutter contre la dénutrition (varier l’alimentation, servir les aliments préférés).

Les maladies dentaires. Chez le lapin et les rongeurs, la pousse continue des dents peut engendrer de nombreux problèmes dentaires, mais les signes apparaissent en général plus tôt dans la vie de l’animal et font donc déjà l’objet d’un suivi régulier. La survenue de problèmes dentaires sur un lapin ou un rongeur âgé est toujours secondaire à une autre affection : toute baisse d’appétit s’accompagne d’une diminution de la consommation de foin, et donc d’une moins bonne usure dentaire.

Le furet, comme le chien et le chat, a du tartre, des inflammations gingivales, des dents qui se déchaussent, parfois des abcès dentaires. Les soins des dents (détartrage, extractions dentaires) se font sous anesthésie générale.

Les troubles dermatologiques. La souillure des pattes arrière et du périnée par l’urine et les selles provoque une inflammation de la peau, puis une infection (parfois une myiase en été), douloureuse pour l’animal (photo 3). Une tonte, prudente car la peau est très fine, est indispensable pour réaliser des soins d’hygiène jusqu’à la guérison. Il convient également de rechercher l’origine de ces dermatoses.

Un furet qui perd ses poils, en particulier sur les flancs et la queue, est peut-être atteint d’une maladie hormonale, comme la maladie surrénalienne.

Les désordres digestifs. L’arrêt du transit est une dominante pathologique chez le lapin et les rongeurs, quel que soit leur âge. Il nécessite une consultation rapide afin de le traiter et d’en rechercher la cause.

Chez le furet, la dégradation de la qualité des selles (plus molles, plus claires, plus glaireuses) est un signe d’appel pour rechercher une maladie inflammatoire intestinale ou une atteinte hépatique. Les vomissements incitent les propriétaires à consulter. Mais un furet nauséeux va seulement saliver, grincer des dents ou se gratter la gueule avec les pattes avant, comme pour en retirer un corps étranger.

Les tumeurs touchent aussi les NAC

La fréquence des tumeurs augmente avec l’âge dans toutes les espèces. Quelques particularités sont à connaître pour les Nac.

L’adénocarcinome de l’utérus de la lapine. 50 à 80 % des lapines de plus de 5 ans en sont atteintes, d’où l’intérêt d’une stérilisation avant l’âge de 1 an. Il n’y est associé aucun symptôme caractéristique, sauf parfois la présence de sang dans les urines.

Le lymphome du furet. L’hypertrophie des ganglions lymphatiques ne s’accompagne d’aucun symptôme spécifique : amaigrissement, baisse d’appétit, parfois troubles digestifs.

Le thymome du lapin. Une exophtalmie bilatérale est souvent le seul symptôme du développement de cette tumeur intrathoracique.

Les tumeurs mammaires de la ratte et de la souris. 90 % des tumeurs mammaires de la ratte sont bénignes (adénomes) ; la chirurgie est souvent réalisable si elle n’est pas trop tardive, avec un très bon pronostic (photo 4). En revanche, chez la souris, ces tumeurs sont la plupart du temps malignes (adénocarcinome), avec une chirurgie complexe du fait de la taille de l’animal, et donc un pronostic beaucoup plus sombre.

Les atteintes de la glande sébacée ventrale de la gerbille. Elles vont de l’infection à la tumeur. Le propriétaire constate une masse, souvent ulcérée, dans la région de l’ombilic.

Suivi médical individualisé

Il est conseillé, pour les propriétaires de Nac âgés, de faire examiner leur animal deux fois par an : 6 mois représentent un temps de vie important quand l’espérance de vie est inférieure à 10 ans ! La consultation s’accompagne souvent de la proposition d’examens complémentaires (bilan dentaire, bilan sanguin, imagerie), indispensables au diagnostic.

La fréquence des visites est à adapter en fonction du stress induit par le transport, la contention et les examens : le suivi médical ne doit pas dégrader l’espérance de vie du patient !

Pour impliquer les propriétaires dans le suivi médical de leur animal, il est bon de proposer un suivi de poids à la maison. Une pesée une à deux fois par mois est facile à réaliser. Si l’animal maigrit, celle-ci est renouvelée au bout de 1 semaine, et si l’amaigrissement persiste, il est impératif de consulter. Attention, une perte de poids de 10 %, c’est 100 g pour un lapin de 1 kg, 40 g pour un rat de 400 g et 10 g pour un hamster de 100 g…

Adapter l’environnement

Avec le vieillissement de l’animal, une adaptation de son environnement est recommandée, d’abord pour limiter son stress. Un Nac âgé est plus sensible au stress et s’adapte moins bien aux changements. Il est utile de lui fournir un environnement calme, loin des lieux très passants, de la musique et de la télévision, à l’abri des courants d’air, avec une température ambiante stable.

Il convient aussi de favoriser l’hygiène. Âgé, l’animal se salit davantage et est plus sensible aux infections. Il a besoin d’un lieu de vie plus propre, donc facile à nettoyer. Le propriétaire pourra opter pour une cage plus petite, avec moins d’accessoires et un couchage très confortable (tapis à mémoire de forme) et lavable. Des soins d’hygiène quotidiens sont souvent nécessaires : nettoyage des yeux, du périnée et des pattes. La coupe des griffes devient plus fréquente.

L’accès à l’eau et à la nourriture est facilité. Si boire au biberon semble douloureux ou fatigant, il suffit d’ajouter une gamelle d’eau dans la cage. De même, l’animal doit pouvoir accéder sans effort à sa nourriture : gamelle plus proche du lieu de couchage, éviter les râteliers fixés trop haut.

Enfin, pour faciliter les déplacements, il est conseillé d’éviter les sols glissants et d’installer des rampes pour que l’animal n’ait pas besoin de sauter (notamment pour sortir de sa cage). Cela favorise les sorties et l’exercice. Une litière avec un rebord moins haut peut résoudre certains problèmes de propreté. Les cages à plusieurs niveaux deviennent parfois trop spacieuses pour le NAC âgé (photo 5). Il convient alors de disposer de la nourriture et de l’eau à chaque niveau, ou de condamner l’accès à certains étages.

Préparer la fin de vie

Comme pour les chiens ou les chats, lorsqu’il est envisagé, l’acte d’euthanasie doit être préparé afin de se dérouler dans les meilleures conditions possibles. Une anesthésie préalable (gazeuse ou par injection) est recommandée. Le choix dépend du matériel disponible, des habitudes du vétérinaire et de l’éventuel ressenti des propriétaires. En effet, l’animal peut s’agiter au cours d’une anesthésie au masque ou en boîte, et l’endormissement demande plusieurs minutes lors d’injection.

L’administration intraveineuse du produit euthanasiant est parfois possible. Mais la petite taille des Nac impose souvent une injection intracardiaque ou intrapéritonéale. Le propriétaire correctement informé et rassuré sur l’absence de douleur pour son compagnon, choisira lui-même d’y assister ou non. Il convient enfin de l’informer correctement sur les modalités de prise en charge du corps de son compagnon.

ESPÉRANCE DE VIE DES OISEAUX ET DES REPTILES

Pour les oiseaux, il existe souvent une grande différence entre la durée moyenne de vie observée en captivité et les longévités maximales signalées :
- 10 à 20 ans en moyenne pour les amazones (contre 80 ans au maximum),
- 16 ans en moyenne pour le gris du Gabon (maximum 50 ans),
- 16 ans en moyenne pour les cacatoès (maximum 60 ans).
L’espérance de vie est de 7 à 10 ans pour les passereaux (canari, diamant de Gould, etc.), 8 à 12 ans pour les poules.
Chez les reptiles, l’espérance de vie dépend fortement de leur alimentation et de leur environnement (donc des conditions d’élevage). Les tortues aquatiques ont une durée de vie estimée à une quarantaine d’années ; les tortues terrestres atteignent 60 à 100 ans. Un serpent vit entre 15 ans (couleuvre) et 40 ans (boa, python). Parmi les lézards, la longévité de l’iguane est de 10 à 15 ans, celle du caméléon de 4 à 8 ans, celle de l’agame barbu de 6 à 8 ans.
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