Les pratiques de prescription d’antibiotiques au Royaume-Uni - La Semaine Vétérinaire n° 1537 du 26/04/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1537 du 26/04/2013

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : MARINE NEVEUX

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Dans le cadre de l’usage raisonné des antibiotiques en médecine humaine et vétérinaire, et du spectre de l’antibiorésistance, l’université de Liverpool a tenté d’évaluer les pratiques des praticiens équins britanniques en termes de prescription d’antibiotiques.

MÉTHODE D’ENQUÊTE

Un questionnaire, envoyé à 740 vétérinaires équins, comporte quatre scénarios cliniques1 : usage d’antibiotiques lors de plaie contaminée sur un membre, en cas de toux et de fièvre chez un yearling, lors de toux chez un cheval adulte, pour une pyodermite du paturon. Les données sont recueillies en fonction du clinicien, de ses pratiques (habitudes de prescription, restrictions de classes d’antibiotiques disponibles selon leur usage, attentes des clients, contraintes financières, signes cliniques, cytologie, bactériologie, facilité d’administration), de ses sources d’information sur les antibiotiques, et de son utilisation. L’analyse vise à identifier les facteurs associés potentiellement à cinq résultats :

– prescription de produits sans autorisation pour l’usage chez le cheval ;

– prescription à des doses incorrectes ;

– prescription de céphalosporines de 3e et 4e générations ;

– prescription de fluoroquinolones ;

– prescription de sulfamides potentialisés.

USAGES

38 % des questionnaires de l’enquête sont remplis. Moins de 1 % des structures utilisent des bonnes pratiques écrites sur l’usage des antibiotiques. Cela rejoint les résultats d’une étude canadienne de Prescott qui rapporte que seuls trois hôpitaux vétérinaires sur 21, au Canada et aux États-Unis, utilisent des guides de recommandations. Mais cette dernière enquête date de 2005. Les auteurs estiment néanmoins pertinent de développer ces guides pour un usage raisonné des antibiotiques. Cela rejoint d’ailleurs la démarche française qui s’appuie sur de tels outils.

Dans l’étude britannique, 11 % des prescriptions concernent des produits sans autorisation pour un usage dans l’espèce équine au Royaume-Uni. Les auteurs évoquent les coûts élevés pour obtenir une AMM dans des espèces spécifiques, de même que la possibilité d’un usage via la cascade. Pour les prescriptions autorisées, 5 % sont utilisées sous la dose recommandée, et 56 % au-delà. L’usage à des posologies inadéquates est ainsi plutôt courant. En outre, 61 % des praticiens utilisent rarement une balance ou des réglettes de mesure pour déterminer le poids du cheval. Les auteurs notent cette même problématique de l’évaluation du juste poids en médecine humaine.

Choix des antibiotiques

Les triméthoprime-sulfamides (TMPS) sont les antibiotiques les plus fréquemment prescrits dans chaque scénario. Les fluoroquinolones et les céphalosporines de 3e et 4e générations comptent respectivement pour 1 à 3 % des prescriptions.

Les confrères qui travaillent dans des centres de référés outre-Manche sont plus enclins à recourir aux céphalosporines de 3e et 4e générations et aux fluoroquinolones, ainsi qu’aux produits sans autorisation chez le cheval. Il est possible qu’ils rencontrent plus d’animaux atteints d’infections provoquées par des bactéries multirésistantes, et qu’ils aient essuyé des échecs lors des traitements précédents. Les praticiens qui abordent les cas en première intention sont davantage susceptibles de prescrire des TMPS, en raison de leur large spectre d’activité, de la facilité d’administration par voie orale, du manque d’effets toxiques, et d’un coût peu élevé. Certains vétérinaires modèrent cet usage en raison de niveaux de résistance aux TMPS.

  • 1 Résultats : usage lors de plaie contaminée : 96,8 %, pour une toux avec fièvre chez un yearling : 61,2 %, pour une toux chez un cheval adulte : 53,2 %, pour une pyodermite du paturon : 80 %.

    Source : L.A. Hugues, G. Pinchbeck, R. Callaby, S. Dawson, P. Clegg and N. Williams. Antimicrobial prescribing practice in UK. Equine Veterinary Practice. Equine Vet. J. 45 (2013):141-147.

  • 1 B.S. Barr, B.M. Waldridge, P.R. Morresey, S.M. Reed, C. Clark, R. Belgrave, J.M.Donecker and D.J. Weigel. Antimicrobial-associated diarrhoea in three equine referral practices. Equine Vet. J. 45 (2013):154-158

DIARRHÉES LIÉES À L’USAGE D’ANTIBIOTIQUES

Bien que la diarrhée associée à l’administration d’antibiotiques soit connue comme l’effet secondaire le plus fréquent, peu d’études multicentriques existent et des auteurs1 ont voulu déterminer sa prévalence.

Au sein de trois hôpitaux de référés, les données concernant des chevaux non hospitalisés et traités aux antibiotiques pour des troubles autres que gastro-intestinaux sont recensées. Sur 5251 chevaux traités dans ce cadre, la prévalence d’une diarrhée associée à l’administration d’antibiotiques est de 0,6 %, pour une durée moyenne du traitement de 4,2 jours. Le taux de mortalité est de 18,8 %.

Les antibiotiques les plus fréquemment utilisés chez ces chevaux sont la gentamicine en combinaison avec la pénicilline, l’enrofloxacine, et la doxycycline.

Les résultats indiquent que la prévalence d’une diarrhée associée à l’administration d’antibiotiques est basse. Outre les classes d’antibiotiques utilisées, d’autres facteurs de risque, comme des entéropathogènes opportunistes, peuvent intervenir

dans le développement de ces diarrhées secondaires. Mais même peu fréquent, ce trouble mérite d’être pris en considération.

Les tests de laboratoire font partie de la démarche d’utilisation raisonnée des antibiotiques.

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