L’ovotransferrine pour lutter contre les affections respiratoires de la dinde - La Semaine Vétérinaire n° 1537 du 26/04/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1537 du 26/04/2013

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES

Auteur(s) : KARIM ADJOU

Fonctions : maître de conférences, service de pathologie médicale du bétail à l’ENV d’Alfort.

POINTS FORTS

– L’ovotransferrine semble jouer un rôle majeur dans l’immunité naturelle des oiseaux, donc dans le contrôle des maladies.

– Une réduction de la pression infectieuse (Chlamydophila psittaci et métapneumovirus) est mise en évidence dans une étude menée sur un lot de volatiles traité avec l’ovotransferrine.

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Les transferrines sont des glycoprotéines de transport du fer. Chez les mammifères, deux glycoprotéines solubles sont distinguées :

→ la transferrine sérique, présente dans le plasma et qui transporte le fer vers les cellules ;

→ la lactoferrine, retrouvée dans les fluides extracellulaires et dans les granules des lymphocytes polynucléaires, engagés dans l’immunité dite naturelle.

À l’opposé, chez les oiseaux, l’ovotransferrine est la seule glycoprotéine soluble de la famille des transferrines, présente à la fois dans le plasma et dans le blanc d’œuf. Cette protéine “multifonctionnelle” semble jouer un rôle majeur dans l’immunité naturelle des oiseaux, donc dans le contrôle des maladies.

De l’ovotransferrine en aérosols

Une étude récente1, réalisée à l’université de Gand en Belgique, évalue l’intérêt de cette glycoprotéine peptide antimicrobien dans la lutte et le contrôle des affections respiratoires chez la dinde. Selon ce travail, l’ovotransferrine semble éliminer les chlamydies extracellulaires et ralentir leur internalisation. Un essai terrain est mis en place dans un élevage de dindes. L’ovotransferrine (5 mg/4 l d’eau) est diffusée sous forme d’aérosols (nébulisation de gouttelettes de 50 µm de diamètre), tous les jours, en présence des volatiles âgés de 2 à 3,5 semaines et de 8 à 9,5 semaines.

Dans l’élevage, ces deux périodes d’âge correspondaient au passage d’agents pathogènes respiratoires : Chlamydophila psittaci associée à Ornithobacterium rhinotracheale et au métapneumovirus aviaire.

Une réduction de la pression infectieuse

Un lot de 4 000 mâles reçoit le traitement à base d’ovotransferrine, et une bande contemporaine voisine de 10 000 mâles constitue le lot témoin. Ce dernier est traité avec des antibiotiques (doxycycline pendant cinq jours à l’âge de trois semaines, puis enrofloxacine pendant cinq jours à huit semaines). Au total, aucun des animaux du lot traité à l’ovotransferrine ne montre de symptômes d’une maladie respiratoire jusqu’au jour du départ à l’abattoir. La mortalité est de 10 % dans le lot témoin et de 5,5 % dans celui traité à l’ovotransferrine. Une réduction de la pression infectieuse (C. psittaci et métapneumovirus) est mise en évidence par les auteurs à la suite des écouvillonnages trachéaux réalisés à intervalles réguliers chez 24 volatiles issus du lot traité.

Double administration plus efficace

Par ailleurs, une autre expérimentation révèle que l’administration d’ovotransferrine à partir de l’âge de 2 à 3,5 semaines, puis à l’âge de 8 à 9,5 semaines, est plus efficace que l’administration unique à l’âge de 2 à 3,5 semaines. Comme lors du premier essai clinique, C. psittaci, O. rhinotracheale et les infections à métapneumovirus ont encore lieu, mais sans manifestations cliniques. L’utilisation d’aérosols d’ovotransferrine pourrait donc constituer une stratégie novatrice dans les élevages pour lutter contre les agents pathogènes. Cependant, des essais cliniques plus importants semblent nécessaires pour confirmer ces résultats.

  • 1 Droogenbroeck CV, Vanrompay D. Use of ovotransferrin on a turkey farm to reduce respiratory disease. Department of molecular biotechnology, Faculty of bioscience engineering, Ghent university, Coupure Links 653, Ghent BE-9000, Belgium; Vet. Rec. 2013 Jan 19;172(3):71. doi:10.1136/vr.100945. Epub 2012 Dec 21.

Pour en savoir plus

→ Van Droogenbroeck C., Dossche L., Wauman T., Van Lent S., Phan T.T., Beeckman D.S., Vanrompay D. Use of ovotransferrin as an antimicrobial in turkeys naturally infected with Chlamydia psittaci, avian metapneumovirus and Ornithobacterium rhinotracheale. Vet. Microbiol. 2011 Dec 15;153(3-4):257-63. Epub 2011 May 19.

→ Giansanti F., Giardi M.F., Massucci M.T., Botti D., Antonini G. Ovotransferrin expression and release by chicken cell lines infected with Marek’s disease virus. Biochem. Cell Biol. 2007 Feb;85(1):150-155.

→ Giansanti F., Leboffe L., Pitari G., Ippoliti R., Antonini G. Physiological roles of ovotransferrin. Biochim. Biophys Acta. 2012 Mar;1820(3):218-225. Epub 2011 Aug 10.

KARIM ADJOU, maître de conférences, service de pathologie médicale du bétail à l’ENV d’Alfort.

Dans une étude menée au sein d’un élevage de dindes confronté au passage d’agents pathogènes respiratoires, un lot de 4 000 mâles reçoit un traitement à base d’ovotransferrine, tandis qu’une bande contemporaine voisine de 10 000 mâles constitue le lot témoin, traité par des antibiotiques.

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