Travaux et discussions pour établir une norme ISO sur la gelée royale - La Semaine Vétérinaire n° 1534 du 05/04/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1534 du 05/04/2013

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/ABEILLES

Auteur(s) : CYRIL PARACHINI-WINTER

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De nombreuses recherches mettent de plus en plus en exergue les multiples vertus inhérentes à la gelée royale, tant organoleptiques que pharmaceutiques. Il n’est donc pas surprenant que ce produit de la ruche prenne une place grandissante sur les étals. Or il n’existe pas, à l’heure actuelle, de réglementation sur la gelée royale. C’est dans ce but que de nombreuses discussions sont en cours au niveau international (Chine, Japon, France, Italie, Turquie) afin d’aboutir à l’établissement d’une norme ISO pour ce produit. Ces discussions seraient vaines sans l’appui de nombreux travaux, comme ceux réalisés par des chercheurs de l’institut des sciences analytiques de l’université de Lyon, présentés lors de la journée scientifique apicole de juin 2012 à Oniris.

Une composition influencée par le nourrissement exogène

Depuis la “réunion ISO” à Paris en 2010, la gelée royale est définie comme « produite par les abeilles qui sont exclusivement nourries à partir de denrées naturelles (pollen, nectar, miel) au cours de la période de sa production ». Cette définition encadre la production, et en particulier exclut toute forme de nourrissement artificiel des abeilles au cours de la période où elles en produisent.

Une étude a donc eu pour but de nourrir des abeilles avec des produits de synthèse afin de voir si ce type de nourrissement pouvait se détecter dans la gelée royale. Quatre sirops de sucres (hydrolysat d’amidon de céréale, betterave sucrière, hydrolysat d’amidon de maïs et sucre de canne) et deux sources protéiques exogènes (protéines de soja et levure de bière) ont été testés, ainsi que l’ensemble des associations possibles, pour une analyse de 102 gelées au total. Il est apparu que tous les critères d’analyses ne permettaient pas de détecter un nourrissement frauduleux des apoïdes durant la période de production de la gelée royale. Seuls les teneurs de certains sucres (maltose, maltotriose, saccharose et erlose), ainsi que le rapport des isotopes 13 et 12 du carbone (C) l’autorisent (de sorte que le nourrissement aux protéines seules n’est pas repérable par ces outils). Néanmoins, la corrélation de ces deux types de données permet d’identifier avec précision le type de nourrissement employé. Par exemple, des teneurs en saccharose et erlose élevées, associées à un delta 13C/12C important, correspondent à un nourrissement à base de sirop de sucre de canne. De plus, ces différents éléments, donc les pratiques apicoles douteuses ou pour le moins non réglementaires, sont détectables dès les premières levées.

Vers une normalisation de la température de conservation de la gelée ?

Actuellement, deux recommandations de conservation de la gelée royale existent et s’excluent mutuellement. Tandis que les pays asiatiques prônent une congélation à – 18 °C, les Français sont partisans d’un maintien de la gelée à une température comprise entre + 2 °C et + 5 °C. Une étude, menée par la même équipe que précédemment, s’est donc penchée sur ce problème et a tenté, sur un an, d’évaluer l’influence du mode de conservation de la gelée royale sur sa composition analytique.

À zéro, deux, six et douze mois, des gelées conservées au congélateur ou au réfrigérateur sont donc analysées : les teneurs en eau, en acides aminés, en sucres, en 10-HDA (acide gras caractéristique de la gelée royale), en protéines (via un analyseur élémentaire) et le rapport isotopique delta 13C/12C (par spectrométrie de masse) sont passés au crible. Pour l’ensemble de ces paramètres analytiques, aucune différence n’est constatée entre les deux températures. Néanmoins, la teneur en 10-HDA diminue de manière importante sur un an. Mais, là encore, ce phénomène est quantitativement similaire pour les deux températures de garde préconisées.

Voici peut-être un point sur lequel les discussions ne devraient pas s’éterniser, à l’heure d’établir une norme ISO sur ce produit noble de la ruche.

Nourrissement des abeilles à la levure de bière.

Nourrissement des abeilles aux protéines de soja.

Récolte de gelée royale.

Récolte de gelée royale.

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