Les applications possibles des nanotechnologies en médecine vétérinaire - La Semaine Vétérinaire n° 1534 du 05/04/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1534 du 05/04/2013

Pharmacocinétique, vaccination, etc.

Dossier

Auteur(s) : Valentine Chamard

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Encore expérimentales pour la majorité d’entre elles, et axées sur la santé humaine, des retombées en médecine vétérinaire peuvent toutefois être espérées. Selon Jean Delaveau, directeur du développement pharmaceutique externe chez Merial, des applications devraient voir le jour dans les domaines de la cancérologie, du diagnostic et de l’imagerie médicale (recherche de tumeurs) chez les animaux de compagnie. Plus largement, les formulations pourraient être repensées pour tendre vers une amélioration de la biodisponibilité et de la pharmacocinétique (longues durées d’action), une meilleure spécificité, un meilleur indice thérapeutique et, au final, une efficacité renforcée.

Des nanostructures aux propriétés immunostimulatrices élevées

Les nanoparticules pourraient également ouvrir la voie à de nouvelles stratégies vaccinales. « Les avancées dans le décryptage et la manipulation des génomes viraux ont permis de concevoir une nouvelle génération de vaccins inactivés, les nanoparticules virales, des assemblages structurés de protéines virales recombinantes », explique Sabine Riffault, directrice adjointe de l’unité de recherche en virologie et immunologie moléculaires (VIM) de l’Inra de Jouy-en-Josas. Ces assemblages sont formés de protéines de surface du virus (VLP pour virus-like particles) ou de protéines internes, comme celles de la nucléocapside.

« Ces nanostructures possèdent des qualités utiles en vaccination. Leur taille nanométrique est adaptée à une prise en charge par les cellules présentatrices d’antigène, elles-mêmes stimulatrices des lymphocytes T, et elles stimulent aussi directement les lymphocytes B. Elles présentent donc des propriétés immunostimulatrices élevées, renforcées par leurs motifs hautement répétés. De plus, elles ne se répliquent pas, ce qui leur confère une sécurité d’emploi. Facilement manipulables, elles peuvent servir de plate-forme pour ancrer des antigènes hétérologues et être à la base de vaccins multivalents », détaille l’immunologiste. Les premiers résultats, qui portent sur ce type de vaccin contre le virus respiratoire syncytial (VRS) bovin, sont encourageants. Les chercheurs virologistes de la VIM ont obtenu une nucléoprotéine recombinante, qui s’assemble spontanément sous la forme de nanoparticules en anneaux ressemblant à la nucléocapside du VRS, et qui possèdent la particularité de cibler les cellules présentatrices d’antigène à l’origine des réponses immunitaires. Les essais réalisés chez la souris et le veau montrent que ce type d’assemblage est immunogène sans adjuvant, par voie nasale, et en présence d’anticorps maternels. Pour le moment, la protection vaccinale du veau est partielle, mais l’équipe travaille à l’amélioration de l’efficacité du vaccin. À la clé, une application en médecine humaine est également envisagée, qui bénéficiera des avancées établies pour le veau. Ces nanoparticules pourraient également servir de plate-forme vaccinale pour un vaccin universel contre la grippe, par l’ancrage d’un antigène du virus grippal très conservé entre les souches virales humaines et aviaires.

Des chercheurs de l’Inra travaillent sur un vaccin contre le virus respiratoire syncytial bovin, administrable par voie nasale chez le jeune veau. L’élément de base de ce vaccin est une nucléoprotéine recombinante, qui s’assemble spontanément sous la forme de nanoparticules en anneaux ressemblant à la nucléocapside du virus, et qui ont la particularité de cibler les cellules présentatrices d’antigène à l’origine des réponses immunitaires.

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