Comment utilisez-vous les scores cliniques ? - La Semaine Vétérinaire n° 1534 du 05/04/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1534 du 05/04/2013

Entre nous

FORUM

Auteur(s) : HÉLÈNE ROSE

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Encadrer la démarche clinique des étudiants

Isabelle Goy-Thollot, responsable de l’unité Siamu de VetAgro Sup (Lyon).

Certains scores sont intéressants pour encadrer la démarche clinique et sémiologique des étudiants qui, souvent, ne font pas confiance à leur sens clinique. Au Siamu, notre politique est de privilégier des scores simples, faciles à remplir par les étudiants et les techniciens qui les guident, comme la grille 4AVet ou le score de Glasgow modifié : tout le monde doit pouvoir se les approprier pour parler le même langage. Le dosage des lactates est aussi utile pour évaluer une fluidothérapie grâce à un algorithme validé. Nous recherchons des scores adaptés à notre façon de travailler : actuellement, nous encadrons deux thèses afin de mettre en place un scoring pulmonaire simple, répétable et rigoureux.

Des scores comme l’acute patient physiologic and laboratory evaluation (Apple full ou Apple fast) sont pertinents, mais ils sont plus complexes et demandent un personnel bien formé et en nombre suffisant : réaliser le suivi d’un animal en réanimation demande du temps et des compétences ! Pour développer l’usage des scores dans notre équipe, il faudrait doubler ou tripler notre effectif d’infirmiers, à l’image des grands centres anglo-saxons. Ce sont des habitudes culturelles qui évoluent progressivement. Selon moi, des feuilles d’hospitalisation bien renseignées par les auxiliaires et relues attentivement par les vétérinaires sont un préalable indispensable à l’utilisation des scores.

Améliorer le suivi de la douleur chronique

Thierry Poitte, praticien canin à Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime).

Depuis 18 mois, j’ai mis en place sur l’île de Ré une consultation dédiée à la prise en charge des douleurs arthrosiques, viscérales, cancéreuses ou postopératoires. L’évaluation occupe une large partie de cette consultation et s’appuie sur la diffusion de grilles. S’il existe plusieurs échelles pour évaluer la douleur aiguë (grille 4AVet ou du Colorado), peu d’outils sont adaptés à la douleur chronique. Chez les chiens arthrosiques, j’utilise la grille d’Helsinki, que j’ai légèrement modifiée pour tenir compte des fréquents mécanismes d’hypersensibilité.

J’implique les propriétaires en leur faisant remplir cette grille, d’abord avec mon aide, puis avec celle d’un auxiliaire, car ils confondent souvent les signes de douleur et ceux du vieillissement. Cela permet d’objectiver les résultats des traitements entrepris, et améliore l’observance.

Je pratique la même démarche chez le chat, avec une grille que j’ai élaborée en réponse à un manque réel : elle repose sur l’évaluation des champs comportementaux, fondée sur le pointage d’items évocateurs de situations douloureuses, replacés dans les trois champs territoriaux (isolement, activités et agression). Utilisable aussi bien pour les douleurs somatiques que viscérales, elle devrait prochainement être améliorée avec l’aide de spécialistes de plusieurs disciplines. La validation de cette grille est une prochaine étape.

Un outil pratique, mais pas indispensable

Jérôme Couturier, spécialiste en neurologie à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes).

J’utilise les scores de neurologie avec parcimonie. Je les trouve pratiques pour communiquer rapidement en interne : lorsque tout le monde utilise les mêmes grilles, les scores sont assez fiables pour échanger au quotidien. Mais je peux m’en passer, cela demande juste quelques mots de plus, d’autant qu’ils ne reflètent pas toujours correctement une situation, par exemple en cas d’asymétrie entre deux membres.

Je préfère une description clinique littérale pour communiquer avec les clients et les vétérinaires référents, notamment lors de la rédaction de mes comptes rendus sur une myélopathie. Pour les propriétaires, je précise simplement le pronostic associé, c’est la seule information qui leur importe. Pour les confrères, mentionner un score pourrait être source de confusion, car il existe plusieurs grilles d’évaluation. Ce biais nécessite d’ailleurs une lecture attentive des publications sur les myélopathies. S’ils sont demandeurs, j’en discute avec eux par téléphone, mais je ne les y incite pas lorsqu’ils n’en sont pas familiers. Pour les traumatismes crâniens, mon approche est légèrement différente : comme la grille de Glasgow modifiée est la seule utilisée, je mentionne le score dans mon rapport, pour sa notion pronostique.

À mon sens, les scores sont des outils intéressants, mais ils ne constituent pas une révolution.

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