Particularités du pied de l’âne - La Semaine Vétérinaire n° 1529 du 01/03/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1529 du 01/03/2013

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Ahmed Chabchoub*, Marine Neveux**

Fonctions :
*école vétérinaire de Sidi Thabet (Tunisie). Article tiré d’une conférence présentée lors du dernier congrès de médecine et de chirurgie équines de Genève, en décembre 2012.

Points forts

– L’âne est adapté à une marche sur des surfaces abrasives.

– Sa corne est dure et résistante.

– Les boiteries sont observées à un stade avancé, car c’est un animal stoïque face à la douleur.

– L’examen de l’âne doit être attentif et rigoureux.

– Souvent, des examens complémentaires sont requis.

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L’âne et le cheval ont un ancêtre commun, même s’ils ont évolué séparément ensuite. L’âne s’est notamment adapté au milieu désertique. Il présente de ce fait plusieurs particularités anatomiques au niveau du pied.

PARTICULARITÉS ANATOMIQUES

Le pied de l’âne est beaucoup plus petit que celui du cheval, avec une paroi à l’épaisseur constante (pas de diminution au niveau des talons). Le pied est adapté à la marche et son angle diffère de celui du cheval. La sole de l’âne est plus épaisse, essentiellement dans les pays désertiques où le climat est austère. Dans les zones humides, le pied de l’âne devient plus souple et plus fragile.

La densité diminue de façon graduelle chez l’âne, de l’extérieur vers l’intérieur. Cela est lié au gradient hydrique et varie selon son milieu de vie.

L’âne d’Europe est plus grand et plus fort que celui d’Afrique, avec des membres plus puissants. L’angularité du pied est proche de 50°. La fourchette est située en arrière et au contact avec le sol (elle est fine et en retrait chez l’âne africain). Contrairement au cheval, l’âne n’a pas de lamelles au niveau du pied. Il présente en outre de grandes similitudes entre les antérieurs et les postérieurs. La paroi de son sabot a la forme d’une lyre.

Le pied du mulet est intermédiaire entre celui du cheval et de l’âne : la paroi est épaisse et la fourchette profondément enfoncée dans une sole très creuse. Par rapport au cheval, la paroi est plus haute et plus droite, les sabots sont plus denses.

Chez l’âne, en raison de l’absence d’ouverture des talons, le pied ne peut pas s’évaser à chaque foulée, ce qui explique sa démarche frappée. L’âne a un pied sûr dans les régions montagneuses, c’est un excellent grimpeur. Sa corne est dure, ce qui permet en général de ne pas le ferrer. La muraille est épaisse, hydratée, tendre, elle préserve les articulations, avec un effet d’absorption des chocs.

DÉMARCHE

L’âne s’agenouille pour se coucher et se lever, ce qui provoque des hygromas et des genoux pelés si le sol est dur et non protégé.

Sa démarche frappée (pas de glissement au sol, pas de rotation quand il pose le pied) entraîne des répercussions. L’âne préfère le pas au trot. Quand il galope, il est souvent disgracieux et cette allure n’est pas soutenue. Le vétérinaire qui réalise un examen en mouvement ne dispose pas des mêmes critères d’évaluation que pour le cheval : l’âne ne travaille pas en longe et il est souhaitable de l’observer sur une surface libre.

RÉSISTANCE À LA DOULEUR

L’âne est un animal particulièrement stoïque. Il n’exprime pas ce qu’il ressent. C’est d’ailleurs une difficulté en sémiologie : il faut connaître et étalonner son acte avant même de conclure. Les valeurs obtenues chez le cheval ne sont pas transposables chez l’âne. Il en est de même pour l’utilisation de la pince exploratrice. L’âne n’exprime pas la douleur sauf si elle est particulièrement sévère. La radiographie se révèle par conséquent plus utile que chez le cheval.

PARAGE

L’axe paturon-pied est relativement droit. Le parage commence par l’inspection du pied et une évaluation morphologique. Si l’axe pied-boulet est mal dessiné, il convient de commencer par une réduction de la longueur de la pince.

Il existe plusieurs techniques de parage. L’objectif est un déplacement de l’animal sans pression excessive sur le sabot.

Lors du parage, il convient d’obtenir une face concave et d’éliminer tous les tissus sales. Pour la paroi, il faut conserver la taille du talon pour garder un axe idéal. Concernant la fourchette, son rôle amortissant est encore controversé chez l’âne et le mulet. Il convient de la parer de façon à ce qu’elle supporte le poids du corps quand le pied est sous la charge. Les barres, si le sol est mou, doivent être au même niveau que la sole.

CONTENTION

L’âne est un animal docile, moins nerveux que le cheval. C’est souvent un bon candidat pour la contention chimique. Le tord-nez est difficile à utiliser, car la musculature de la lèvre supérieure est importante et l’âne n’apprécie pas ce moyen de contention.

FERRAGE

Le ferrage n’est pas systématique chez l’âne. Chez le mulet, il est souvent uniquement réalisé au niveau des deux membres antérieurs.

Le brochage est difficile chez l’âne comme chez le mulet, car il est délicat de faire ressortir le clou. Souvent, l’éponge est largement étalonnée et en surélévation pour protéger les talons. Quatre étampures sont fréquemment nécessaires.

Pour le ferrage, il n’y a pas de pinçon chez l’âne et la mule, les couvertures sont plus grandes en éponge. Les étampures sont situées plus en arrière, le long de la branche uniquement.

Ahmed Chabchoub, école vétérinaire de Sidi Thabet (Tunisie). Article tiré d’une conférence présentée lors du dernier congrès de médecine et de chirurgie équines de Genève, en décembre 2012.

Le défaut de parage par négligence est fréquent chez l’âne, ce qui l’expose à des lésions.

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