« Si j’avais 25 ans je quitterais la France » - Le Point Vétérinaire.fr

« Si j’avais 25 ans je quitterais la France »

14.06.2013 à 06:00:00 |
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Portraits croisés d’étudiants toulousains qui ont décidé de passer la frontière pour vivre une expérience nouvelle, le temps d’un semestre à l’étranger.

Voilà en substance le constat désabusé d’un des sexagénaires les plus célèbres de la chanson française. Il y a quelques semaines, dans les colonnes du Figaro*, Michel Sardou dressait le portrait d’une France matraquée fiscalement, « qui navigue à vue ». Nés dans la décennie de l’assassinat de John Lennon, de la découverte de l’épave du Titanic, de la catastrophe de Tchernobyl ou encore de la chute du mur de Berlin, on atteint le quart de siècle à notre tour. A nous de nous poser la question : quitterions-nous cette France ?

Portraits croisés d’étudiants toulousains qui ont décidé de passer la frontière pour vivre une expérience nouvelle le temps d’un semestre à l’étranger. Rencontre avec Tifenn Mallédan, Claire Brosse, Erika Villedieu et François Lafuma.

Pour tous, c’était une évidence depuis leur arrivée à l’ENVT. Que ce soit en écoutant les copains, par goût pour la culture anglo-saxonne ou par simple curiosité, ils avaient en eux cette envie de découvrir ce qui se faisait ailleurs. Comme nous le confie Tifenn, « l’anglais est fondamental aujourd’hui, ne serait-ce que pour la bibliographie vétérinaire ». Leur choix s’est porté sur des universités de renom. De Melbourne à Sainte Hyacinthe en passant par Cornell, toutes font partie des structures les plus prestigieuses de leur pays. Alors forcément, quand on est pris, on a peur de ne pas être au niveau comme nous le rapporte Claire. Mais un gros effort pour les intégrer a été consenti dans leur structure d’accueil, de fait « l’expérience a été très enrichissante ».

En outre, ils ont pu apprécier de nouvelles méthodes de travail. Que ce soit au Canada ou en Australie, Claire et Erika nous décrivent comment les étudiants sont considérés « d’égal à égal », leur point de vue est pris en compte dans une démarche diagnostique globale. Ce point a été vraiment apprécié par nos globe-trotters. A Melbourne par exemple, une à deux heures lors de chaque rotation sont consacrées à des tutoriaux au cours desquels le clinicien aborde des sujets par petits groupes pour en débattre avec les étudiants.

Même si la formation vétérinaire était au cœur de leur expérience, tous mettent en avant l’aspect culturel. Cette immersion de plusieurs mois dans une culture différente a été pour eux l’occasion de découvrir « a new way of life ». François, qui a fréquenté plusieurs universités américaines, va plus loin en parlant d’un « séjour initiatique » au cours duquel il s’est redécouvert.

En somme et pour tous cette aventure restera « une expérience professionnelle et humaine inoubliable », « un rêve » ou encore une « occasion unique qui nous est offerte ». Cet acte fondateur semble pour eux être un premier pas vers un possible exercice futur à l’étranger que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis.

Guillaume Belot, un projet pour le compte de la FAO à Rome
Après sa 4ème année à l’ENVT, il choisit de faire un master Santé Animale et Epidémiologie dans les Pays du Sud. Il explique ce choix non pas par un dégout de la clientèle, mais plutôt par une volonté de mettre à profit ses connaissances et ses compétences pour des populations qui sont réellement dans le besoin. Ce désir de se sentir utile pour l’autre l’a mené à la fin de son cursus au sein de la FAO à Rome afin de mettre en place une nouvelle stratégie de vaccination contre le H5N1 en Egypte. Son quotidien est fait de contacts avec de nombreux experts, vétérinaires ou non. Qu’ils soient de l’OMS, de l’OIE ou agents de terrain, ces bienfaiteurs œuvrent chaque jour afin de rendre plus lisible l’information au grand public, en particulier en ce moment avec l’arrivée du H7N9 en Asie.

Concernant le quotidien romain, cet amoureux des grands espaces redoutait la vie citadine d’une capitale européenne. Très riche culturellement, il fait bon vivre dans ce « village de 3 millions d’habitants ». Pour finir, il tient à rappeler le rôle capital d’une bonne maîtrise de l’anglais. Concernant sa vie à venir, il espère l’écrire loin de la France, là où des opportunités se présenteront.

Marie Meny, par amour de l’Afrique
Même si elle n’était pas grande lors de sa diffusion, elle a toujours été du genre Daktari, dévorant les docus animaliers d’Arte. Amoureuse de l’Afrique Subsaharienne, après avoir approché les guépards en Namibie, elle pose ses valises en Afrique du Sud. Désireuse de valider son master Santé Animale et Epidémiologie dans les Pays du Sud, elle part étudier les mycobactéries chez le Rhinocéros blanc au Kruger Park. Cette expérience hors du commun l’a « beaucoup fait grandir » et lui a appris à « gérer les difficultés de la réalisation complète d’un projet de recherche ». Cet apprentissage au contact de personnes venues de tous horizons lui a permis de progresser  professionnellement et humainement.
Cette aventure qui l’a marquée au fer rouge, elle pourrait la résumer par un « dépaysement », « un apprentissage de la vie » et finalement par un « bonheur simple ».
Aujourd’hui, elle se souvient encore des barbecues sous les étoiles avec en bruit de fond le rugissement d’un lion ou les rires de hyènes et pense déjà à repartir une fois que l’occasion se présentera et que le banquier donnera son feu vert.

Que ce soit au Québec pour Claire, en Australie pour Erika, en Hongrie pour Tifenn, aux Etats-Unis pour François, en Afrique du Sud ou en Italie, tous ont choisi de vivre cette expérience hors norme. Au travers de ce carnet de voyage, on peut apprécier la richesse de notre diplôme. Reconnu sur tous les continents, il nous ouvre de nombreux horizons. A nous d’écrire ce futur qui nous parait si loin mais qui pourtant est chaque jour un peu plus proche.

Aurélien LEOBON

*http://www.lefigaro.fr/politique/2013/05/10/01002-20130510ARTFIG00470-michel-sardou-si-j-avais-25-ans-je-quitterais-la-france.php

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