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Les étudiants vétérinaires prêts à battre le pavé

05.11.2013 à 06:00:00 |
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Les étudiants vétérinaires répondront massivement à la mobilisation du 6 novembre prochain. Dans chaque école, à Alfort, à Lyon, à Nantes et à Toulouse, l’organisation de leur déplacement vers Paris se met en place, comme en témoignent notamment les ENV d’Alfort et de Toulouse.

Témoignage ENVA : les étudiants, futurs vétérinaires, en colère !


« Vétérinaire en colère », voilà ce qu’on peut lire depuis plusieurs jours, affiché sur le bâtiment Blin, à l’école d’Alfort. Les étudiants de l’ENVA participeront également à la manifestation du 6 novembre pour protester contre le projet de loi pour l’agriculture, car c’est aussi leur avenir de praticiens vétérinaires qui est en jeu. Toutes leurs années d’exercice en seront impactées, leur investissement est donc primordial.
À la suite d’une conférence téléphonique, fin octobre, entre le directeur du SNVEL, les représentants Capvel et le bureau des élèves des quatre écoles, l’organisation étudiante s’est mise en place. Il s’agissait tout d’abord d’informer les élèves, notamment en première année, sur les problématiques du découplage prescription-délivrance, de l’antibiorésistance ou encore des antibiotiques dits critiques. Puis, il a fallu décider de l’organisation de la grève. Pierre Buisson, président du SNVEL, est venu à la rencontre des élèves de l’ENVA le 28 octobre dans ce but. Il a également répondu à leurs nombreuses questions.
Par courriels sur le forum alforien ou encore sur les réseaux sociaux, chacun est tenu informé de la planification de la journée du 6 octobre, car les étudiants ont aussi des impératifs liés à leur scolarité. « Je remercie la direction et nos enseignants pour leur attitude bienveillante concernant notre mobilisation contre ce projet de loi. La participation de l’ENVA à la manifestation sera importante, même si tous les étudiants en cliniques ne pourront pas se libérer », confie Djérène Maso, leur représentante au conseil administratif et au conseil de l’enseignement et de la vie étudiante d’Alfort.

Plus de 400 élèves sont attendus mercredi, selon le sondage réalisé par le Cercle des élèves qui se charge de l’organisation technique, en lien avec le SNVEL. Les futurs diplômés adopteront les brassards “vétérinaires en colère” et les banderoles fournies par le syndicat, ainsi que le code vestimentaire à suivre. Des banderoles “maison” seront également préparées. En pratique, le 6 novembre, après un petit-déjeuner au Grisby, une assemblée générale devrait se tenir à 9 h, avant de partir tous ensemble (étudiants, personnels et enseignants) en direction de la gare Montparnasse. L’arrivée est prévue avant 11 h, heure à laquelle le cortège des vétérinaires en colère se mettra en route, direction le ministère de la Santé.

Quand bien même le projet de loi d’avenir pour l’agriculture scande « priorité à la jeunesse », c’est bien main dans la main avec leurs aînés que les étudiants vétérinaires entendent protester contre ce texte, espérons-le sans avenir.

Sophie Vigneron


Témoignage ENVT : près de 315 étudiants feront le déplacement à Paris

Le projet de loi est vécu par une grande partie des étudiants de l’ENV de Toulouse comme un désaveu du gouvernement. En effet, formés aux enjeux de l’antibiorésistance et d’une délivrance raisonnée des antibiotiques dits critiques, ils voient aujourd’hui ce droit bafoué. À la veille de l’événement qui cristallise l’attention de toute la communauté vétérinaire, Véronique Léonard organise la mobilisation du 6 novembre pour l’ENVT.

Comment s’organise la mobilisation à Toulouse ?
Tout s’est passé très vite, nous avons été informés du projet de loi mi-octobre. À l’occasion d’une première réunion Capvel junior (SNVEL), nous en avons discuté et décidé d’agir.
Dans un premier temps, j’ai voulu d’informer la communauté estudiantine du contenu du projet de loi et de ses conséquences pour la profession vétérinaire, par l’intermédiaire de plusieurs articles. Par la suite, j’ai dû organiser la journée du 6 novembre. Après un entretien téléphonique avec Pierre Buisson (président du SNVEL), nous avons décidé d’impliquer les étudiants. Notre objectif premier était de permettre à ceux qui souhaitaient se mobiliser contre ce projet de pouvoir exprimer leur mécontentement à Paris. Une réunion d’information a permis de communiquer sur l’événement et de répondre à toutes les questions que se posaient les étudiants en colère.

Que pensez-vous de la problématique ? Pourquoi vous mobilisez-vous ?
Sous couvert d’une problématique sérieuse qu’est l’antibiorésistance, la profession vétérinaire est montrée du doigt à tort. Durant les cinq ans que j’ai passés à l’ENVT, j’ai été sensibilisée à l’importance de la prescription et de la délivrance raisonnée des antibiotiques, dans un contexte approprié. De même, les vétérinaires en exercice ont, ces dernières années, montré une exemplarité concernant la prescription-délivrance de ces molécules. Il est par conséquent normal de rester des ayants droit de la délivrance des antibiotiques. En outre, les pays dans lesquels le découplage est effectif montrent bien l’inefficacité de ce type de mesure.
Cette mobilisation des étudiants vise à promouvoir un exercice dans les meilleures conditions pour les futurs praticiens que nous sommes.

Combien de Toulousains monteront à Paris ?
Selon le dernier décompte, nous serons près de 315 étudiants à faire le déplacement. Même éloignés de la capitale, nous n’en sommes pas moins motivés. Il faut cependant garder à l’esprit que nombre d’entre nous ne pourront pas s’absenter, même si la grande majorité de la communauté estudiantine toulousaine est opposée à ce projet de loi.

Qu’en est-il du fonctionnement des cliniques ce jour-là ?
À la demande du directeur de l’ENVT, Alain Milon, les cliniques ne fermeront pas le 6 novembre. Toutes les consultations seront assurées par les chargés de consultations, les internes et les étudiants non grévistes. Ces acteurs pourront néanmoins communiquer aux clients les raisons du mécontentement de la communauté vétérinaire.

Qu’attendez-vous de cette mobilisation ?
Elle permettra de montrer aux Français que, même si nous sommes numériquement une petite profession, nous n’en restons pas moins unis. Nous espérons, bien entendu, que ce projet de loi ne sera pas retenu par le conseil des ministres du 13 novembre.

Quels rapports entretenez-vous avec vos aînés, responsables de la mobilisation chez les vétérinaires libéraux ?
Les membres du SNVEL ont toujours montré leur dévouement pour les vétérinaires et pour les praticiens de demain. En véritables passionnés, ils ont su me montrer la réelle solidarité qui existe au sein de la profession dont je suis fière de faire partie. L’exemple le plus parlant est leur aide pour affréter des bus afin de nous rendre à Paris. Nombreux sont ceux qui se sont investis, notamment les syndicats départementaux du Lot, du Tarn-et-Garonne, de la Haute-Garonne, des Pyrénées-Atlantiques, l’association des anciens élèves de l’ENVT, ou encore Hill’s. Il y a une réelle union de la profession dans cette mobilisation historique.

Et avec vos homologues des autres écoles ?
Nous sommes solidaires les uns des autres, et c’est cela qui fait plaisir dans ce contexte de mécontentement général.

Propos recueillis par Aurélien Léobon

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