Webinaire de la WSAVA : tout savoir sur le SARS-CoV-2 et ses implications pour les vétérinaires - Le Point Vétérinaire.fr

Webinaire de la WSAVA : tout savoir sur le SARS-CoV-2 et ses implications pour les vétérinaires

Anne-Claire Gagnon | 20.04.2020 à 14:20:56 |
animaux de compagnie et covid19
© Serkan Toröz - iStock

La WSAVA a organisé le 17 avril un webinaire sur l’état actuel des connaissances en matière d’impact du SARS-CoV-2 pour les animaux de compagnie.

A l’initiative de la World Small Animal Veterinary Association (WSAVA), qui rassemble 113 associations vétérinaires, forte de ses 200.000 membres, s’est tenu le 17 avril un webinaire avec le professeur Mike Lappin (Colorado State, USA), la professeure Vanessa Barrs (City University, Hong-Kong) et le président de la WSAVA, Shane Ryan (praticien à Singapour). Le sous-titrage et/ou la traduction de ce webinaire sera prochainement disponible. Avec prudence et humour, Mike Lappin a signalé que tout ce qui était dit au cours de ce webinaire était avéré au temps T, compte-tenu de l’évolution des connaissances sur le SARS-CoV-2. Néanmoins, la très grande majorité des conseils donnés depuis le 29 février sont toujours pertinents, ré-actualisés pour les brèves et commentaires sur les articles scientifiques chaque semaine ou plus souvent* (la plupart des documents étant souvent traduits en français et disponibles sur le site de la WSAVA ).

Comprendre les récentes études

Le SARS-CoV-2, apparu fin 2019, appartient à la famille des bétacoronavirus, tout comme le coronavirus du complexe toux de chenil du chien. Les autres coronavirus qui nous sont familiers (notamment celui de la péritonite infectieuse féline, PIF, et des entérites banales des carnivores domestiques) appartiennent à la famille des alphacoronavirus.  Le SARS-CoV-1 était apparu en 2003, lors de la pandémie asiatique du SRAS, et, déjà à l’époque, a rappelé Vanessa Barrs, quelques chiens et chats avaient été testés positifs par PCR pendant plusieurs jours, et 5 chats asymptomatiques avaient présenté une sérologie positive avec un isolement viral confirmé, sans aucune transmission à l’humain. Dès cette époque, une infection expérimentale avait été réalisée par infection intratrachéale sur des chats et des furets, montrant une excrétion virale en situation expérimentale (sans signes cliniques pour les chats et avec signes cliniques pour les furets). Mike Lappin a rappelé que la PCR confirme la présence de matériel génétique, l’isolement viral atteste de la présence d’un virus vivant (permettant aussi d’en évaluer la charge) et la sérologie suggère l’exposition au virus ainsi qu’une possible infection. Le travail sur les récepteurs ACE2 constitue une excellente information pour confirmer l’utilité du chat et du furet comme modèle animal, et la mauvaise sensibilité du chien.

Les animaux de compagnie ne sont pas contaminants

Vanessa Barrs a indiqué qu’environ 6% des animaux de compagnie, placés en quarantaine, appartenant à des patients atteints du Covid-19, avaient été testés positifs plusieurs jours par PCR. Deux chiens et un chat (sur les 55 testés) ont présenté des sérologies positives, aucun n’a montré d’excrétion virale.  Au niveau de la WSAVA, il n’existe pas de recommandation pour tester les animaux de compagnie, a confirmé Mike Lappin. « Le risque,  ce sont nos clients, pas nos patients » a indiqué Vanessa Barrs, soulignant que si le SARS-CoV-2 résiste bien sur certains supports inertes comme le plastique, les plans de travail, c’est surtout sur les mains qu’il passe de l’un à l’autre, notamment avec les porteurs sains (environ 17,9% des humains) mais pas sur le pelage d’un chat ou d’un chien (où d’ailleurs aucune recherche n’a été faite). Le bain n’est pas une recommandation appropriée pour ces derniers.

Interdépendance de la santé

Shane Ryan a rappelé que la vaccination des animaux de compagnie n’avait pas lieu d’être pendant le confinement, compte-tenu des durées d’immunité excellentes pour les adultes, sur les valences essentielles. Les vétérinaires sont les garants du bien-être de leurs patients et du maintien de la relation mutuellement bénéfique entre l’animal de compagnie et son maître. La British Small Animal Veterinary Association (BSAVA) a établi une liste des situations d’urgence pour aider tous les praticiens au triage nécessaire des appels. Paradoxalement, certains animaux peuvent souffrir d’anxiété du fait d’être 24h/24 aux côtés ou sollicités par leurs maîtres. Ce sera aux équipes vétérinaires de donner les conseils pour bien vivre le confinement ainsi que le déconfinement à venir.

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*Extrait des Nouvelles recommandations pour les membres WSAVA, du 3 avril 2020

« (…) Suite à la publication d’un article exposant la possibilité théorique d’infection du chat et du furet par le SARS-CoV-2, ce d’après des études in vitro analysant la compatibilité des récepteurs, un chat infecté après une exposition naturelle au virus à été découvert en Belgique. Le chat était en contact avec un patient infecté par le COVID-19 et a lui même été diagnostiqué positif après recherche du virus par PCR. Il présentait les signes cliniques suivants : vomissements, diarrhée, troubles respiratoires. Le chat a guéri sans séquelle et un suivi a été réalisé afin de déterminer s’il produisait des anticorps sériques dirigés contre le virus. Il est cependant impossible d’affirmer que les symptômes de ce chat ont été causés par le SARS-CoV-2. Les données issues de modèles expérimentaux incluant des chats, des furets et d’autres espèces commencent à émerger dans la littérature scientifique et en particulier, un modèle expérimental de SARS-CoV-2 en cours de validation a été largement relayé par la presse. Dans cette étude, une infection par le SARS-CoV-2 a été induite chez un grand nombre d’espèces par inoculation d’une dose virale conséquente. Il en ressort que des animaux infectés, dont des chats, sont capables de transmettre le virus à d’autres animaux vivant dans le même environnement. Ce type d’étude nous aide à déterminer l’éventail d’hôtes du virus, étudier sa pathogénie et développer d’autres modèles qui permettront de trouver les traitements et déterminer les règles de prévention du virus. Cependant, le comité “One Health” et le comité scientifique de la WSAVA tiennent à souligner que ce type d’étude ne reflète pas la réalité de terrain. Plus important encore, nous ne savons à ce jour pas si la quantité de SARS-CoV-2 utilisée pour infecter les chats, furets et chiens dans les études expérimentales, pourrait être atteinte dans des circonstances naturelles, dans une situation où l’infection viendrait d’un propriétaire infecté. Par ailleurs, n’oublions pas que les services de santé publique du monde entier, qui surveillent la dissémination du SARS-CoV-2, ont clôturé la semaine en martelant qu’il n’existe à ce jour pas de preuve que les animaux de compagnie transmettent le virus à l’homme. Cependant, par précaution, nous recommandons de minimiser les contacts directs entre les humains porteurs du COVID-19 et les animaux de compagnie.(…) »

 

 

Anne-Claire Gagnon
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