Vetencolere : « Notre diplôme n’est pas à vendre » - Le Point Vétérinaire.fr

Vetencolere : « Notre diplôme n’est pas à vendre »

Tanit Halfon | 12.02.2021 à 09:59:49 |
vetencolere.fr
© Marie Cauchois

Le mouvement lancé par la vétérinaire Marie Cauchois, contre l’ouverture de l’enseignement vétérinaire au privé, passe à la vitesse supérieure, avec la création d’un site internet, et prochainement d’une structure associative.

 

Depuis la création le 16 novembre dernier, de la page facebook « Contre la création d’écoles vétérinaires privées », par la vétérinaire Marie Cauchois, plusieurs vétérinaires et étudiants, se sont joints à elle, pour exprimer leur colère contre ce projet. Pour eux, le vote de la loi n’est pas synonyme de fin du combat. Explications avec Marie Cauchois.

> Aujourd’hui, où en êtes-vous de la structuration du groupe ?

Nous nous sommes structurés autour d’un bureau de 12 personnes, des praticiens de tout secteur, mais aussi des étudiants et un enseignant-chercheur. En plus de la page facebook publique, qui compte 3300 abonnés, nous avons créé un groupe facebook privé ouvert uniquement aux vétérinaires et étudiants vétérinaires.  Pour l’instant, elle regroupe un peu plus de 1600 personnes. Afin de gagner en visibilité, nous avons également décidé de lancer notre site internet « vetencolere.fr ». Tous ceux souhaitent soutenir notre action, qu’ils soient vétérinaires ou pas, peuvent rejoindre notre collectif via un formulaire d’inscription sur ce site. Les inscriptions sont confidentielles.

> Depuis la création du collectif, quels retours avez-vous eu du ministère, mais aussi des instances professionnelles ?

Nous avons pu obtenir un premier rendez-vous en visio avec la Direction générale de l’enseignement et de la recherche du ministère de l’Agriculture et le responsable de l’enseignement du cabinet du Ministre, le 25 janvier dernier. Il en est ressorti que le gouvernement soutenait ce projet. A ce stade, nous demandons donc à participer au travail en cours au ministère, sur la rédaction des décrets d’application, car il nous semble important que toutes les voix vétérinaires soient entendues, d’autant qu’il n’y a eu aucun débat avec la profession avant le vote de la loi...Si en tant que syndicat, le Snvel est bien-entendu impliqué dans ce processus, nous n’avons pas la même position que lui, comme de nombreux vétérinaires ! Nous avons un problème de représentativité dans notre profession...

> La loi est votée. A ce stade, pensez-vous encore pouvoir changer les choses ?

Nous sommes bien conscients que ce sera un travail de longue haleine, qui plus est face à des gens puissants...Il n’y a qu’à voir la façon dont les choses se sont passées : cela pose clairement question. Mais oui, nous avons encore espoir que le gouvernement ouvre les yeux, ou que les décrets soient si stricts qu’aucune école privée ne puisse voir le jour. Ne nous y trompons pas : une école vétérinaire privée, c’est une sélection par l’argent ! Quelle image donnons-nous aux jeunes ? Non, notre diplôme n’est pas à vendre. Pour ce qui est de l’argument qui dit que cela va éviter l’expatriation massive des étudiants dans des écoles à l’étranger, j’oppose à cela les résultats d’un récent sondage* que nous avons fait auprès de vétérinaires qui étudient à l’étranger ou déjà diplômés d’une école hors de France. Sur les 141 réponses obtenues, 83% ont dit qu’entre Rouen et leur école privée étrangère, ils auraient fait le même choix. Parmi eux, près de 80% ont indiqué que c’était lié au prix de la formation annoncée par Uni Lasalle. Par ailleurs, une école privée n’est pas une solution de court terme : cela va mettre du temps avant de s’organiser...Le plus efficace serait de s’appuyer sur l’existant, et d’attribuer les financements publics dont pourrait disposer une école privée, à nos écoles existantes. Enfin, n’oublions pas que la profession vétérinaire assure des missions de santé publique.

Tant que, comme nous, quelques vétérinaires seront indignés, nous continuerons notre combat.

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* L’ensemble des résultats du sondage seront disponibles sur le site.

Parmi les répondants, 51,1% sont étudiants, et 46,8% sont vétérinaire praticien (les restants sont classés dans la catégorie « autre »). Les écoles/facultés des répondants sont situées en Belgique (83), en Croatie (8), en Espagne (28) et au Portugal (22).

Tanit Halfon
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