Vet IN Tech célèbre la e-santé animale - Le Point Vétérinaire.fr

Vet IN Tech célèbre la e-santé animale

Tanit Halfon | 13.07.2021 à 12:04:00 |
© Tanit Halfon

Le collectif Vet IN Tech a organisé son premier colloque le 7 juillet 2021. A travers plusieurs exemples, a été mis en lumière l’apport du numérique pour le vétérinaire praticien.

Le 7 juillet dernier, s’est déroulé en présentiel à Oniris, le premier colloque, NUManima, organisé par l’association Vet IN Tech. 124 inscrits ont participé à cette première édition qui, à travers ses présentations, a montré la montée en puissance de la e-santé dans le quotidien du vétérinaire. A commencer par la télémédecine qui est autorisée depuis mai 2020 par voie d’expérimentation. Pour exemple, Linkyvet, la toute première plateforme de téléconsultation vétérinaire, compte déjà plus de 1200 utilisateurs, et y sont dénombrés plus de 10 500 ouvertures de tchats, et plus de 6000 visios, a témoigné Olivier Perroy, fondateur et directeur associé de Linkyvet*. Ceci dit, la télémédecine a encore du mal à démarrer en France. Selon une enquête réalisée par Vet IN Tech, en association avec la société de conseil et d’études BVA**, il ressort qu’une minorité d’éleveurs (bovins lait, viande, porcs, mixte) et de propriétaires d’animaux de compagnie a déjà bénéficié d’une téléconsultation depuis mai 2020 : cela correspond à 7% à 19% des éleveurs (porcs 19%), et seulement 3% des propriétaires d’animaux de compagnie. Malgré ce lent démarrage, il semble y avoir une marge de progression puisque plus de la moitié des éleveurs et des propriétaires d’animaux de compagnie, envisage de faire, ou a déjà réalisé une téléconsultation.

Des nouveaux outils au service de la clinique

La transformation digitale du secteur vétérinaire ne favorise pas que de nouveaux modes d’interactions entre le praticien et son client. L’essor du numérique, et surtout le développement des méthodes d’intelligence artificielle, permettent au vétérinaire de disposer de nouveaux outils pour appuyer sa démarche clinique. Plusieurs exemples ont été présentés. En pratique rurale, il y a Venotis, porté par le laboratoire MSD Santé animale, qui est un logiciel de suivi des troupeaux en élevage. Plusieurs modules sont déjà opérationnels et d’autres sont en cours de développement : par exemple, le module protocoles permet de planifier la vaccination et d’avoir des relances automatiques. Ce logiciel a des passerelles avec au moins deux logiciels de gestion de clientèle. En pratique canine, deux outils ont été présentés, les deux développés par Royal Canin. Le premier est une solution de nutrition individuelle, Individualis®, qui permet, sur la base d’un algorithme, de trouver l’association idéale entre plusieurs croquettes dites « primaires » pour aboutir à la solution nutritionnelle la plus adaptée pour un animal donné. Cet outil sert aux animaux qui sont touchés par plusieurs affections en même temps. Le deuxième est Renal Detect®, un outil pour prédire le risque d’apparition d’une insuffisance rénale chronique chez le chat dans les 12 mois (Se 83%, Sp 70%, VPP 53%, VPN 92%), afin d’adapter la prise en charge de l’animal notamment le rythme de suivi. Il suffit pour le praticien de disposer de 3 paramètres, la créatinine, l’urée, et la densité urinaire, et l’outil va alors indiquer si le chat est à risque, pas à risque, ou déjà atteint.

Une application pour le bien-être des truies récompensée

Le big data est bien-entendu au centre de ces nouveaux outils, qui sont alimentés par de multiples données, et qui permettent d’élaborer des modèles mathématiques (algorithmes). Et c’est d’ailleurs cela la véritable rupture dans l’évolution de la médecine, vétérinaire comme humaine : l’augmentation du volume et de l’accessibilité des données d’une part, et la baisse des coûts pour les calculs informatiques d’autre part, sont les 2 leviers qui ont (et vont) permis l’essor des méthodes l‘intelligence artificielle, pour aboutir à des outils d’aide à la décision pour le praticien. De manière générale, en santé animale, l’IA va être associée à trois types possibles d’usage sur le terrain : le diagnostic de la maladie (imagerie par exemple), la prédiction (exemple de l’outil Renal Detect®), et la prévention (outils plus complexes à construire).

Enfin, le colloque NUManima a été aussi l’occasion de récompenser un projet de e-santé animale. Sur 14 projets candidats, 4 ont été retenus comme finalistes : AIRHerd, un logiciel basé sur l’analyse des images de vidéosurveillance pour détecter des évènements de santé en élevage ; Caremitou, une litière connectée pour surveiller les troubles urinaires chez le chat ; O’porctunité, une application d’autoévaluation et de conseil pour le bien-être des truies ; et enfin VetPocket, un dossier médical partagé entre vétérinaire et propriétaire d’animal de compagnie. Et c’est O’porctunité qui a remporté le prix Vet IN Tech. Développé dans le cadre d’un travail de thèse vétérinaire mené par l’étudiante en 5ième année à l’ENVT Jaura Jégou, ce projet est une application web et mobile qui est basée sur la grille Welfare Quality® simplifiée : chaque éleveur peut ainsi s’auto-évaluer et comparer ses résultats à la moyenne des autres éleveurs utilisant l’application. Il a aussi accès à des fiches conseils, qui rappellent notamment les exigences réglementaires.

* La plateforme est principalement utilisée en France, mais elle se déploie aussi dans d’autres pays (Québec, Suisse, Luxembourg, Allemagne, Italie, Belgique et Roumanie).

** Deux échantillons représentatifs de la population générale des propriétaires d’animaux de compagnie et des éleveurs. Attention, l’ensemble des résultats de l’enquête n’ont pas été présentés lors du congrès.

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Sur la photo, les membres du collectif Vet IN Tech : de gauche à droite, Raphaël Guatteo, Annick Valentin Smith, Olivier Mathiaud, Sylvie Chastant, François Bagaïni, Grégory Santaner et Olivier Roger

Tanit Halfon
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