Varroa destructor : des avancées dans la compréhension du comportement hygiénique de l’abeille - Le Point Vétérinaire.fr

Varroa destructor : des avancées dans la compréhension du comportement hygiénique de l’abeille

Tanit Halfon | 01.02.2021 à 17:41:08 |
abeilles avec Varroa destructor
© iStock-Bee-individual

Des chercheurs ont identifié des composés chimiques spécifiquement sécrétés dans les alvéoles parasitées par Varroa. Ces molécules sont reconnues par les abeilles dites hygiéniques.

Une équipe de chercheurs de l’Inrae, du CNRS, de l’Université de Rennes, de l’ITSAP-Institut de l’abeille, et de l’Université d’Otago en Nouvelle-Zélande, ont identifié 6 composés chimiques impliqués dans le comportement hygiénique de l’abeille Apis mellifera, face au parasite Varroa destructor. L’article présentant ces résultats de recherche, a été publié le 25 janvier dans la revue Nature Chemical Biology.

Ce comportement, dit VSH (pour Varroa Sensitive Hygiene ou comportement hygiénique spécifique au varroa), est une réaction de défense de l’abeille qui va permettre de diminuer la pression en varroa dans les colonies. Les abeilles vont désoperculer les alvéoles parasitées, et éliminées le couvain touchés, ce qui va interrompre le cycle du varroa (interruption de la reproduction du parasite dans l’alvéole). Il a été montré que ce comportement avait une base génétique et pouvait se transmettre à la descendance (on parle de caractère VSH). Il existe également un autre caractère impliqué dans la résistance à Varroa, appelé SMR (pour Suppressed Mite Reproduction ou Interruption du cycle de reproduction des varroas).

Vers une nouvelle méthode de phénotypage

Jusqu’à présent, outre les traitements médicamenteux qui permettent de contrôler le niveau d’infestation d’une colonie, des protocoles de sélection pour la résistance à Varroa sont décrits dans trois fiches techniques éditées par l’Itsap (SMR, VSH et taux de croissance de la population de Varroa). Cependant, ils s’avèrent complexes à mettre en œuvre.

Dans ce contexte, la piste d’une sélection sur phénotype, via des composés chimiques apparaît comme une solution intéressante. L’étude a ainsi montré que ces composés déclenchaient un comportement de nettoyage des alvéoles sécrétant ces molécules. Par ailleurs, seules les abeilles hygiéniques déclenchent un comportement de nettoyage lorsqu’elles sont exposées à ces composés (par rapport aux colonies non hygiéniques). De plus, ce sont les abeilles présentant le plus haut niveau d’hygiène qui vont le plus réagir.

De fait, cette découverte ouvre la voie vers une nouvelle méthode de sélection des colonies résistantes à Varroa, via un test comportemental basé sur la réaction à un cocktail de molécules. Un brevet sur ces composés chimiques et leur application, a déjà été déposé par l’Inrae et l’Université d’Otago.

A noter que d’autres recherches s’intéressent au développement d’outils génomiques comme méthode de sélection, via l’identification de marqueurs génétique associés aux comportements de résistance à Varroa. A ce stade, il a été impossible d’identifier des marqueurs de résistance SMR. Les recherches continuent pour les marqueurs VSH. Ceci dit, a été développée une puce de génotypage (laboratoire Labogena) basée sur 1745 marqueurs moléculaires, permettant d’analyser la composition génétique de ses colonies (origines génétiques, diversité, apparentement).

Tanit Halfon
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