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Variole du singe : un début de vaccination des cas contacts

Tanit Halfon

| 31.05.2022 à 16:19:00 |
© iStock-Alernon77

Sur la base des recommandations de la Haute Autorité de Santé, les autorités sanitaires françaises ont débuté la vaccination des cas contacts. Au 30 mai, 8 personnes avaient reçu une première dose de vaccin.

Afin de contrôler le risque de diffusion interhumaine du virus de la variole du singe (Monkeypox), les autorités sanitaires françaises ont lancé une stratégie vaccinale post-exposition.

Cette stratégie avait été recommandée par la Haute Autorité de Santé (HAS) dans un avis en date du 20 mai 2022 : il y était préconisé une vaccination uniquement pour « les personnes adultes contacts à risque d’exposition au virus de Monkeypox, incluant les professionnels de santé exposés sans mesure de protection individuelle ».

La toute première vaccination d’une personne cas contact a été faite le 27 mai. Au 30 mai, 8 personnes avaient déjà reçu une dose.

Un vaccin anti-variolique de 3ème génération

Le vaccin utilisé est IMVANEX® du laboratoire Bavarian Nordic (Danemark). Il n’est pas indiqué contre la variole du singe, mais contre la variole humaine (smallpox) chez les adultes, et dispose pour cette indication, d’une autorisation de mise sur le marché européenne (sous circonstances exceptionnelles*) depuis juillet 2013. Néanmoins, comme l’a souligné la HAS, « il a été montré que la vaccination antivariolique avait une efficacité de 85% pour la prévention de Monkeypox ».

Il s’agit d’un vaccin vivant atténué anti-variolique dit de 3ième génération, c’est-à-dire une vaccin vivant non réplicatif, par rapport aux vaccins de 1ère et 2nd génération. Cette caractéristique en fait un vaccin plus sûr, tout en ayant une efficacité comparable aux premiers vaccins, lesquels étaient associés à de nombreux effets indésirables graves : encéphalite, encéphalopathie, eczéma vaccinatum, vaccine progressive ou générale, atteintes cardiaques…

Le laboratoire danois commercialise aussi un autre vaccin anti-variolique, de 3ième génération, très similaire d’IMVANEX®, sous le nom de JYNNEOS®. Ce vaccin dispose d’une AMM aux Etats-Unis depuis septembre 2019, avec cette fois-ci, une double indication : la prévention de la variole humaine, et de la variole du singe.

Ces deux vaccins ont été autorisés à titre dérogatoire, via arrêté du 25 mai 2022, pour une utilisation sur le territoire français « dans le traitement prophylactique contre la variole du singe des personnes contacts à risque d’une personne atteinte de l’infection ou des professionnels de santé en milieu de soins exposés au virus Monkeypox ».

Une vaccination non obligatoire

Le schéma vaccinal préconisé est de 2 injections à un mois d’intervalle pour la primovaccination, à réaliser dans les 14 jours suivant une exposition. Pour les personnes qui étaient déjà vaccinées, une dose de rappel suffirait, avec le bémol qu’on ne connaît pas le délai à ne pas dépasser après la primovaccination. La vaccination n’est possible que pour les personnes de plus de 18 ans : aucune évaluation n’a, en effet, été faite pour les enfants et les données sont partielles pour les femmes enceintes et allaitantes.

La vaccination des cas contacts n’est pas obligatoire mais est proposée aux personnes concernées, soit « toute personne ayant eu un contact non protégé à moins de 2 mètres pendant 3 heures avec un cas probable ou confirmé symptomatique, et ayant eu un contact physique direct non protégé avec la peau lésée ou les fluides biologiques d’un cas probable ou confirmé, y compris les actes de soin médical, paramédical, le partage d’ustensiles de toilette ou le contact avec des textiles » tel que défini dans l'avis du 24 mai du Haut Conseil de la santé publique (HCSP).

Une diffusion mondiale toujours en cours

A ce stade, la diffusion est limitée en France : depuis la confirmation le 20 mai dernier du premier cas français, au 30 mai, seulement 17 cas ont été rapportés, dont 17 en Ile-de-France, 1 en Auvergne-Rhône-Alpes, 2 en Occitanie, et 1 en Normandie (données Santé Publique France).

Selon l’European centre for disease prevention and control (ECDC), au 25 mai, 219 cas ont été confirmés hors zones d’endémie. 21 pays sont concernés, dont 11 pays européens qui ont confirmé 118 cas : Autriche, Belgique, République Tchèque, Danemark, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Portugal, Slovénie, Espagne, Suède, Argentine (1 cas suspect), Australie, Canada, Israël, Royaume-Uni, Etats-Unis, Suisse, Emirats arabes unies (1 cas avec historique de voyage en Afrique), Maroc (3 cas suspects). Tous ces cas sont à priori sans gravité, et aucun décès n’est à déplorer.

Une transmission interhumaine majoritaire

D’après l'HCSP, la majorité de ces cas concernent des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. Un cas concerne aussi un nourrisson (avis du 24 mai). « Dans l’état actuel des connaissances, il n’est pas possible de préciser s’il existe un lien épidémiologique entre ces cas survenus dans un périmètre géographique très large. La plupart des cas ne signale pas de voyage dans les zones d’endémie du continent africain, ni de contact avec des rongeurs ou des singes », soulignent les experts du HCSP.

De plus, « il s’agit de la première description hors d’Afrique de cas groupés possibles de MPXV pour lesquels une transmission interhumaine semble le mécanisme de propagation prédominant. Un foyer de 71 cas groupés de MPXV avait été décrit aux États-Unis en 2003 mais le mode de propagation était très différent puisque la majorité des cas avait été infectée directement par des chiens de prairie américains qui sont des rongeurs vendus comme animaux de compagnie, eux-mêmes contaminés par des rats de Gambie importés illégalement d’Afrique sur le territoire nord-américain ».

Les modalités de transmission interhumaine sont connues : il s’agit de contact étroit avec des lésions cutanées ou muqueuses d’une personne maladie muqueuses buccales, génitales, conjonctives, voire cornée) ou de manière indirecte, après contact avec des objets ou matériels (literie, linge,vaisselle …) récemment contaminés par des liquides biologiques. En début de contagiosité, la transmission se fait surtout par la salive et gouttelettes respiratoires après un contact face à face prolongé : cela s’explique par le fait que les lésions des muqueuses précèdent les lésions cutanées. A ce stade, la question reste ouverte sur un éventuel mode de transmission par voie sexuelle, « ce qui définirait comme un agent infectieux responsable d’infection sexuellement transmissible (IST) », indique le HCSP.

* Une autorisation sous circonstances exceptionnelles est obtenue lorsque les données cliniques sur le médicament sont limitées, étant donné la rareté de la maladie.

Tanit Halfon

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