Une nouvelle alternative pour la gestion de la reproduction des petits ruminants? - Le Point Vétérinaire.fr

Une nouvelle alternative pour la gestion de la reproduction des petits ruminants?

Clothilde Barde | 08.04.2019 à 08:02:32 |
chèvres
© © Margot Kessler

Une nouvelle alternative de traitement pour l’induction des cycles de reproduction en dehors de la saison naturelle chez la chèvre et la brebis a été étudiée par une équipe de chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et du Centre National de la recherche scientifique (CNRS).

La «kisspeptine C6». Il s’agit d’une potentielle nouvelle alternative à l’utilisation d’hormones issues de sérums animaux (en particulier l’equine chorionic gonadotropin ou eCG) développée par des chercheurs de l’Inra (Unité Physiologie de la reproduction et des comportements) et du CNRS afin d’induire un cycle de reproduction en dehors de la saison naturelle chez la chèvre et la brebis et de les synchroniser en saison de reproduction.
Une reproduction dépendante des hormones
En effet, dans les régions tempérées, la reproduction naturelle de la chèvre et de la brebis est rythmée par les saisons: les naissances ont ainsi lieu au printemps. Or, pour répondre à la demande des consommateurs, les éleveurs doivent produire du lait toute l’année. C’est pourquoi, pour obtenir des naissances à l’automne, ils doivent avoir recours à des traitements hormonaux qui impliquent généralement le recours à un analogue de la progestérone et à la gonadotropine chorionique (eCG) issue de sérum de juments gestantes. Cependant, cette méthode présente des risques sanitaires potentiels et peut voir son efficacité diminuer sur le long terme du fait d’une réaction immunitaire des animaux contre l’eCG. De plus, la production d’eCG pose des questions de bien-être animal pour les juments dont elle est issue. Or, même si des méthodes alternatives (effet mâle (introduction d’un mâle dans un troupeau de femelles au repos sexuel) ou traitements photopériodiques par exemple) existent déjà, elles ne permettent pas de répondre de façon complètement satisfaisante aux besoins de tous les éleveurs.
La kisspeptine C6, une méthode d’avenir ?
C’est pourquoi une équipe de scientifiques de l’Inra et du CNRS a cherché d’autres solutions comme l’utilisation de peptides de synthèse. Des recherches menées sur les petits ruminants (brebis et chèvre) ont ainsi démontré le rôle central d’un neuropeptide endogène nommé kisspeptine sur le déclenchement du cycle de reproduction. Or, comme ce peptide n'est pas utilisable en l’état par les éleveurs du fait de ses caractéristiques, les chercheurs ont modifié sa structure et ils sont ainsi parvenus à synthétiser une molécule analogue utilisable en élevage: la kisspeptine C6. Cette dernière est efficace pour déclencher l’ovulation en remplacement de l’eCG, Elle augmente la sécrétion des gonadotrophines endogènes (hormone folliculo-stimulante (FSH) et hormone lutéinisante (LH)) quelle que soit la période et elle déclenche des ovulations fertiles. De plus, ce peptide de synthèse est moins susceptible d’induire une réponse immunitaire et évite des risques sanitaires pour l’animal. Ces résultats, publiés le 28 mars dernier sur la revue scientifique (PLOS ONE), permettent donc d’envisager à terme l’arrêt de l’utilisation de l’eCG et de fait, son extraction chez des juments gestantes pour un meilleur respect du bien-être de ces animaux. Par ailleurs, selon le communiqué de l’INRA, les perspectives de recherche s’orientent  vers la possibilité de gérer la reproduction d’autres espèces domestiques et d’espèces sauvages en voie d’extinction en utilisant la kisspeptine C6 .

Clothilde Barde
Réagir à cette actualité
Cet espace a vocation à débattre et partager vos avis sur nos contenus. En réagissant à cette actualité, vous vous engagez à respecter les conditions générales d’utilisation de Le Point Vétérinaire.fr. Tout commentaire calomnieux ou injurieux sera supprimé par la rédaction.
Retrouvez toute l’actualité vétérinaire
dans notre application