Une étude sur la prévalence des helminthes des carnivores domestiques en France - Le Point Vétérinaire.fr

Une étude sur la prévalence des helminthes des carnivores domestiques en France

Tanit Halfon

| 28.09.2022 à 13:38:00 |
© iStock-knape

Toxocara canis et T. cati sont apparus comme les helminthes les plus fréquemment rencontrés chez le chien et le chat. L’étude confirme les principaux facteurs de risque connus associés au portage parasitaire.

Une récente étude s’est penchée sur la prévalence des principaux helminthes digestifs et respiratoires des chats et chiens en France métropolitaine. Publiée en septembre 2022, dans la revue Parasites and Vectors, elle a été menée conjointement par les équipes vétérinaires des services de parasitologie des 4 écoles nationales vétérinaires (ENV), en association avec le laboratoire Elanco.

Pour explorer cette question, 414 échantillons fécaux* de chiens et 425 de chats de compagnie, prélevés entre novembre 2017 et juillet 2018, ont été analysés par coproscopie. Ils provenaient de 20 localisations différentes : les 4 ENV et 16 cliniques de 18 départements,. Ce n’est pas la première fois que les écoles vétérinaires participent à des études exploratoires de ce genre : comme il est indiqué dans l'article, trois études prospectives et multicentriques (au moins 2 régions françaises) ont déjà été menées en France, mais une seule inclut chats et chiens, et elle remonte à 1997. Cette nouvelle étude de 2022 permet donc d’actualiser et de consolider les données de la littérature.

Les ascaris sont les plus fréquents

Pour le chien, 15,2% des échantillons (63 sur 414) étaient positifs pour au moins un helminthe : parmi eux, la quasi-totalité (62) était positif pour les nématodes, et seulement 2 chiens positifs pour le cestode Dipylidium caninum, dont 1 avec donc un double portage nématode/cestode. Pour 12 autres individus, soit 2,9% des chiens de l’étude, deux ou trois espèces d’helminthes ont été identifiées. Avec 8,5% d’animaux concernés, Toxocara canis est ressorti comme le parasite le plus fréquent chez le chien, suivi d’Uncinaria stenocephala (4,3%) et de Trichuris vulpis et Ancylostoma caninum (2,7%). Le cestode Dipylidium caninum et le nématode Angiostrongylus vasorum faisaient partie des parasites les moins fréquents (0,5% chacun des chiens, soit 2 individus), tout comme les Strongyloïdes (0,2%) et Crenosoma vulpis (0,2%).

Pour le chat, 14,6% des échantillons (62 sur 425) étaient positifs pour au moins un parasite : parmi eux, 85,5% avec des nématodes, et 21% avec des cestodes. 5 chats (1,2%) avaient une infestation mixte avec deux ou trois espèces d’helminthes, dont 4 avec nématodes et cestodes. Comme pour le chien, avec 11,3% d’animaux positifs, c’est le nématode Toxocara cati qui est ressorti comme le plus fréquent, suivi de Dipylidium caninum (1,9%) et de Taeniidae (1,2%). Les parasites les moins fréquents étaient Eucoleus spp./Capillaria spp. (0,9%), Aelurostrongylus abstrusus (0,7) et Toxasxaris leonina (0,2%). Aucun ankylostome n’a été détecté chez le chat.

La prévalence détectée dans cette étude est bien faible que celle obtenue dans l’étude de 1997 qui avait révélé un taux d’infestation de 21,6% pour le chien et 17,3% pour le chat.  Toutefois, à l’époque, les nématodes Toxocara étaient aussi ressortis comme les plus fréquent (8,5% chez le chien, et 11,3% chez le chat). Pour le reste, les résultats sont globalement similaires aux précédentes études, sauf pour Trichuris vulpis qui est peu fréquent alors qu’une précédente enquête en France avait montré un portage de 19%. Pour les auteurs, cette différence peut être simplement lié au fait que l’étude actuelle s’est focalisée sur les chiens de particuliers, alors que dans la précédente, il y avait des animaux vivant en collectivité.

Plusieurs facteurs de risque

Sans surprise, le risque d’être porteur d’un ou plusieurs parasites est corrélé aux facteurs classiques de risque. Ainsi, le risque augmente-t-il avec le jeune âge pour le chat comme le chien, en lien notamment avec les modes de contamination transplacentaire et/ou trans-mammaire, ainsi qu'une immunité moins développée. Pour le chat, l’accès à l’extérieur est apparu comme un autre facteur de risque, quel que soit le milieu de vie (ville/campagne). Ce risque augmente aussi lorsque le chat vit avec d’autres animaux, tout comme le fait de ne pas avoir une nourriture commerciale exclusive. Enfin, le fait d’être stérilisé réduit le risque de parasitose, mais cela n’a pas forcément été trouvé dans des études ultérieures. Selon les auteurs, cela pourrait résulter d’un moindre vagabondage mais aussi du fait d’une médicalisation réduite des animaux non stérilisés. Pour le chien, l’activité de chasse et de gardiennage augmentent le risque d’être infesté (par rapport aux chiens de compagnie), tout comme le fait de vivre à la campagne, d’avoir accès à l’extérieur et de passer du temps de promenade sans laisse.

Sensibiliser les détenteurs d’animaux de compagnie

Dans l’étude, seuls 38,9% des chiens (37/98) et 24,1% (81/208) des chats de plus de 2 ans, et avec un accès à l’extérieur, avaient reçu au moins 3 traitements vermifuges par an. Les animaux jamais vermifugés ou vermifugés depuis plus d’un an, étaient significativement plus à risque d’être porteurs. Pour les auteurs, cela montre encore l’étendue du travail de sensibilisation à faire par les vétérinaires auprès des propriétaires d’animaux

* Les animaux sélectionnés ne devaient pas avoir voyagé les 6 derniers mois ; ne pas avoir été vermifugés au cours du mois précédent le prélèvement ; et ne pas présenter de signes cliniques.

Tanit Halfon

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