Un rapport prône la mise en place d’une politique alimentaire commune pour l’Union européenne - Le Point Vétérinaire.fr

Un rapport prône la mise en place d’une politique alimentaire commune pour l’Union européenne

Tanit Halfon | 19.03.2019 à 15:01:30 |
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L’IPES-Food, groupe international d’experts sur les systèmes alimentaires durables, vient de publier un rapport appelant à une nouvelle gouvernance européenne pour l'alimentation.

« Mettre un terme aux objectifs contradictoires et aux inefficacités onéreuses. » Ce constat émane du dernier rapport de l’IPES-Food, un panel international d’experts sur les systèmes alimentaires durables. Ce rapport pointe du doigt l’urgence de réformer les politiques européennes relatives aux systèmes alimentaires, « pour lutter contre le changement climatique, enrayer la perte de biodiversité, réduire l’obésité et rendre l’agriculture viable pour les générations futures ». Pour ce faire, les experts prônent l’instauration d’une politique alimentaire commune, associée à de nouvelles priorités. Fondé en 2015, l’IPES-Food est un think-tank qui s’intéresse aux moyens à mettre en œuvre pour arriver à des systèmes alimentaires durables. A travers de ses différentes analyses, le groupe d’experts entend peser sur les décisions politiques européennes et nationales. Ainsi, ce rapport est-il publié, comme cela est d’ailleurs rappelé dans sa conclusion, au moment des discussions de la Commission européenne sur la stratégie de développement durable, du processus de réforme de la politique agricole commune, et de la réorganisation des politiques de recherche et d’innovations.

Des insuffisances multiples

 Pour les experts, la multiplication des politiques relatives aux systèmes alimentaires génère « de la confusion et des inefficacités. » Pour exemple, l’Accord de Paris est en contradiction avec les accords commerciaux qui encouragent les exportations « dans les secteurs à fortes émissions » comme ceux de la viande ou des produits laitiers. De plus, la priorité est plus volontiers donnée à la compétitivité et pas à la durabilité ni à la santé publique. Aussi, une politique commune pourrait introduire de la « cohérence », et « éviter les compromis et les coûts occultés ». Elle permettrait aussi d’introduire une vision commune, orientée vers « la transition », et de caractériser « clairement les objectifs à court terme et à long terme. » Un manque de soutien ou de visibilité des aides pour les initiatives locales est aussi reproché. Enfin, la participation publique dans la conception politique est jugée insuffisante et surtout uniquement « symbolique ». « En mettant l’accent non plus sur l’agriculture (et d’autres politiques sectorielles), mais sur l’alimentation, un plus grand nombre d’acteurs peut être impliqué de manière significative dans la conception et l’évaluation des politiques », soulignent ainsi les auteurs.

Une nouvelle gouvernance et des nouveaux objectifs

Le rapport propose des bases de construction d’une nouvelle gouvernance, avec par exemple la création d’un poste de vice-président de la Commission européenne pour des systèmes alimentaires durables, ou encore la création d'un Conseil de politique alimentaire de l'Union européenne. A partir de là, cinq objectifs clés pour arriver à des systèmes alimentaires durables sont définis : garantir l’accès à la terre, à l’eau et à des sols en bonne santé ; reconstruire des agroécosystèmes sains et résistants au changement climatique ; promouvoir une alimentation suffisante, sainte et durable pour tous ; mettre en place des chaînes d’approvisionnement plus équitables, plus courtes et plus propres ; et enfin mettre le commerce au service du développement durable. Ainsi, par exemple, les experts proposent-ils sur le court terme de « conditionner le financement de la PAC à la définition d’objectifs nationaux de réduction de l’utilisation d’antibiotiques et à une application renforcée des réglementations relatives aux médicaments vétérinaires et aux aliments médicamenteux ». Et sur le long terme,  « d’éliminer le recours routinier aux intrants chimiques et d’introduire des limites de densité du bétail (animaux/hectare) conformément au règlement sur la production biologique ». Ils proposent aussi  de « consacrer au moins 50% des financements de la PAC de l’UE au Développement rural (P2) et d’introduire une «prime agroécologie» dans le P2 ».

Pour consulter le rapport complet, cliquez sur ce lien.

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L’IPES-Food est présidé par Olivier de Schutter, professeur de droit international à l’université de Louvain et rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation à l’Organisation des Nations-Unis (ONU) de 2008 à 2014, et Olivia Yambi, nutritionniste et ancienne représentante du Fonds des nations-unis pour l’enfance (UNICEF) au Kenya. Olivier de Schutter est le premier à avoir parlé d’agro-écologie à l’ONU, comme une solution pour la crise du système alimentaire mondial. 

Tanit Halfon
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