Un premier foyer d’influenza aviaire hautement pathogène en Corse - Le Point Vétérinaire.fr

Un premier foyer d’influenza aviaire hautement pathogène en Corse

Tanit Halfon | 17.11.2020 à 15:45:45 |
poulets
© istock-WDnet

La maladie a été détectée chez des volailles d’une jardinerie située en Haute-Corse, à proximité de Bastia. Tout la France métropolitaine passe désormais en risque épizootique « élevé » d’influenza aviaire.

La France a enregistré son premier foyer d’influenza aviaire hautement pathogène. Il s’agit de volailles du rayon animalerie d’une jardinerie, située en Corse, vers Bastia. La suspicion s’est faite à la suite de la constatation de mortalités anormales parmi les animaux. Le sous-type identifié est le H5N8. A ce stade, les analyses de laboratoire ont révélé une similitude avec l’une des souches circulant aux Pays-Bas.

Passage en risque « élevé »

Cette découverte a amené les autorités sanitaires à relever le niveau de risque. En effet, ce foyer est situé dans un couloir migratoire qui traverse le territoire métropolitain.

Ainsi, à compter du 17 novembre, c’est l’ensemble de la France métropolitaine qui passe en niveau de risque épizootique « élevé » (arrêté du 16 novembre 2020). Auparavant, seuls 46 départements étaient concernés par ce niveau de risque (arrêté du 4 novembre), tous les autres étant considéré à risque « modéré ».

De fait, les mesures suivantes s’appliquent à l’ensemble de la France métropolitaine, ainsi qu’à la Corse :

- claustration ou protection des élevages de volailles par un filet avec réduction des parcours extérieurs pour les animaux ;

- interdiction de rassemblements d’oiseaux (exemples : concours, foires ou expositions) ;

- interdiction de faire participer des oiseaux originaires de ces départements à des rassemblements organisés ;

- interdiction des transports et lâchers de gibiers à plumes ;

- interdiction d’utilisation d'appelants.

Par ailleurs, des mesures spécifiques ont été mises en place autour du foyer en Corse.

Premières déclarations en Belgique

Outre la France, la Belgique vient également de déclarer à l’OIE plusieurs cas d’influenza aviaire hautement pathogène. C’est le compartiment sauvage qui est touché avec 3 cas dans la province de Flandre-Occidentale (West-Vlaanderen). Le premier date du 4 novembre et concerne 3 cygnes tuberculés (Cygnus olor) retrouvés morts à Ostende. Le deuxième date du 7 novembre et concerne un courlis cendré (Numenius arquata) retrouvé mort également, à Wilskerke. Enfin, le 3ième cas date du 7 novembre et concerne une oie rieuse (Anses albifrons) trouvée morte à Bredene. Ces 3 villes sont voisines, et situées sur le littoral. Elles sont très proches de la frontière avec les Pays-Bas.

Par ailleurs, d’après l’arrêté du 16 novembre, il y aurait également un premier foyer en élevage mais à l'heure de la rédaction de l'article, cela n’avait pas encore été notifié à l’OIE.

Comme en France, les autorités sanitaires ont rendu obligatoires plusieurs mesures de lutte. Depuis le 1er novembre, les mesures à appliquer étaient les suivantes :

- Les volailles d’exploitations avicoles enregistrées doivent être confinées ou protégées de façon à éviter les contacts avec les oiseaux sauvages ;

- Le nourrissage et l’abreuvement de volailles et des autres oiseaux captifs doit se faire à l’intérieur ou de façon à rendre impossible le contact avec les oiseaux sauvages ;

- Il est interdit d’abreuver les volailles et les autres oiseaux captifs avec de l’eau de réservoirs d’eaux de surface ou l’eau de pluie accessibles aux oiseaux sauvages, à moins que cette eau ne soit traitée pour garantir l’inactivation des virus éventuels.

Depuis le 15 novembre, ces mesures ont été renforcées :

- Toutes les volailles et tous les oiseaux, en ce y compris les pigeons, des exploitations avicoles et des détenteurs particuliers doivent être confinées ou protégées de façon à éviter les contacts avec les oiseaux sauvages. Cette mesure n’est pas d’application pour les ratites ;

- Tous les rassemblements (expositions, concours, marchés) de volailles et d’oiseaux sont interdits, à la fois pour les professionnels et les particuliers.

Une dynamique virale en Europe de l’ouest

La France est en alerte depuis cet été. En effet, le virus circule activement en Europe de l’est, en Russie et au Kazakhstan, la très grande majorité des foyers et cas détectés se situant dans une zone correspondant à un couloir de migration, « dans lequel ont été précédemment détectés des cas d’IAHP sur de l’avifaune sauvage, qui avaient ensuite été suivis par des panzooties d’IAHP allant jusqu’en Europe et Afrique/Moyen Orient (2006, 2009, 2016…) » (source plateforme ESA). Dans ce contexte, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) avait alerté au début du mois d’octobre sur ce risque et appelé à un renforcement des mesures de surveillance de la faune sauvage et de biosécurité. « Lorsque l’IAHP avait été détectée dans la même région de Russie au cours des étés 2005 et 2016, des épidémies avaient suivi dans le nord et l'est de l'Europe. Si le schéma se répète cette année, on s'attend à ce que l’IAHP arrive dans les mêmes régions d'Europe en automne ou en hiver. Une dissémination ultérieure dans les pays du sud et de l'ouest de l'Europe est également possible », indiquait-elle.

Cette alerte s’est révélée très juste, puis le 21 octobre dernier, les Pays-Bas déclarait leur premier cas sur deux cygnes dans la zone d’Utrecht. Depuis, d’autres pays ont été touchés, à savoir l’Allemagne, le Danemark, le Royaume-Uni, l’Irlande, et maintenant donc, la France et la Belgique. La maladie n’est pas cantonnée au compartiment sauvage . Ainsi, ce sont 4 élevages qui ont été touchés en Allemagne, 3 au Pays-Bas, 2 au Royaume-Uni et 1 en Belgique.

Attention aux déplacements locaux

Selon l’Office français de biodiversité, « les cas d’influenza aviaire déclarés aux Pays-Bas et en Allemagne sont tout-à-fait cohérents avec les couloirs de migrations en lien avec les cas précédemment déclarés en Russie et au Kazakhstan ». Par ailleurs, il rappelle que la France est concernée par ces migrations avec un « pic d’arrivées migratoires qui a souvent lieu en novembre chez de nombreuses espèces d'anatidés ».

Les oiseaux peuvent également se déplacer plus localement, et en dehors des couloirs de migration. « Outre ces mouvements selon des trajets et à des périodes assez prévisibles, les anatidés sont aussi très mobiles durant la totalité de leur période d'hivernage, se déplaçant facilement entre régions voire entre pays en fonction des disponibilités alimentaires et des conditions météorologiques. Il est donc nécessaire de rester vigilants jusqu'à leur départ en migration prénuptiale vers le nord-est, en fin d'hiver/début du printemps », indique l’OFB.

Tanit Halfon
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