Transmission expérimentale du SARS-CoV-2 entre chats - Le Point Vétérinaire.fr

Transmission expérimentale du SARS-CoV-2 entre chats

Anne-Claire Gagnon | 18.05.2020 à 14:27:51 |
chat infection experimentale sars cov 2
© DmyTo - iStock

Des chats indemnes ont été hébergés avec des chats infectés expérimentalement. Le virus a été détecté chez l’ensemble des chats au bout de 6 jours.

Une équipe de l’Université du Wisconsin-Madison (Etats-Unis) a souhaité étudier la transmission du SARS-CoV-2 entre chats, sur 6 jeunes chats (15 à 18 semaines), hébergés par 2, au sein d’un laboratoire P3, dans des tout petits box pour la première journée post-inoculation. Cette étude publiée en correspondance à l’éditeur reprend dans ses grandes lignes la méthodologie d’une précédente publication chinoise.

Transmission possible sans signes cliniques détectés

Trois chats ont été infectés expérimentalement sous anesthésie générale, par les voies nasale, trachéale, orale et oculaire, avec des charges virales importantes connues. Chats infectés et chats contaminés ont fait l’objet d’écouvillonnages nasaux et rectaux quotidiens pendant 10 jours pour des titrages viraux et de tests sérologiques (ELISA). Aucun des chats n’a présenté de signes cliniques (absence de conjonctivite, d’hyperthermie, de perte de poids). Dès le premier jour post-inoculation, la présence du virus a été constatée uniquement dans le nez (tous les écouvillons rectaux étaient négatifs) pour 2 des 3 chats inoculés expérimentalement, avec des détections intermittentes pour l’un des chats. La charge virale a culminé à 4,5 log10. La détection du virus a cessé au 6ème jour post-inoculation.

Excrétion virale courte

Les chats indemnes ont été hébergés le premier jour avec les chats infectés et la détection virale a été possible dès le 3ème jour pour l’un des chats et pour tous au 6ème jour. La durée de détection du virus a été de 4 à 5 jours, la présence du virus n’étant plus détectable au-delà du 9ème jour après la mise en contact. L’excrétion virale, même après inoculation expérimentale à des doses importantes, ne dépasse pas 6 jours. Tous les chats ont présenté des titres d’IgG entre 1 : 5120 et 1 : 20480 au 24ème jour post-inoculation.

Des études de terrain en cours

Comme à l’École nationale vétérinaire d’Alfort et à l’École nationale vétérinaire de Toulouse, des études sont en cours, à l’Université de Madison, en collaboration avec les praticiens vétérinaires pour évaluer le statut virologique et sérologique des animaux de compagnie au foyer de patients Covid-19. D’un point de vue épidémiologique, il serait intéressant de savoir si les propriétaires d’animaux de compagnie ont eu la même prévalence d’atteinte par la Covid-19 que les non-propriétaires, encore faudrait-il que les autorités sanitaires se préoccupent de ce paramètre. Le très faible nombre de cas répertoriés sur la planète ne doit pas modifier la conduite des vétérinaires vis-à-vis de leurs patients félins. Comme le rappelait récemment le professeur Vanessa Barrs (City-University de Hong-Kong), le danger vient des propriétaires (ainsi que de nos collègues et fréquentations), pas de nos patients. Restons donc vigilants sur les gestes barrières.

 

Anne-Claire Gagnon
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