Une étude du RVC révèle que les anomalies du bec, les griffes trop longues et les déformations de la carapace sont les troubles de santé les plus fréquents chez les tortues de compagnie au Royaume-Uni.
Les chéloniens représentent le huitième groupe d'animaux de compagnie le plus répandu au Royaume-Uni. 1,8 % des ménages britanniques possédant au moins une tortue*. Peu d'informations ont été publiées sur les troubles enregistrés chez les chéloniens de compagnie. Une étude du Royal Veterinary College (RVC) de Londres (Royaume-Uni), la plus grande de ce type sur ces animaux, vise à mieux connaître la démographie, les troubles couramment enregistrés et les causes de la mort des chéloniens soignés dans des cliniques vétérinaires généralistes au Royaume-Uni et adhérentes au programme VetCompass (données de l'année 2019).
Une grande majorité de tortues terrestresSur 2 040 chéloniens examinés, 1 923 (94,26 %) sont des tortues terrestres, 74 (3,63 %) des tortues aquatiques (eau douce) et 43 (2,11 %) des tortues marines. Parmi les 811 (42,17%) tortues pour lesquelles des informations sur les espèces sont enregistrées, les plus communes sont les tortues d'Hermann (Testudo hermanni) (311, 38,35%), les tortues de Horsfield (Testudo horsfieldii) (259, 31,94%) et les tortues grecques (Testudo graeca )(154, 18,99%). Parmi les espèces de tortues aquatiques, 17 (0,83%) sont des tortues musquées (Sternotherus spp.) et 9 (0,44%) des tortues à ventre jaune (Trachemys scripta scripta). Sur les 2 040 animaux de l’étude, 1 047 (51,32 %) sont des mâles, le sexe n'ayant pas été enregistré pour 234 d’entre eux (11,47 %). L'âge médian est de 9,31 ans (écart interquartile : 3,99 à 25,40).
L’origine de la mort peu connueChez les tortues terrestres, les troubles les plus courants sont une anomalie du bec (n = 340, prévalence 17,68 %), des griffes trop longues (n = 229, prévalence 11,91 %) et une anomalie de la carapace (n = 186, prévalence 9,67 %). Chez les tortues aquatiques, les anomalies de la carapace (n = 10, prévalence 13,51 %) et du plastron (n = 6, prévalence 8,11 %) sont les plus fréquentes. La plupart de ces troubles sont visibles de l'extérieur et facilitent donc la reconnaissance et le diagnostic. Ils correspondent souvent à des pratiques d'élevage inappropriées, mais peuvent également être liés à des maladies internes qui sont plus difficiles à diagnostiquer chez ces espèces.
Si les causes de la mort sont majoritairement de cause inconnue (dans 44,55% des cas), les morsures de chien (5,45%) et une « anorexie » (3,96%) sont les deux origines répertoriées. Sur les 178 tortues dont l'âge de la mort a été enregistré, l'âge médian au moment du décès est de 7,32 ans (écart interquartile : 2,50-15,14). Ce jeune âge suggère que beaucoup de ces animaux meurent prématurément, puisque certaines espèces de tortues terrestres peuvent vivre jusqu'à 100 ans, indiquent les auteurs.
Une méconnaissance des espècesLe fait que pour 58,43% des chéloniens, l’espèce ne soit pas enregistrée dans les données de la clinique indique qu’ « il existe soit une méconnaissance généralisée des différentes espèces de chéloniens, soit que les cabinets vétérinaires ne consignent tout simplement pas ces informations. (...) Cette méconnaissance des espèces traitées expose leurs conseils au risque d'être non seulement erronés, mais aussi potentiellement dangereux, alertent les auteurs. Par exemple, la tortue de Horsfield hiberne naturellement, tandis que la tortue sillonnée n'hiberne jamais à l'état sauvage. L'incapacité à distinguer ces deux espèces pourrait entraîner des conseils vétérinaires erronés concernant l'hibernation ».
Mieux former les vétérinaires« Certains troubles enregistrés comme causes de décès, tels que l'azotémie et les affections abdominales, ne correspondent pas à une pathologie reptilienne. En raison de l'anatomie et de la physiologie spécifiques des chéloniens, ces termes sont techniquement inappropriés pour le diagnostic chez les reptiles (...), poursuivent-ils. Les résultats soulignent la nécessité de renforcer la formation des équipes vétérinaires sur la médecine des chéloniens et la reconnaissance des espèces afin d'accroître la confiance clinique dans la reconnaissance et le traitement efficace de ces patients ».
L'article complet (en anglais) est disponible ici.
*la détention des tortues est soumise à un cadre légal en France