Sars-CoV-2 : une forte suspicion de transmission du chat à l’humain - Le Point Vétérinaire.fr

Sars-CoV-2 : une forte suspicion de transmission du chat à l’humain

Anne-Claire Gagnon

| 13.06.2022 à 15:39:00 |
© iStock-charliepix

Cet évènement vient d’être dévoilé par le bureau des CDC, agence américaine de santé publique. Il concerne un chat de compagnie qui aurait été contaminé par ses propriétaires, et qui aurait ensuite transmis le virus à un vétérinaire, en Thaïlande, durant l’été 2021.

Le CDC d’Atlanta (pour Centers for disease control and prevention) va publier en Juillet un cas clinique montrant la très forte probabilité de contamination par le SARS-CoV-2 d’une vétérinaire par un patient félin, la chatte ayant été elle-même contaminée par ses deux propriétaires. A ce stade, une pré-publication sur le site de l’Agence américaine de santé publique a été dévoilée.

Une contamination rapide de l’humain au chat, puis au vétérinaire

La jeune consœur a consulté pour un épisode de fièvre, avec écoulement nasal et toux productive le 15 août 2021, 5 jours après avoir examiné avec 2 confrères, la chatte de deux patients atteints du COVID-19. Le père et son fils avaient été transférés de Bangkok à Songkhla (900 kms de là, 20H de voyage, en voiture), faute de lits disponibles sur place. Ils avaient été placés en isolement, testés et confirmés SARS-CoV2 (variant Delta, peu présent localement) le 8 août. Leur chatte, qui dormait avec eux auparavant, a été isolée et vue en consultation le 10 août par 3 vétérinaires (équipés de gants et masques). Son état général était bon, et c’est la jeune vétérinaire qui a réalisé l’examen clinique et les prélèvements (écouvillon nasal et rectal), la chatte étant maintenue par les 2 autres vétérinaires. L’ensemble du contact n’a duré que 10 minutes mais la réalisation du prélèvement nasal a fait éternuer la chatte, à proximité des visages des vétérinaires (sans lunettes de protection). La vétérinaire a présenté des signes cliniques 3 jours après mais n’a consulté que lorsque les prélèvements du chat sont revenus positifs. Elle a été isolée dans le même hôpital que les deux propriétaires et le statut positif de la chatte a incité l’hôpital à l’autoriser à partager l’isolement avec ses propriétaires.

Un même SARS-CoV-2, avec une bonne issue clinique pour les individus infectés

L’enquête épidémiologique menée dans l’hôpital vétérinaire a identifié un vétérinaire ayant eu de la fièvre un jour avant que la chatte ne vienne en consultation, confirmé COVID-19 le 13 août. Ce vétérinaire n’avait eu aucun contact avec les 3 vétérinaires ayant été en contact avec le chat.

L’analyse génomique ultérieure a montré que c’était le même SARS-CoV-2 pour les deux propriétaires symptomatiques, leur chatte non clinique et la jeune vétérinaire symptomatique, ce qui rend fortement probable la contamination de cette vétérinaire par ce patient félin, malgré les précautions de manipulation prises.

Le SARS-CoV-2 est bien un virus potentiellement zoonotique, qui doit inciter le propriétaire infecté à protéger ses contacts avec son chat (et ses autres animaux de compagnie) pendant la phase d’infection, et le vétérinaire qui l’examine à ajouter des lunettes de protection au masque (FFP2, bien ajusté pour éviter les fuites latérales), gants et blouse jetables.

SILA T., et al., « Suspected cat-to-human transmission of SARS-CoV-2, Thailand, July–September 2021», Emerg Infect Dis. 2022 Jul, DOI : 10.3201/eid2807.212605

Plus d’informations dans le prochain numéro 1950 de La Semaine Vétérinaire.

Anne-Claire Gagnon

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