SARS-CoV-2 : attention aux études alarmistes chez les animaux - Le Point Vétérinaire.fr

SARS-CoV-2 : attention aux études alarmistes chez les animaux

Anne-Claire Gagnon | 30.09.2020 à 10:22:57 |
Mike Lappin, président du Comité « Une Santé » de la WSAVA
© WSAVA

Les études s’intéressant au rôle épidémiologique des animaux vis-à-vis de la Covid-19 peuvent être contradictoires et nécessitent d’être interprétées avec recul.

Avec le SARS-CoV-2, les publications sont aussi intéressantes que le traitement médiatique qui en est fait, y compris par les scientifiques. Alors que seuls 18 cas (4 chiens, 6 chats, 8 grands félidés) et une ferme de visons ont été décrits (étayés par des publications), certains scientifiques, comme dans une récente étude française,  parlent de « several cases of mil infection », jouant sur les mots et entretenant l’angoisse par une conclusion alarmiste dans leur résumé (« our results highlight the potential of pets in the spread of the epidemic ») , souvent la seule partie lue et rapportée par les journalistes.

Infection n’est pas synonyme d’excrétion

Rappelons donc les bases. La propagation de l’épidémie de Covid-19 se fait par l’excrétion virale, avec une charge suffisante. Or, à ce jour, si plusieurs études démontrent par la présence d’anticorps que les animaux de compagnie ont bien été infectés par le contact avec le SARS-CoV-2 excrété par leurs propriétaires malades, très peu d’études ont pris la peine de quantifier la charge virale des animaux de compagnie. La récente étude française n’a étudié que le statut sérologique chez 13 chiens et 34 chats, vivant auprès d’humains Covid-19, 8 fois plus souvent positifs que pour leurs congénères vivant dans des foyers au statut Covid non déterminé. Le statut d’excréteur viral n’a pas été recherché pour ces animaux, les prélèvements ayant été réalisés plusieurs semaines après la confirmation de la Covid-19 chez leurs propriétaires.

32 millions d’humains touchés, peu de cas rapportés chez les animaux

A l’inverse, l’observation rigoureuse et documentée de deux chats espagnols, appartenant à un patient décédé de la Covid, apporte un éclairage complet, en phase avec la situation épidémiologique actuelle, avec aujourd’hui près de 32 millions de cas dans le monde, dont 24 millions de guérisons et 1 million de morts, et si peu de cas cliniques chez les animaux de compagnie des propriétaires malades, comme l’a souligné récemment le dernier webinaire de la WSAVA. Les deux chats de cette étude ont été confiés à un proche, cliniquement souffrant également. Le premier chat présente rapidement une détresse respiratoire qui le conduit chez le vétérinaire. Une thrombocytopénie importante et une anémie modérée sont identifiées. Sur la radiographie, une bronchopneumonie interstitielle bilatérale est notée. Le pro-BNP est positif, l’insuffisance cardiaque est confirmée par une échocardiographie. La détérioration rapide de son état clinique conduit l’équipe vétérinaire à recommander une euthanasie. Son autopsie est pratiquée dans un laboratoire P3. Les causes de ses symptômes sont dus à une cardiomyopathie, sans atteinte respiratoire liée au SARS-CoV-2, dont il est cependant porteur. Le typage génétique montre 99,97% de similitude avec le SARS-CoV-2 de son propriétaire, donc une forte suspicion de contamination humain-chat. Le niveau d’anticorps est très élevé, montrant une réaction immunitaire efficace, et aucune lésion dans les poumons ni les intestins, où pourtant le virus a été identifié dans les ganglions mésentériques. Aucune présence d’élément viral n’est détectable chez le second chat, malgré un niveau d’anticorps aussi élevé que son congénère.

De nouvelles méthodes de dépistage dans les fluides pourraient prochainement faciliter les examens, avec la recherche virale dans la salive, un crachat ou gargarisme avec le MALDI-ToF, une machine particulièrement adaptée pour reconnaître sans faille les protéines virales.

 

Photo : Mike Lappin, président du Comité « Une Santé » de la WSAVA a rappelé mi-septembre qu’à ce jour les très rares animaux de compagnie contaminés par leurs maîtres avaient présenté peu ou pas de signes cliniques, sans nécessité de prise en charge thérapeutique.

 

Anne-Claire Gagnon
1 commentaire
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spez animal + animalité le 02-10-2020 à 14:57:27
Toute la différence entre le laboratoire de recherche et le monde réel...
Et je vous déconseille de lire les publications des généticiens, c'est déprimant bien que la génétique soit une discipline pleine de ressources.
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