Royaume-Uni : une majorité de vétérinaires refuse de se faire porter pâle - Le Point Vétérinaire.fr

Royaume-Uni : une majorité de vétérinaires refuse de se faire porter pâle

Bénédicte Iturria | 06.12.2019 à 09:00:00 |
Vétérinaire malade
© Istock-humonia

Près de deux tiers des vétérinaires britanniques ont travaillé quand ils étaient malades au cours de l’année écoulée. Tel est le constat d’une enquête réalisée par la British Veterinary Association (BVA) et à laquelle ont répondu plus de 1300 confrères.

Les résultats de ce sondage intitulé « la voix de la profession vétérinaire » ont été publiés le 5 novembre 2019 : 63 % de l’ensemble des vétérinaires se sont ainsi rendus sur leur lieu de travail alors qu’ils ne se sentaient pas bien. Le pourcentage était de 69 % pour les vétérinaires remplaçants, 64% pour les salariés et de 57 % pour les associés et ceux exerçant à titre individuel. Ce présentéisme est plus courant chez les vétérinaires praticiens, 65 % contre 51 % pour les non cliniciens. Dans tous les secteurs, plus de la moitié des vétérinaires ont déclaré avoir travaillé quand ils étaient malades. Près d’un vétérinaire sur cinq (18 %) interrogé a affirmé ne pas prendre d’arrêt maladie, car l’idée de se faire porter pâle le rendait mal à l’aise. Cet embarras est plus fréquent chez les jeunes vétérinaires (25 % des moins de 35 ans contre 19 % des 35 à 54 ans et 8 % des plus de 55 ans) et chez les femmes (21 % par rapport à 11 % des hommes vétérinaires). Le sondage a aussi révélé que parmi les vétérinaires ayant pris un congé maladie, 29 % se sont sentis à l'aise de le faire alors que 25% ne l’ont pas toujours été. 16% des confrères ont aussi déclaré ne pas prendre d’arrêt maladie mais que cela ne leur poserait pas de problème si cela était nécessaire. 

Les principales raisons invoquées pour ne pas s'absenter du travail sont l'inquiétude quant à l'impact sur les collègues et la préoccupation de « laisser tomber l'équipe ». Un répondant a dit : « parce que je laisserais la clinique en sous-effectif et que les vétérinaires restants seraient par conséquent obligés de travailler beaucoup plus dur et plus longtemps ». Pour un autre confrère : « être malade n'est pas une option. La clinique est à court de personnel ». Les sondés ont également signalé une culture du travail en dépit de la maladie. L'un d'eux a par exemple déclaré : « l’industrie vétérinaire dans son ensemble a une politique consistant à s’absenter uniquement si l’on est mourant ».  Un confrère a aussi expliqué avoir eu le sentiment d’être jugé pour s’être absenté, même en étant aphone et incapable de consulter. Quelques vétérinaires ont évité de prendre un congé pour des raisons financières car ils ne recevaient pas ou peu d’indemnités maladies. 

Face à ce constat, la BVA tire la sonnette d’alarme. Pour l’association, il est plus judicieux qu’un professionnel reste à la maison quand il est malade. Le présentéisme pose en effet des risques pour la santé des vétérinaires et de leurs clients et peut nuire à long terme au bien-être du praticien. « Nous savons que les pénuries de personnel exercent une pression énorme dans les cliniques vétérinaires. Aucun d’entre nous ne veut vraiment laisser tomber ses collègues, mais le présentéisme ne fait qu’accumuler davantage de problèmes à venir », a déclaré la présidente de la BVA, Daniella Dos Santos. « Il est particulièrement inquiétant que certains de nos collègues se sentent obligés de travailler quand ils sont malades, en particulier les plus jeunes. La profession a fait d’énormes progrès en reconnaissant les problèmes liés à la santé mentale et en se soutenant les uns les autres. Cela devrait être la même chose pour les problèmes de santé physique ». La BVA rappelle à tous les vétérinaires qu’ils ont le droit de ne pas se rendre au travail s’ils ne se sentent pas assez bien et que tout problème doit être discuté avec les responsables.

Bénédicte Iturria
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