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Répondre aux besoins du chat confiné

Tanit Halfon | 08.04.2020 à 15:44:00 |
chat
© iStock-Konstantin Aksenov

Confiner un chat dans une habitation implique de bien répondre à ses besoins comportementaux, via l’enrichissement de son environnement. Pour certains individus, ce changement pourrait amener à des situations de frustration et mal-être.

Selon l’Académie vétérinaire de France, dans ce contexte de crise, l’animal de compagnie doit être considéré comme un membre de la famille et le même niveau de précaution et de confinement est à appliquer, pour prévenir les contacts avec une personne malade ou suspectée de Covid-19. De plus, si une personne du foyer est contaminée, il est recommandé « d’éviter si possible la sortie des chats du domicile. » Peut-on vraiment confiner un chat, surtout s’il avait un accès permanent à l’extérieur ? Le point avec Caroline Gilbert, professeure d’éthologie fondamentale et appliquée à l’école nationale vétérinaire d’Alfort.

> Que conseiller aux propriétaires de chat ayant accès habituellement à un extérieur pour que la vie en confinement se passe le mieux possible ?

Tout d’abord, le premier des conseils à donner est de respecter les gestes barrières, notamment se laver les mains très régulièrement, en particulier après une interaction avec son animal, et limiter les contacts entre une personne infectée et son animal, le temps que l’excrétion virale rétrocède. Avant même d’en arriver à envisager un confinement, l’objectif est bien que le chat ne soit pas contaminé. Ceci étant-dit, je dirais qu’on pourrait envisager un confinement dans les zones à risque, avec une forte densité de population, et donc une plus grande probabilité de rencontre entre le chat et d’autres personnes. Par contre, la question se pose pour les zones rurales : le risque est bien moindre. Par ailleurs, la transmission entre chats n’a pas été prouvée.

Si on confine, il faudra répondre aux besoins comportementaux du chat et donc adapter l’environnement afin qu’il ait accès à des activités qu’il avait l’habitude de faire à l’extérieur. En pratique, il s’agit d’enrichir l’environnement d’objets en mouvement, par exemple suspendre des jouets aux poignées de porte, et aussi programmer des séquences de jeux. Il faut également donner à l’animal un accès visuel à l’extérieur afin qu’il conserve une activité d’observation de son environnement. En cas d’accès possible à une terrasse, ne pas oublier de la sécuriser. Enfin, il faudra privilégier des endroits calmes de la maison pour les zones de repos, d’alimentation et d’élimination (litière). Ces adaptations ne suffiront clairement pas pour certains individus. Le risque est qu’ils manifestent de la frustration et présentent des signes de mal-être : par exemple, miaulements, augmentation de l’activité, comportements anormaux tels qu'une augmentation de la prise alimentaire, voire du pica, ou des comportements répétitifs de léchage et de grattage. Un animal frustré est plus irritable et le risque est d’observer une augmentation des agressions voire des attaques par prédation. Dans tous les cas, il faut absolument ne pas punir l’animal au risque de voir la relation avec le propriétaire se dégrader et donc d’exacerber le risque d’agressions.

Attention au cas particulier avec la présence d’un chien ou d’autres chats : il faut bien organiser l’environnement intérieur afin de placer les ressources d’alimentation, de boisson, la(es) litière(s), les lieux de couchage en accès libre, et que le chat puisse accéder à ces lieux lorsqu’il le souhaite et sans aucune restriction d’accès. Par exemple les placer en hauteur en cas de cohabitation avec un chien, ne pas fermer les portes, ne pas placer les ressources dans des lieux très fréquentés par la famille en cas de chat plutôt craintif.

> Avoir son propriétaire voire une famille au complet dans la maison pourrait-il poser un problème ?

Là encore, cela dépend des chats. Cette situation sera bénéfique pour ceux qui sont demandeurs d’interactions. Pour les chats peu tolérants aux interactions, il faudra les laisser tranquilles, répondre à leurs demandes d’interactions et ne pas trop les solliciter, et en particulier faire attention avec les enfants. Et puis appliquer toutes les recommandations et gestes barrière dont on vient de parler. Attention aussi à ce que le propriétaire ne dissémine pas trop d’objets potentiellement ingérables par le chat à la maison, au risque d’en arriver à des cas de corps étrangers ou d’intoxications.

> Comme préparer la sortie de confinement ?

Ce n’est a priori pas spécialement un problème pour un chat, excepté ceux qui sont très familiers de l’humain et pour lesquels il pourra y avoir un manque d’interactions.

Tanit Halfon
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